Présentation personnelle
Gilbert WANE

SOMMAIRE :
- Mon enfance à Papeete dans la vallée de Titioro (Bain Loti)
- Mes succès sportifs à l’échelle locale en prélude des prouesses à l’échelle des États-Unis de mon fils Cédric
- Mes études universitaires aux États-Unis (1975-1980)
- Ma grande reconnaissance pour la mentalité des universitaires américains
- Mes enfants : une chance de les avoir autour de moi
- Mon parcours après bien des tâtonnements
- Ma retraite dorée : quelle chance d’être payé à ne rien faire
- My final word : dans la vie il faut savoir se contenter de ce qu’on a
1- Mon enfance à Papeete dans la vallée de Titioro (Bain Loti)
Je suis né, le 5 février 1957 à Papeete, d’un métissage entre mon père (au centre de la photo ci-dessous derrière mon grand père en costume noir) et ma mère qui a un lien de parenté avec la famille Tahuhuterani par ma grand-mère Ahuura Tahuhuterani née à Papeete le 27/05/1911, elle-même apparentée au Dr Patrick HOWELL et à un certain … Edouard FRITCH. J’ai grandi dans la vallée de Titioro au Bain Loti.



Source Tahiti Héritage
En prenant du recul, je me rends compte de la pertinence des propos de Michel PANOFF dans son livre de 1989 « Tahiti métisse » page 14 : » … l’effet de la conquête coloniale … se révèle si complexe que l’on se demandera jusqu’à la fin des temps qui fut le conquérant et qui fut le colonisé … l’hybridation poursuivie depuis deux siècles entre les autochtones et les intrus … n’a qu’une importance secondaire en soi … le métissage biologique avec ses effets plus ou moins visibles dans l’apparence corporelle est constamment associé dans la pensée des Tahitiens eux-mêmes au métissage culturel, pour expliquer ou contredire ce dernier, qui seul importe en fin de compte dans la vie réelle … ».
Voilà tout était dit sur notre « melting pot » devenu, à mon sens, le « ciment » de la société polynésienne. Avec ma femme demi-corse (famille Andreucci) et demi-tahitienne (famille Amaru), nous avons continué ce métissage naturel devenu un fait banal de notre société tahitienne.

Face à notre « melting pot« , je reste donc sidéré par les propos contenus dans cette vidéo « Ces propos de Békés Antillais, qui ont suscité la polémique » : « Quand je vois des familles métissées avec des Blancs et des Noirs, les enfants naissent différentes couleurs. Il n’y a pas d’harmonie. Certains naissent avec des cheveux comme moi, d’autres ont des cheveux crépus dans la même famille, avec des couleurs de peau différentes. Moi, je ne trouve pas ça bien. On a voulu préserver la race. (chrono 0:45)
Bien entendu, il faut toujours ramener les choses dans leur propre contexte historique et culturel. Mais, à chacun sa mentalité, et Dieu merci que le « Taata Tahiti » ne voit pas le métissage comme les Békés antillais.
2- Mes succès sportifs à l’échelle locale en prélude des prouesses à l’échelle des Etats-Unis de mon fils Cédric
Durant mon adolescence, j’étais champion de Polynésie incontesté en cross-country (Minime et Cadet) de 1970-1975; ci-dessous des photos de cette époque (source : La Dépêche). Comme les meilleurs coureurs africains, je courais pieds nus, même sur le macadam brûlant.









Lorsque mon frère Raymond est mort à l’âge de 18 ans d’un cancer du cerveau, mon oncle Louis a décidé en 1975 de financer mes études onéreuses aux Etats-Unis.

Pour mieux me repérer dans le temps, ce passage de ma vie correspondait à la période où la France faisait « péter » dans l’atmosphère ses bombes nucléaires au large de l’atoll de Mururoa; le site aérien idéal selon les quatre décideurs de l’époque : le Général de Gaulle (Président de la République), Georges Pompidou (Premier Ministre), Pierre Messmer (Ministre de la Défense) et le ministre de tutelle du CEA. Les élites polynésiennes étant moins intégrées aux cercles du pouvoir parisien, ils n’anticipaient peut-être pas la menace que la Polynésie allait être unilatéralement choisie pour conduire ces essais nucléaires.
3- Mes études universitaires aux Etats-Unis (1975-1980)
Tatie Lulu et Tonton Louis m’ont accompagné en 1975 jusqu’à la ville de Cincinnati dans l’état de l’Ohio où ma tante Lisette vivait.

