Produit O3b présenté en vain à l'OPT en 2016

En tant que référent local ou « Referring Party » d’O3b en 2016, j'avais été chargé de promouvoir les services d'O3b de fourniture d'accès internet HAUT-DEBIT pour la Polynésie française. J'avais eu la chance d'être soutenu par un membre du Conseil d'administration de l'OPT, Mme Teapehu TEAHE qui voulait être comme Saint Thomas : voir gratuitement de ses propres yeux si O3b fonctionnait vraiment pour ses îles.

Au passage, je signale que DIGICEL est également client d’O3b aux îles Samoa et en Papouasie Nouvelle Guinée. Il est vrai que mon ancien projet DIGICEL TAHITI avait prévu un partenariat avec O3b pour desservir nos îles éloignées durant notre période de lancement en 2009-2010.

L’EXPERIENCE DE DIGICEL TAHITI

Si mon fils Cédric WANE est connu pour ses succès dans le sport local, en revanche je suis plutôt connu pour avoir misérablement échoué dans le projet DIGICEL TAHITI en 2008-2010.

En effet, DIGICEL TAHITI a fait tellement trembler ses concurrents en projetant une facturation forfaitaire par mois TRES TRES BAS pour des communications illimitées, qu’il a été torpillé par une loi "anti-Digicel" portée par Jacqui DROLLET et votée à l’APF par la majorité politique de l’époque : UPLD & TAHOERA’A. On l’a attaquée avec succès au Conseil d’Etat dans sa décision du 2 février 2011.

Toutefois, avec mon partenaire M. Denis O’BRIEN propriétaire et fondateur de DIGICEL, nous avons décidé avec grand regret d’abandonner le projet DIGICEL TAHITI pour les raisons principales suivantes :

  • Le sacro-saint monopole de l’OPT pour les "télécommunications extérieures" qui nous empêchait de "casser les prix". Il est vrai qu'avec ce nouveau projet O3b, je ne remettais plus en cause ce monopole puisque le contexte est différent avec l'objectif prioritaire d'apporter le HAUT-DEBIT dans les îles, en exploitant les moyens existants de l'OPT.
  • L’intense lobby local pour exclure les investisseurs étrangers du secteur des télécoms
  • Le prix exorbitant (1,5 milliard xpf pour 9 ans) de la licence d’opérateur de téléphonie mobile dont le montant a d’ailleurs été annulé par le juge administratif.
  • Le combat inégal puisque face au Pays qui se sert de l’argent des contribuables pour se défendre au tribunal de ses erreurs, nous on payait de notre propre poche nos frais d’avocats.

Malgré tout, il est réconfortant de voir que la concurrence entre investisseurs locaux s’installe petit à petit au détriment du monopole de l’OPT. C’est tant mieux pour les abonnés qui s’impatientent.

O3b DEJA UN PROJET DE 2012

Comme annoncé, ce projet O3b ne vise pas à "casser" le monopole des "télécommunications extérieures" de l’OPT; l'élue Teapehu TEAHE sait qu'il faut préserver le système de péréquation qui bénéficie aux îles éloignées. Mais l’OPT curieusement depuis 2012-2013, ne s’intéresse pas à O3b pour nos îles non-reliées à HONOTUA.

En tant que perliculteur de Ahe, j’avais adressé en vain plusieurs lettres de doléances aux divers gouvernements qui se sont succédés ces dernières années.  Il y a celle du 2 avril 2012 adressée au Vice-président Tony GEROS (son conseiller technique était un certain ... Moetai Brotherson) mentionnant les fameux "5 milliard xpf payés par l’OPT et pas de HAUT-DEBIT". Déjà à cette époque j’évoquais O3b comme solution au Vice-président puisque l’OPT ne jurait que par Intelsat.

Comme prévu, rien n’a bougé dans cette torpeur tropicale des îles.

