ÇA Y EST, Tahiti a vécu une large campagne de pulvérisation du deltaméthrine un peu partout, vu la progression rapide et erratique de l’épidémie du chikungunya : plus de 50 000 cas dont 9 morts en l’espace seulement de trois mois depuis les premiers cas de Teva I Uta.
Les autorités sanitaires ont décidé de pulvériser un peu partout cet insecticide. Maintenant, on nous fait comprendre qu’on n’a plus vraiment le choix : C’est soit le deltaméthrine (produit qui serait recommandé par l’Organisation mondiale de la santé – OMS) avec toutes les conséquences catastrophiques sur notre éco-système ;
Soit l’épidémie de dengue, de zika hier et maintenant de Chikungunya. Hélas, on a subit les deux !
Le recours à la pulvérisation de deltaméthrine me fait rappeler quelqu’un qui, avec son tuyau d’arrosage essaye d’éteindre avec de « l’eau toxique », un grand feu de brousse qu’est le chikungunya.

Certes, les pulvérisations du deltaméthrine sont utilisées comme moyen de dernier recours pour essayer de contenir tous les débuts de foyers d’infection rencontrés ici ou là sur le terrain. Mais c’est une course perdue d’avance contre la capacité de prolifération du moustique et de sa transmission du virus.
Les entomologistes (ou spécialistes en insectes) du pays savent très bien que le recours aux pulvérisations de deltaméthrine n’est pas la bonne solution à terme pour combattre le moustique Aedes aegypti vecteur de maladies. Le comble, c’est l’effet pervers qui est en train de se produire : plus on pulvérise le deltaméthrine plus le moustique renforce sa résistance à cet insecticide.
Résistance aux pesticides
C’est exactement ce qui se passe avec le moustique Anophèles vecteur du paludisme. Voici un passage tiré du Rapport 2014 de l’OMS POINTS ESSENTIELS sur le paludisme dans le monde : « L’efficacité de la lutte antivectorielle est menacée par la résistance que les moustiques vecteurs de la maladie développent par rapport aux insecticides utilisés dans les MII et la PID. Sur les 65 pays ayant communiqué des données de suivi pour la période 2010-2013, 53 ont signalé une résistance à au moins une classe d’insecticides, et 41 à deux classes au moins. En 2013, c’est la résistance aux pyréthoïdes qui est la plus fréquente, les deux tiers des pays ayant réalisé un suivi ont en effet fait état d’une résistance à cette classe d’insecticides.«
Quant à l’Institut [français] de Recherche pour le Développement (IRD) voici ce qu’on pouvait lire sur leur site web (accédé le 17-12-2014) : « Paludisme : des moustiques vecteurs en perpétuelle adaptation – Les uns développent des résistances. Les autres modifient leur comportement. Les moustiques vecteurs du paludisme, les anophèles, trouvent toujours un moyen de déjouer les tentatives des humains pour se protéger de la maladie. Des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires révèlent leur grande capacité d’adaptation, qui met à mal les stratégies de lutte recommandées par l’OMS. Un essai clinique mené dans une trentaine de villages béninois montre que la combinaison de moustiquaires imprégnées de deltaméthrine avec des pulvérisations intra-domiciliaires d’un autre puissant insecticide n’a pas permis, après 18 mois, de faire reculer la maladie. Ni le nombre de cas ni la prévalence de l’infection chez les jeunes enfants n’ont été réduits comparé à l’usage de moustiquaires seules. Dans certaines localités, l’introduction de ces dernières a induit un changement des habitudes alimentaires des Anopheles, qui piquent d’ordinaire la nuit. Ils sévissent dès lors à l’extérieur des habitations au lever du jour. L’efficacité à long terme des actions de prévention et de lutte actuelles est donc remise en question. Les scientifiques doivent à nouveau faire preuve d’innovation pour espérer éliminer un jour la maladie… ».
Donc, non seulement on est en train de s’autodétruire avec le deltaméthrine, mais le moustique a déjà une longueur d’avance sur nous ; il produira un gène (code GSTe2) qui va lui permettre de résister à la toxicité du deltaméthrine. Ce sont les scientifiques de la première école de médecine tropicale au monde (la « Liverpool School of Tropical Medicine » en Angleterre), qui l’ont découvert.