Ce fût l’aubaine qui a totalement changé ma vie. Comme Sir Isaac Newton, j’ai eu la chance d’avoir été porté sur les épaules de personnes visionnaires : “If I have seen further, it is by standing on the shoulders of giants.”. Oui, grâce à mon oncle Louis Wane – que je considère comme mon deuxième papa et un modèle à suivre pour mes enfants – je suis, ce que je suis devenu aujourd’hui.

Malheureusement, je n’ai pas eu d’aussi bonnes relations avec mes parents et ma sœur ; je le vis mal. J’essaye donc de tourner cette douloureuse page de ma vie. C’est comme çà et là vie continue.
Mon père avait écrit un jour sur mon bulletin scolaire : fort en sport, mais nul à l’école ! Ce qui avait beaucoup affecté ma dignité. Oui, je considérais stupidement que la lecture était une perte de temps. En réalité, je détestais lire ! Pour mieux profiter de la vie, je pensais qu’il fallait bouger, être fort en sport et découvrir le monde ; ce qui est un peu vrai aussi.
Résultat de cette stupidité juvénile : j’avais triplé ma classe de Troisième au Collège Lycée La Mennais. Une certaine Thilda FULLER qui allait devenir Miss France en 1980, était dans ma classe. Mon niveau de Brevet étant bien en dessous du SAT requis pour entrer dans une université américaine, j’ai dû travailler dur pendant ma première année estudiantine 1975-1976 ; j’avais tellement peur d’échouer et de devoir rentrer à Tahiti sans diplôme. À ce sujet, Carol Swain, professeure Afro-Américaine en science politique, parle également de son expérience : il faut cesser de se plaindre de son sort et bosser pour réussir dans la vie.
En 1975, grâce à des cours de rattrapage en anglais (dont les « cours Berlitz » en centre-ville de Cincinnati) et au soutien moral de mon confident Father J Peter Buschmann dean of Undergraduate Admissions, j’ai pu être admis à XAVIER UNIVERSITY, une excellente université de jésuites, pour décrocher en 3 ans au lieu de 4 ans, un Bachelor of Science B.A. in Finance en 1978 (note moyenne ou cumulative GPA 2.88 sur 4 voir la dernière colonne à droite du tableau ci-dessous ; soit 11 à 12/20). J’ai dû cumuler les cours du Summer & Winter school, pour être à l’école 12 mois dans l’année de 1975 à 1978.


Ensuite, j’ai pu obtenir en 1980 un Master of Business Administration – MBA (note moyenne ou GPA 3.39 sur 4 ; soit 14/20) à AMERICAN GRADUATE SCHOOL OF INTERNATIONAL MANAGEMENT appelé maintenant THUNDERBIRD (n°1 mondial en Master’s in Management selon le Wall Street Journal), qui a intégré Arizona State University (ASU) classée n°1 pour l’innovation aux États-Unis.


4- Ma grande reconnaissance pour la mentalité des universitaires américains
Ci-dessous mon premier et inoubliable mentor de 1975 : Father Buschmann. Dans sa sagesse de jésuite, il a réussi à m’inspirer pour réussir dans les études. Il fait partie de ces personnes qui ont marqué ma vie. Je ne l’oublierai jamais !

Statistiquement parlant, j’ai dû avoir croisé sans le savoir sur le campus un certain John Andrew Boehner, 61e président de la Chambre des représentants des États-Unis, diplômé également de Xavier University en 1977, qui a connu aussi mon premier mentor : Father Buschmann.