Cette situation de blocage a perduré au grand mécontentement des abonnés. Ayant passé du 21 juin au 1 juillet 2016 sur ma ferme perlière de Ahe, j’ai dû revenir encore en catastrophe sur Papeete pour manque de réseau qui est devenu une situation courante dans les îles.

Comme d’habitude, l’OPT renvoie la responsabilité du service public des télécommunications à la défaillance des mairies pour la fourniture en énergie. Les Tuamotu-Gambier exportent en perles chaque année pour près de 10 milliards xpf dans notre Balance commerciale ; le Gouvernement devrait donc avoir la correction politique de renvoyer l’ascenseur à ces contributeurs de PIB, en leur donnant du HAUT-DEBIT dans les îles. Un perliculteur ne rapporte-t-il pas plus à notre Balance commerciale qu’un abonné lambda de Tahiti ?

Bref, la technologie française O3b existait depuis 2013. Malheureusement, le français Thales Aliena Space s'est "fait dépassé" par l'américain Boeing; voir l'article 18/9/2017 "Constellation O3b : comment Boeing a évincé Thales en tant que partenaire stratégique de SES".

LA PREDOMINANCE DU BON SENS

Malgré tout, je continue à croire en ce pays que je considère souvent handicapé d’un nivellement par le bas en termes de bon sens.

Après des années de patience à Ahe avec un débit souvent en-dessous de 50 Kbits/sec (pour ne pas dire la technologie antédiluvienne EDGE), j'avais l'opportunité de promouvoir la solution révolutionnaire d'O3b qui, j’en suis toujours convaincu, est bien meilleure que POLYSAT pour nos îles non-reliées à HONOTUA.  J'étais conscient que la tâche ne serait pas facile et que j’avais un haut risque d’échouer encore face à ces "dés pipés contre les bons choix" (expression de Jean Tirole). Mais je me suis dit :

"Si ce projet contribue à améliorer le service public des îles éloignées pour un coût compétitif, alors ça vaut le coup d'essayer de se battre encore et d’inviter l’opinion publique à raviver l’espoir du HAUT-DEBIT pour nos îles".

Malheureusement, nos décideurs dont le Conseil d’Administration de l’OPT ne se sont pas intéressés de plus près à la solution unique d’O3b à comparer avec le choix privilégié jusqu'à présent d'Intelsat-POLYSAT:

De toute manière, pour sécuriser son réseau de télécommunications en cas de panne, l’OPT à mieux à diversifier ses fournisseurs de télécommunications extérieures que de confier tout ou majoritairement ses besoins satellitaire à INTELSAT.

LE CONSTAT DE LA CONNEXION INTERNET DANS LES ÎLES EN 2016

En résumé pour les îles non-reliées à HONOTUA : Ça coûte cher, c’est déficitaire, ça ne fonctionne pas correctement et il faut attendre encore quelques années pour tirer un autre câble domestique qui va coûter au moins 7 milliards xpf pour connecter une dizaine d’îles.

Il est de notoriété publique que les îles non reliées à HONOTUA ont un accès internet :

Pourtant l’OPT semble mettre de gros moyens financiers pour réduire la fracture numérique quand on lit :

Le coût annuel pour l’OPT serait en 2043 de près d’un milliard de FCFP" ;  

Par ailleurs, selon Radio 1 du 4 juin 2015 on pouvait lire : "Dans les îles, en revanche, la Chambre Territoriale des Comptes constate que la couverture est très inégale. Le débit pour l’usager se situe entre 500 KB/s et 4 Mbit/s dans l’archipel de la Société. Dans les archipels éloignés, il varie entre 50 et 200 Kbit/s. En effet, les îles ne sont pas raccordées par la fibre optique mais par le satellite".

Donc  beaucoup de milliards xpf dépensés et ça ne marche toujours pas dans les îles éloignées ! 

Pourtant nos pays voisins du Pacifique plus pauvres que nous, ont l'accès internet HAUT-DÉBIT via satellites alors que  nos îles non-reliées à HONOTUA attendent toujours.

Laisser un commentaire