A ce sujet, je suggère aux lecteurs de TPM d’appeler l’Institut Louis Malardé (ILM) pour savoir si leurs entomologistes ont eux-mêmes testé cette résistance aux insecticides pour nos moustiques ici ! Je connais la réponse, mais je les laisse faire leur propre enquête !
Je suis tenté d’assimiler les pulvérisations du deltaméthrine au cas notoire de l’insecticide du nom bizarre Dichlorodiphényltrichloroéthane ou communément appelé DDT qui était utilisé durant les années 1940, pour combattre le fameux moustique Anophèles, vecteur du paludisme (Malaria pour les Anglo-Saxons). Cette maladie cause toujours beaucoup de souffrance humaine. Le Rapport 2013 sur le paludisme dans le monde demande un financement durable, car on compte encore quelque 207 millions de cas dans le monde et plus de 3 milliards de personnes sont toujours exposées à ce risque.
Le paludisme représente une telle “charge mondiale de morbidité” (« Global burden of disease » pour les Anglo-Saxons) que les conséquences économiques et sanitaires sont un véritable frein au développement de certains pays de l’hémisphère sud.
Philanthropie massive…
L’homme le plus riche de la planète, Bill Gates avec sa fondation « Bill & Melinda Gates » a déclaré la guerre au moustique vecteur de maladie dans son allocution du 17 octobre 2007. Sa fondation à la date du 30 juin 2013 disposait d’un fonds de dotations (financial endowment) de 3 677 milliards Fcfp (US$ 38,3 billions).

Pour ceux qui ne connaissent pas le mécanisme financier, un « fonds de dotation » représente une somme ou un capital que l’on place pour rapporter un rendement financier. On ne touche pas au « capital » initialement placé. C’est seulement son rendement financier qui est dépensé sous forme de dons pour servir la cause humanitaire des Gates.
Donc si on prenait par exemple un rendement hypothétique de 8% par an de ce placement diversifié, cela donnerait plus de 294 milliards Fcfp à dépenser sous forme de dons, sans consommer le capital initial de 3 677 mil-liards Fcfp !
Selon Wikipédia, ces dons annuels seraient supérieurs aux dépenses de l’OMS. Merci donc à ce fervent du capitalisme.
Pour revenir au DDT des années 1940, cet insecticide était considéré comme le remède miracle (ou silver bullet) selon l’OMS. Il était tellement efficace contre le moustique Anophèles, qu’il y avait même ceux qui disaient : ne pas vite traiter au DDT était contraire à l’éthique mais qu’il fallait vite pulvériser au DDT pour sauver des vies.
Pour éviter de vous faire un long discours, j’ai préféré par paresse pragmatique vous reproduire ce qu’on peut lire sur le DDT :
« … Au début de la Seconde Guerre mondiale il est rapidement devenu l’insecticide moderne le plus utilisé, avec beaucoup de succès aussi bien militairement que civilement, dans les champs, dans les maisons et pour la lutte contre divers arthropodes vecteurs de maladie (paludisme, typhus exanthématique, peste bubonique, et également comme insecticide agricole. En 1948, le chimiste suisse Paul Hermann Müller (qui pourtant n’est pas l’inventeur du DDT) reçut le prix Nobel de médecine« pour sa découverte de la grande efficacité du DDT en tant que poison contre divers arthropodes ».
En 1962, la biologiste américaine Rachel Carson publia le livre Printemps silencieux (“Silent Spring”) accusant le DDT d’être cancérigène et reprotoxique (il empêche la bonne reproduction des oiseaux en amincissant la coquille de leurs œufs).

Ce livre créa un véritable tollé et fut à l’origine de divers mouvements écologiques. Il a encouragé des évaluations écotoxicologiques qui ont conduit –à partir des années 1970 – à interdire le DDT dans certains pays.
Ailleurs, son utilisation s’est poursuivie pour combattre des vecteurs de maladie, mais elle reste controversée (en tant que POPs, polluant persistant, et pour ses effets écosystémiques).
50 ans après l’appel de Rachel Carson, une étude d’histoire environnementale a analysé au Canada une couche de guano de martinets accumulé dans un dortoir utilisé par ces oiseaux de 1940 à nos jours. Elle a confirmé que le DDT a effectivement eu un impact considérable sur les oiseaux insectivores, en décimant un grand nombre des insectes dont ils se nourrissent (coléoptères notamment, leurs proies les plus nourrissantes)… »
Donc même l’OMS, étoffée des plus grands spécialistes, parfois « se plante ». Tout ça pour dire que ce n’est pas parce que le deltaméthrine est recommandé par l’OMS qu’il faut prendre cela pour parole d’évangile. Alors que faire ?