Voici un extrait de son discours du 14 mai 2016 (page 13/25) lors d’une cérémonie de remise de diplômes à Xavier University : « … But his admission was conditional. Boehner told Father Peter Buschmann, S.J., the admissions director, “Father, I know it doesn’t look real good. But if you give me a chance, I’ll prove to you that I’m up to this.” One A and two Bs later, Boehner had proven he was up to it and was accepted as a full-time student. It took five years of night classes, but he finished with a bachelor’s in Business Administration in 1977. At the time, he said, “it was the highest achievement I could have ever imagined.” It was actually the first of many achievements for Boehner, who would go on to a highly successful career as a small business owner and elected office-holder, completing his political career more than 30 years later as the Speaker of the U.S. House of Representatives.«
On connaît maintenant le succès mondial du MBA 40 ans après mes études à Thunderbird. Merci encore à mes oncles Robert et Louis qui, déjà dans les années 1970, avaient un bon « flair » sur l’évolution des écoles de commerce. Ils sont d’ailleurs mentionnés pour leur entrepreneuriat par Bruno Saura dans son livre « Tinito » aux pages 253-254.

Étant de nature peu doué et « lent à la détente », je m’efforce toujours dans ma façon de penser de distinguer le « système 1 » (rapide, intuitif et émotionnel) du « système 2 » (plus lent, plus réfléchi, plus contrôlé et plus logique). En effet, dans nos choix et nos jugements il faut savoir contrôler ses émotions et gérer son intuition pour éviter de tomber dans des partis pris cognitifs.
En tout cas, je suis très reconnaissant de la mentalité de mes anciens professeurs universitaires américains et surtout de mon premier « mentor » Father Bushmann qui a cru en ce tahitien « paumé » de Titioro que j’étais. Par leur humilité naturelle, ils ont forgé mon caractère pour voir la vie autrement. Michel Crozier relate une « Amérique universitaire ou le rêve de la vérité » dans son livre « Le mal américain » 1980 Chapitre II page 43.

Jean-François Revel explique aussi ce succès des universités américaines dans « L’obsession anti-américaine » – 2002 pages 200-201. D’ailleurs depuis 2003, le classement annuel des meilleures universités au monde (Shangai Ranking qui est devenu la référence mondiale) est toujours dominé par les universités américaines : celui de 2021 le confirme encore.

J’ai vécu mon rêve américain de 1975 à 1980, marqué par les faits saillants suivants aux États-Unis :
- le film Godfather II de 1974 ;
- No woman no cry de Bob Marley (1974), Saturday night fever (1977) ;
- l’affaire Watergate aboutissant à la démission de Richard Nixon en 1974 ;
- la chute militaire de Saïgon en 1975 ;
- la création d’Apple en 1976 par Steve Jobs ;
- la mort d’Elvis Presley le 16 août 1977 ;
- l’élection de Jimmy Carter en 1977 ;
- les accords de Camp David en 1978;
- la liberté totale de la concurrence et des prix dans le transport aérien en 1978 ;
- le premier (1974) et le deuxième (1979) choc pétrolier;
- l’incident de la centrale nucléaire de Three Mile Island (Pennsylvanie) en 1979 ;
- la chute du Shah d’Iran et l’affaire des otages de Téhéran en 1979 ;
- le lancement de CNN en 1980 ;
- l’élection de Ronald Reagan en 1980 qui a ancré ma vision économique plus à droite ;
- l’assassinat de John Lenon en 1980 à New York.
Malheureusement, l’Amérique a beaucoup changé depuis mes années universitaires de 1975-1980. La sociologue américaine Robin DiAngelo a gagné en notoriété, grâce à son livre de 2020 sur la diversité et le multiculturalisme devenu un phénomène aux États-Unis : « Fragilité blanche – Ce racisme que les Blancs ne voient pas« . Elle décrit un concept fondamental pour comprendre le rapport des Blancs au racisme : la fragilité blanche, un mécanisme de défense ou de déni qui permet de détourner la conversation, empêchant d’identifier le racisme systémique qui persiste dans nos sociétés et qui doit être combattu.

À l’opposé, Heather Mac Donald soutient que la politique de discrimination positive dans les grandes universités américaines a produit l’effet inverse ; voir son livre « The Diversity Delusion« . En effet, les minorités (ou les non-blancs en général) ont été tellement protégées qu’elles sont maintenant considérées par les politiques publiques aux Etats-Unis comme des victimes qu’il faut favoriser à tout prix sur « le dos des blancs privilégiés« . Dans un article publié le 07/08/2022 « The Corruption of Medicine – Guardians of the profession discard merit in order to alter the demographics of their field.« , Heather cite le cas du secteur de la médecine, atteinte aussi par cette pensée qui corrompt le système méritocratique !

Chacun donc verra midi à sa porte dans cette controverse qui agite actuellement le débat public aux Etats-Unis et en Europe occidentale.
5- Mes enfants : une chance de les avoir autour de moi
Fort de mon expérience académique américaine, j’ai voulu que mes fils Cédric et Boris aient aussi cette même chance en allant étudier à l’Université du Colorado – Boulder (connue pour ses 5 prix Nobel : 4 en Physique et 1 en Chimie). Ils avaient un niveau (Bac S) bien plus élevé que mon brevet de 1975.

Maintenant que mes quatre enfants travaillent avec moi, je savoure leur rage de réussir et leur envie de vaincre en « fairplay » tant dans le sport que dans les affaires. C’est cet esprit de « leadership » qui m’importait le plus dans leur éducation.

Constatez-le dans ce chant de guerrier de l’équipe de l‘Université du Colorado-Boulder menée par Cédric en tant que team leader juste avant le championnat national universitaire de 2010 à Lubbock Texas ! Voici également les commentaires de Chris Stehula (vainqueur de ce championnat en 1h 48mn 54 secondes), à propos de Cédric qui l’avait mené de 40 secondes à la dernière transition du vélo avant d’entamer la phase finale de la course à pied.
Quel dommage Cédric, tu as failli être champion universitaire de triathlon des États-Unis en 2010 : tu as terminé en 1h 49mn 17 secondes, à 23 secondes du premier. Tu nous as fait rêver jusqu’au bout. Persévère, car dans la vie, la réussite se construit sur une succession d’échecs ! Même si l’on ne réussit pas tout ce qu’on aurait souhaité réaliser, au moins on aura tout essayé sans avoir baissé d’avance les bras !


6- Mon parcours après biens des tâtonnements
En 1992, tout en gérant mes entreprises, j’ai été admis à l’Université de la Polynésie française directement en 2ᵉ année de DEUG de Droit que j’ai obtenu avec mention Assez Bien.

J’avais eu comme professeurs de droit public, Alfred Poupet (1945-2008) ancien Président du Tribunal administratif de Papeete et Alain Moyrand qui a œuvré dans la rédaction du Statut d’Autonomie Interne de la Polynésie française. Grâce à ma femme qui prenait les notes aux cours à ma place (car j’avais mon travail la journée), je n’ai assisté qu’aux Travaux Dirigés obligatoires le soir. Toujours pour tuer le temps, grâce à une formation en ligne (MOOC avec passage de l’examen final à l’Université d’Auckland NZ), en un an j’ai décroché en 2013 le PostGraduate Certificate Global Health Policy – Level 7 Master UNIVERSITY OF LONDON –LONDON SCHOOL OF HYGIENE & TROPICAL MEDICINE Londres- GB Classée en novembre 2014 meilleure école de santé publique en Europe et 3ᵉ au monde après Harvard et Johns Hopkins, en santé publique et en science sociale.
Vu la petitesse du marché local à bien des égards, j’ai dû toucher un peu à tout comme tous les débutants dans leur vie professionnelle.
En 1984, j’ai eu la chance d’avoir encore mon oncle Louis qui m’a donné mon premier boulot : la mise en place de la ferme laitière de Polycultures sur le Plateau de Taravao (le lait frais VAIORA). J’ai eu l’opportunité d’avoir comme jeune stagiaire discrète, déjà très ambitieuse, une certaine… Yolande Vernaudon.
Pendant que je labourais la terre en friche du domaine Crane de plus de 300 ha (ferme laitière de Polycultures sur le Plateau de Taravao), pour planter les nouvelles graminées importées d’Australie (Kikuyu, Setaria, Pangola, Para grass …), des centaines de vaches laitières (Holstein Friesan) commençaient à arriver par avion et par bateau de la Nouvelle-Zélande ! En prenant un certain recul après plusieurs décennies, je n’arrive toujours pas à comprendre comment j’ai pu gérer une telle situation.
Ci-dessous le type de cheptel (Holstein Friesan) qui a été importé de la Nouvelle-Zélande. Nous avons été les premiers à mettre en place l’insémination artificielle des vaches à partir de spermes de taureaux sélectionnés pour leur accoutumance au milieu tropical et le rendement laitier de leurs progénitures.
Revoici ci-dessous ces mêmes vaches laitières de la ferme laitière de Polycultures sur le Plateau de Taravao, après quatre décennies de croisements par l’insémination artificielle.