Ambiguïté
Aujourd’hui, on est dans cette situation dramatique qui était d’ailleurs prévisible, parce que le pays a peut-être voulu trop privilégier le « principe de précaution » ne pas risquer une décision rapide dans le choix des stratégies innovantes telles Oxitec et Wolbachia.
Or, on sait tous que le risque zéro n’existe pas en science ! D’ailleurs dans notre vie de tous les jours nous prenons aussi des risques sans nous en rendre compte. A un moment donné, basé sur la seule connaissance du moment, il faut bien prendre des risques surtout lorsqu’on sait que la meilleur façon d’échouer c’est de ne rien tenter de nouveau.
Lorsqu’on sait pertinemment que depuis des années le pays subit toutes ces maladies épidémiques à transmission vectorielles (dengue, zika, chikungunya, filariose lymphatique) et que rien d’innovant n’est tenté mais que l’on préfère mettre en œuvre toujours les mêmes techniques conventionnelles, alors je suis tenté de dire que cette option d’attente est une stratégie de « looser » !
Comme beaucoup de scientifiques, j’ai l’intime conviction que la solution pour gagner cette guerre contre ce moustique qui se prolifère facilement, se trouve dans la BIOTECHNOLOGIE; voir l’article scientifique PLOS PATHOGENS « Broad dengue neutralization in mosquitoes expressing an engineered antibody » (source MAJ au 22/11/20).
La mauvaise cible
A ce sujet, l’ILM a annoncé dans les médias la poursuite de ses recherches dans le moustique Aedes polynesiensis infecté au Wolbachia pour la lutte antivectorielle (LAV). Cela est une excellente nouvelle comparée à l’approche actuellement inefficace utilisant comme dernier recours, le Deltaméthrine toxique et polluant.
Or parmi les seize moustiques piqueurs en Polynésie française, l’Aedes polynesiensis, principal vecteur de l’endémie filarienne lymphatique, ne cause pas autant d’infections épidémiques que le virulent Aedes aegypti.
Donc à supposer que son efficacité soit prouvée dans plusieurs années, le moustique Aedes polynesiensis infecté au Wolbachia aura de toute manière moins d’impact sur les épidémies actuelles que l’effet immédiat du RIDL d’Oxitec qui élimine l’Aedes aegypti.
Les épidémies de dengue, de zika et de chikungunya ne concernent quasiment aucune population locale sur l’atoll privé de Tetiaroa. Il est donc dommage que nos populations actuellement touchées par la filariose lymphatique, la dengue, le zika et le chikungunya ne puissent pas bénéficier aussi du projet pilote en cours, de moustique Aedes polynesiensis infecté au Wolbachia.
Au niveau international, selon notre enquête, deux souches d’Aedes aegypti infectées au Wolbachia ont été testées en champs :
- La souche wMel : a démontré une capacité à s’établir ou à durer dans l’environnement mais fournit un plus faible blocage de la dengue que la souche wMelPop;
- La souche wMelPop : fournit un meilleur blocage de la dengue mais ne s’établit pas (ou n’arrive pas à durer) dans l’environnement;
Les essais en champs menés jusqu’à présent se sont concentrés sur le potentiel d’établissement (capacité à durer) de la souche dans l’environnement et le remplacement de la population sauvage non infectée.
La souche wMelPop ne semblant pas avoir la capacité à s’établir, les essais se concentrent maintenant sur la souche wMel. Pour l’instant, on ne connaît pas la fiabilité du blocage du virus une fois que les moustiques infectés sont libérés dans l’environnement.
Au niveau local, l’ILM avance depuis 2007 dans ses recherches pour le moustique Aedes polynesiensis infecté au Wolbachia. Après devoir prouver son efficacité à grande échelle, il est prévu un délai supplémentaire pour organiser avec d’autres partenaires étrangers potentiels, la production en masse de ces moustiques stériles.
Selon l’article de Tahiti-infos du 9 novembre 2014, « pour les grandes îles comme Tahiti, où l’urbanisation est nettement plus importante, et où l’Aedes aegypti abonde, l’expérience (de Tetiaroa) ne pourra pas être reproduite telle quelle ». Donc pour encore des années à venir, il reste à concevoir la production à l’échelle industrielle du moustique Aedes polynesiensis infecté au Wolbachia et à affiner son coût de production.
Nous sommes convaincus que le choix Oxitec pour éliminer l’Aedes aegypti et le l’approche Wolbachia (souche wolbB) pour contrôler l’Aedes polynesiensis est la combinaison la plus pragmatique.
A ce sujet, je tiens à rappeler que la fondation Bill & Melinda Gates a participé au financement initial d’Oxitec à l’Université d’Oxford UK et du Wolbachia à l’Université de Melbourne, Australie. Bill Gates a un principe fondamental. Tous ses dons doivent être transformés si possible par la suite en création d’entreprises privés. Pour lui, la priorité du développement économique, c’est l’initiative privée qui doit primer à long terme au détriment d’un grossissement de l’appareil administratif d’un pays.
Maintenant, en termes de priorité par rapport aux épidémies affectant actuellement Tahiti et aux stratégies innovantes disponibles, le choix de l’Aedes polynesiensis infecté au Wolbachia qui a été choisi par l’ILM doit être rapidement complété par l’approche RIDL d’Oxitec. Le Territoire est confronté à de sérieuses épidémies de dengue (4 types), de zika et maintenant de chikungunya à cause du vecteur principal l’Aedes aegypti qui est spécifiquement éliminé par le procédé RIDL d’Oxitec. Cette dernière approche qui est déjà en phase de déploiement industriel est la solution radicale pour éliminer immédiatement ce vecteur principal. Or le procédé biotechnologique RIDL d’Oxitec est déjà opérationnel au stade industriel.
Elimination des moustiques prouvée
Après la démonstration d’une réduction de près de 90% d’Aedes aegypti aux îles Caïmans et au Brésil, Oxitec a construit son usine « Oxitec do Brazil » de 240 m2 qui a ouvert en juillet 2014 au Technopark de la ville de Campinas, Brésil. Cette première unité a une capacité de production de 2 millions/semaine d’Aedes aegypti OX513A. C’est le modèle d’usine qui serait proposé pour traiter toute l’île de Tahiti.
Le directeur de l’Institut Memorial Gorgas, Panama, M. Nestor Sosa, a confirmé les premiers résultats de 94% d’élimination d’Aedes aegypti dans la ville de New Chorrillo Arraijan au Panama (Intervention télévisée TVN2 du 7 novembre 2014).
Donc nos populations locales qui subissent des épidémies à répétition sont en droit aussi de pouvoir bénéficier rapidement du procédé RIDL d’Oxitec pour éliminer l’Aedes aegypti.
Le mode opératoire en production industrielle est au point :
Une usine-laboratoire clé-en-main a été conçue pour être facilement implantée dans un simple hangar bien climatisé de 250 m2.

Comparé au projet de l’ILM sur Paea, son investissement coutera beaucoup moins que 731 millions Fcfp (La Dépêche du 13-11-14 « Moustiques de Tetiaroa, vos jours sont comptés »).

En revanche, son coût de production correspondra en majeur partie aux frais de fonctionnement d’une usine-laboratoire pour produire et lâcher des moustiques mâles Oxitec OX513A. Cette production peut être arrêtée à tout moment, en cas de succès dans l’éradication de l’Aedes aegypti. Le pays jugera si le coût global de ce projet sera moins élevé que les dépenses annuelles engendrées par toutes les épidémies à transmission vectorielle (dengue, zika, chikungunya, etc.).
Option pour démarrer sur les îles suivantes :
- Moorea : Environ 27 emplois créés pour produire et lâcher tout autour de l’île des dizaines de millions par an de « moustiques mâles Oxitec ». Durée du program-me de suppression : 14 mois
- Bora Bora : environ 14 emplois créés pour produire et lâcher tout autour de l’île des dizaines de millions par an de « moustiques mâles Oxitec ». Durée du program-me de suppression : 14 mois
- Option pour traiter tout Tahiti : environ 80 emplois créés pour produire et lâcher tout autour de l’île des centaines de millions par an de « moustiques mâles Oxitec ». Durée du programme de suppression : 4 ans.