Constatez la transformation génétique : Gregor Mendel, reconnu comme le père fondateur de la génétique, l’avait expérimenté avec ses petits pois dans son jardin au monastère Saint Thomas de Brünn; nous, nous l’avons fait avec des vaches ! Les lois de Mendel ont donc montré la manière dont les gènes se transmettent de génération en génération.
En 1987, on m’a confié la gestion d’une charcuterie industrielle COTAGRAL devenue SALAISONS DE TAHITI. J’ai eu l’opportunité de rencontrer le directeur général : un certain Jagu. C’était le fameux boucher amoureux, censé être mort disparu en Bretagne, qui a été retrouvé ici avec sa secrétaire Michèle LEPETITCORPS, par l’assurance escroquée.
En 1990, je me retrouve dans TAHITI TUNA en association avec le Pays (EVAAM-Port Autonome) et les syndicats de pêcheurs de bonitiers et de Poti marara. Cette entreprise achetait le poisson des bateaux étrangers (notamment des armements asiatiques liés aux accords de pêche) et des pêcheurs locaux, pour le réexporter. Cette expérience a été pour moi douloureuse. Elle m’a confirmé que vouloir combiner les intérêts du privé avec l’intérêt général, était une entreprise très difficile, voire une utopie.
En 1994, la famille se lance dans un projet de téléphonie mobile avec le partenaire MOTOROLA qui était à cette époque-là, le leader mondial du secteur. L’OPT et ALCATEL ayant aussi leur projet, il a été décidé de porter ensemble un même projet : ce fût TIKIPHONE. Avec M. René LORIDAN ex-DG de l’OPT, j’ai participé à la mise en place du réseau cellulaire autour de l’île de Tahiti. La famille a cédé ses parts à l’OPT depuis.
Toujours en 1994, lors la séparation des trois frères WAN, j’ai lancé avec mon père notre propre ferme perlière : la SCA POE MANA sur les atolls de Toau et d’Ahe; voir mon article intitulé « Les problèmes réels de l’industrie de la perle de Tahiti » publié dans le Tahiti Pacifique Magazine n°260 de février 2013, dans lequel je commente la situation de ce secteur perlicole en déroute : « La politique sociale a bien accouché d’un « nivellement par le bas » avec un prix/gr de notre perle qui a été divisé par 20 de 1986 à 2012. » La perle n’a pas vraiment réussi à repartir depuis 2000. Il faut reconnaître que faire du social avec un produit de luxe n’est pas si évident !
En 2008-2010, j’ai eu l’occasion de revenir dans la téléphonie mobile avec mon partenaire M. Denis O’Brien propriétaire de DIGICEL. Après 2 années de démarches pour obtenir la Licence d’Opérateur de téléphonie mobile et l’Autorisation d’Utilisation des Fréquences (AUF), avec mon partenaire on a décidé d’arrêter ce projet suite au vote de la loi anti-concurrence dite « anti-Digicel » portée par notre illustre Jacqui DROLLET qui a réussi à sauver de la concurrence qui s’annonçait sauvage, notre « soldat Ryan » qu’était Vini! Comme par coïncidence entre temps, le montant exorbitant de la licence d’opérateur de téléphonie mobile de 1,5 milliard xpf a été annulé par le Tribunal administratif.