Le procédé d’ingénierie génétique RIDL est maîtrisé. Le mécanisme agit sur le génome (du moustique) dont voici une superbe explication : Le génome est souvent comparé à une encyclopédie dont les différents volumes seraient les chromosomes. Les gènes seraient les phrases contenues dans ces volumes et ces phrases seraient écrites dans un langage génétique représenté par quatre bases (adenine, guanine, cytosine et thymine) abrégées en AGCT.
Le RIDL insert deux composants dans le génome du moustique Aedes aegypti pour constituer un système génétique létal répressible utilisant :
- l’activateur transcriptionnel par tétracycline (tTAV), un antibiotique d’usage commun ;
- et du marqueur à fluorescence DsRed2.
De fait, lorsque les moustiques mâles Aedes aegypti génétiquement stériles s’accouplent avec des femelles sauvages, la progéniture en l’absence de tétracycline, déclenchera le caractère létal (Phuc, Andreasen et al. 2007). La mort de la descendance se produit au dernier stade larvaire, au stade nymphal ou lors de l’éclosion ce qui permet un meilleur contrôle de la population de moustiques puisque la densité-dépendance des larves dans le gîte larvaire est un facteur important de leur survie. Les mâles libérés meurent quelques jours après leur libération ; ils ne persistent pas dans l’environnement.
Les techniciens d’Oxitec (entomologistes, laborantins, responsables de projet ou « field project managers ») sont prêts à collaborer avec les autorités du pays pour réaliser rapidement le projet. Le transfert du « savoir-faire » Oxitec en Polynésie française est prévu.
Comparée au projet pilote Wolbachia Aedes polynesiensis en cours à Tetiaroa, l’approche Oxitec propose deux mesures supplémentaires à mettre en place au préalable :
- une étude d’évaluation de risque telle qu’elle est définie par l’Annexe III du Protocole de Cartagena. Pour cet effet, Oxitec suggère les services d’une entité indépendante, la Liverpool School of Tropical Medicine (LSTM), leader mondial dans la recherche en médecine tropicale. A titre d’information, la LSTM est mondialement connue entre autres : pour la découverte du mécanisme de transmission du paludisme, grâce à un de ses premiers scientifiques Sir Ronald ROSS (Prix Nobel en médicine en 1902) ; plus récemment, comme mentionné ci-dessus, la découverte des mécanismes de mutation génétique responsables de la résistance des moustiques aux insecticides tel le deltaméthrine (gène GSTe2).
- une large campagne de médiatisation pour expliquer au grand public cette bio-technologie RIDL.
L’approche Aedes aegypti infecté par Wolbachia souche wMel introduit 1271 nouveaux gènes dans le moustique et suit un processus « irréversible ». En revanche, le procédé RIDL d’Oxitec introduit seulement 2 nouveaux gènes et peut être arrêté à tout moment sans laisser de traces dans l’environnement.
Donc je suis tenté de dire aux lecteurs de TPM, poussons nos décideurs politiques pour qu’ils mettent vite en œuvre les stratégies innovantes Oxitec ou Wolbachia. Bien sûre que j’ai un parti pris pour Oxitec puisque je représente cette société là. Mais c’est surtout parce que :
- la technologie RIDL est maîtrisée ;
- et que le procédé est déjà en déploiement commercial dans le monde.
Mais peu importe, Oxitec ou Wolbachia, prenons le risque d’opter pour ces deux solutions innovantes pour pouvoir arrêter dans les plus brefs délais les pulvérisations de deltaméthrine. Parce que le deltaméthrine c’est sûr que c’est un produit toxique qui est en train de nous autodétruire : un poison reste un poison. Peu importe sa dose ce sont des milliers de litres d’insecticides qui sont répandus actuellement dans le pays. On est en train de scier la branche sur laquelle on est assis car on tue les abeilles qui nous nourrissent grâce à leur système de pollinisation. « Ainsi 70% des espèces végétales cultivées pour la consommation humaine dans le monde dépendent de la pollinisation entomophile (c’est-à-dire par les insectes) avec notamment les arbres fruitiers et les cultures oléagineuses (exemple : colza et tournesol). Cette dépendance est plus ou moins importante suivant les cultures. A titre d’exemple, la production de pomme dépend à 65% de ce mode de pollinisation. »

Donc le deltaméthrine sera-t-il notre « printemps silencieux » pour nos abeilles nourrisseuses ? Certainement.
Mais soyons positifs et prions que les pulvérisations de deltaméthrine seront rapidement arrêtées pour donner un répit à nos chères abeilles.