En 2013-2014, fort d’un diplôme en santé publique (Post Graduate Certificate in Global Health Policy academic direction from the London School of Hygiene & Tropical Medicine), j’ai proposé au Pays un projet de Lutte Anti Vectorielle (LAV) avec mon partenaire Oxitec, leader mondial de la biotechnologie (ingénierie cellulaire) du moustique Aedes aegypti. Cette solution génétique révolutionnaire permet d’éliminer lors de son accouplement l’Aedes aegypti, le vecteur principal de la dengue, du zika et du chikungunya. Ces terribles épidémies nous ont coûtés non seulement des milliards xpf en dépenses de santé (voir la Grande Expo de Juin 2015), mais aussi des vies humaines; voir ci-dessous la répartition des coûts : source Tahiti-infos du 2/6/2015.

Malheureusement, selon la chronologie en bas de la carte ci-dessous de l’Organisation Mondiale de la Santé (WHO) datée du 22 juin 2016, la Polynésie française est maintenant « fichée » pour avoir été en 2013 le foyer initial de la pandémie du Zika. Quelle triste référence mondiale pour notre industrie touristique !

Voir aussi le livre « ZIKA, The emerging epidemic » de Donald G. McNeil Jr aux pages 8-9.

J’ai temporisé ce projet car il était difficile de concurrencer l’Institut Louis Malardé (ILM) qui, avec le financement du Pays, proposait une alternative concurrente : le Wolbachia. Espérons que l’ILM sera aussi compétitif qu’un opérateur privé pour produire à l’échelle industrielle ces moustiques.
En 2013, assisté de ma femme et de nos 4 enfants Cédric, Boris, Mohea et Mehiti, j’ai repris le restaurant la Cafeteria du Marché (à l’étage du Marché de Papeete), qui était en difficulté pour lancer le concept de Café Maeva. Avec la franchise ALLEGRO COFFEE (appartenant à WHOLE FOOD MARKETS leader mondial des supermarchés de produits bio, racheté depuis par Amazon de Jeff Bezos), nous nous sommes lancés dans ce secteur très concurrentiel de la restauration sur Papeete. Dans ce premier Café Maeva, j’ai réussi l’étape préalable la plus importante dans la succession d’une entreprise familiale : forcer très tôt mes enfants à ce qu’ils mettent la main à la patte. Ce faisant, il fallait que cette nouvelle génération prenne vite conscience qu’il ne fallait plus attendre tranquillement son salaire à la fin du mois, mais qu’il fallait « gagner sa vie » face à la concurrence!

John Mackey est un fervent partisan du capitalisme (« Conscious capitalism« ) qui créer de la valeur économique avec à la clé plus de PIB, par opposition au socialisme qui tend à induire la misère, en nivelant unilatéralement par le bas la stratification sociale sans tenir compte de l’appât du gain, l’étincelle nécessaire pour dynamiser une économie.

En 2016, avec la société O3b (rachetée par SES) leader mondial des télécommunications satellitaires j’avais proposé un projet de fourniture d’accès internet HAUT-DEBIT via satellite aux îles non-reliées au câble HONOTUA. Cette solution O3b était une option révolutionnaire comparée aux capacités technologiques dépassées de POLYSAT pour résoudre définitivement les problèmes de connexion Internet HAUT-DEBIT dans les îles non-reliées à HONOTUA. Le Pays a préféré concrétiser son projet NATITUA (câble domestique qui relie Tahiti aux Tuamotu et aux Marquises) de près de 7 milliards xpf (voir article dans Tahiti Pacifique Magazine n°344 décembre 2016).
En 2015-2017, avec mon partenaire B BRAUN AVITUM, un des leaders mondiaux de la dialyse, j’ai participé à l’appel à projet lancé par le Pays (voir l’arrêté n° 526 PR du 17 août 2015), pour des centres de dialyse selon la modalité de prise en charge en Unité de Dialyse Médicalise (UDM) et en Unité d’Auto-Dialyse (UAD). Mon offre UDM-UAD proposait à la CPS une baisse importante des dépenses de santé avec la création de 80 emplois. Suite à une annulation par le Tribunal administratif de Papeete de cet appel à projet initial de 2015, un deuxième a dû être relancé en 2017 dans lequel le Pays a encore écarté mes offres. J’ai dû déposer un nouveau recours contentieux. Deux ans après, la Cour administrative d’appel de Paris (CAAP) m’a donné raison (voir les 2 arrêts de la CAAP du 2 décembre 2019; ref n° 18PA04070 et n° 18PA04074) dans les termes suivants : » … Ces motifs de refus … sont exposés en des termes trop généraux pour permettre à SARL Tahiti Nephro 1 & 2 de contester utilement leur bien-fondé. Il s’en suit que ces arrêtés ne répondent pas à l’exigence de motivation prévue par les dispositions de l’article 24 de la délibération APF du 12 décembre 2002… Il en résulte de ce qui précède et sans qu’il soit besoin d’examiner les autres moyens de la requête, que SARL Tahiti Nephro 1 & 2 sont fondées à soutenir que c’est à tort que, par le jugement attaqué, le Tribunal administratif de la Polynésie française a rejeté leur demande tendant à l’annulation des arrêtés refusant leurs dossiers d’offres. » Malgré cette victoire juridique en appel, je me suis rendu compte que ce combat est devenu « le pot de terre contre le pot de fer« . Depuis 2015 je finance de ma poche à coups de millions xpf mon avocat contre le Pays qui lui, a une armada de juristes payés avec notre argent des contribuables. J’ai donc préféré arrêter ce long contentieux en février 2022 et faire autre chose plus intéressante comme continuer à investir dans d’autres secteurs économiques où je pourrai apporter plus de compétitivité (et donc plus de création d’emplois) au Fenua.
En 2018, je lance le projet de reprise et de rénovation complète d’un bâtiment de trois niveaux dans la rue du 22 septembre en centre-ville de Papeete. Le succès était au RDV!
- Au RDC, un Food court : un deuxième CAFE MAEVA, un bar à salades avec préparation de smoothies et une section de gourmet Burgers
- Au premier (R+1) et au dernier étage (R+2) : une activité de fitness de Tahiti Fitness qui est vite devenue la salle de sport de référence en centre-ville de Papeete. Ce projet était d’ailleurs proposé en 2015 en complément de mon offre UDM ci-dessus qui n’a pas intéressé le Pays. B Braun a déjà intégré la pratique du sport avec son programme d’Activité Physique Adaptée (APA) proposé à ses dialysés.

En 2020, ayant été retenus dans l’appel à projet lancé en 2019 par la Mairie de Punaauia, nous avons ouvert en juin une roulotte moderne dans le parc de Vaipoopoo, représentant le 3ᵉ Café Maeva. Le succès était une deuxième fois au RDV !

Ayant été retenus en septembre 2020 dans un appel d’offre lancé par Aéroport De Tahiti (ADT), nous avons ouvert le 27 avril 2021 un 4ᵉ Café Maeva sur l’aéroport de Faa’a. Le succès était une troisième fois au RDV !

En 2022, a été acquis un 5ième spot en bord de mer à Punaauia au PK 13,3! Ce sera le futur Maeva Sunset dont l’ouverture est prévue en 2023.

Stay tuned Punaauia, Café Maeva is coming soon in 2023 !
7- Ma retraite dorée : quelle chance d’être payé à ne rien faire
Après avoir cotisé plus de 30 ans à la CPS, créé des emplois en tant qu’entrepreneur et avoir échoué dans beaucoup de projets (comme Dorothée Loorbach, voir sa présentation Tedx « 10 things I learned after losing a lot of money« ), je suis maintenant conscient d’avoir la chance d’être payé à ne rien faire depuis 2014 avec une retraite à novembre 2022 de 132 732 fxpf/mois ou 1 112 euros/mois; ce qui m’a contraint à réduire mon train de vie. Je me contente donc de la qualité de vie exceptionnelle sur ma ferme perlière à Ahe.

Ci-dessous au milieu de la photo aérienne prise le 04/04/2022, ma ferme perlière sur l’atoll d’Ahe au motu Tekipa.

Les textes de la CPS m’interdisent, en tant que perliculteur retraité, de continuer à travailler dans le secteur de la perliculture. Quel dommage donc pour le Pays qui empêche ses entrepreneur-perliculteurs retraités de continuer à s’investir et à favoriser la création d’emploi dans ce secteur perlicole en grande difficulté.

Cependant, n’étant pas de nature à se laisser abattre, j’ai pu continuer à réaliser des petits projets (en dehors de la perliculture) qui me tiennent à cœur, grâce à mon ADN d’entreprendre et au soutien de ma femme Maeva et de nos quatre enfants : Cédric, Boris, Mohea et Mehiti. Quel privilège de pouvoir, avec ses enfants, se battre quotidiennement pour bâtir leur avenir, car le mien est déjà derrière.
Être chaque jour moins ignorant que la veille et mourir ainsi moins bête m’est une expérience gratifiante, pour reprendre l’expression de Mrs Jane GINSBURG, mon ancienne « visiting » professeure de droit à l’UPF, de l’Université de Columbia (connue pour ses 87 prix Nobel). Elle est la fille de Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour suprême des États-Unis, décédée le 18/9/2020. Mon amie Jane de New York est une fervente « liberal » faisant partie de cette intelligentsia réformiste et modérée de la côte Est, qui se méfie des Grands Soirs et qui méprise le Donald Trump« . Je l’apprécie beaucoup pour la transparence dans nos différences d’opinions politiques.
Ma passion actuelle est la lecture « active » aménagée de quelques cours en ligne (MOOC) dispensés par de prestigieuses universités ; voir les sites web Coursera et Edx. Oui, l’arrivée de l’internet a totalement bouleversé l’autodidaxie, en banalisant l’acquisition de connaissances en dehors des dispositifs éducatifs officiels (établissements scolaires, centres d’apprentissage ou de formation), sans l’intervention d’un enseignant ou d’un formateur. De plus, des études scientifiques ont démontré qu’une bonne activité physique et intellectuelle permet de réduire les facteurs de risque de maladies dégénératives. Selon l’Organisation de Mondiale de la Santé (OMS), « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Oui une bonne santé reste la plus grande richesse à préserver dans la vie, qui est si courte. Certes, à mesure que l’on accuse le poids de l’âge, la forme physique ne suit plus aussi bien que la vivacité d’esprit. Mais le maintien d’une bonne activité physique et mentale durant la retraite reste un atout pour une meilleure longévité et qualité de vie.
8- My final word : dans la vie il faut savoir se contenter de ce qu’on a
Selon une étude datée du 21/11/2021 de l’Université de Harvard « Health and happiness go hand in hand« , sur les motifs du bonheur (enquête ayant duré 74 ans depuis 1938, de 724 hommes issus de divers milieux économiques et sociaux ; voir l’article de GQ du 27/12/2022), voici ce qui nous rend réellement heureux :
- Pour 50%, c’est la génétique, on n’y peut rien. Certains d’entre nous sont tout naturellement plus heureux et plus extravertis que d’autres.
- Pour l’autre 50%, c’est sous notre contrôle. Environ 40% du bonheur des gens est le résultat des choix qu’ils font. Mais “si l’argent ne fait pas le bonheur, alors quoi ? » Des indices, au fil des ans, expliquent deux causes ÉVIDENTES du bonheur :
- Principalement : ce sont nos relations avec les autres. “Le lien personnel crée une stimulation mentale et émotionnelle qui booste automatiquement l’humeur, alors que l’isolement l’étouffe”, explique le docteur Robert Waldinger, directeur de l’étude, sur le Harvard Health Blog. Le bonheur dépend donc des relations proches, que ce soit avec les conjoints, la famille, les amis et les cercles sociaux. C’est ce qui compte le plus dans cette quête. Ainsi, notre objectif doit être de muscler ces liens et de nous débarrasser du gras, c’est-à-dire des personnes toxiques ou négatives dans votre vie. Pour élargir nos cercles, une piste peut par exemple être de participer à des événements ou de faire du bénévolat dans des organisations qui correspondent à nos centres d’intérêt, ce qui augmente nos chances de rencontrer des personnes qui voient la vie comme nous. »
- Accessoirement : C’est d’apprendre à ne pas se soucier des petites choses. En somme, l’art du lâcher prise. Plus on se concentre sur les choses qui comptent vraiment pour nous, plutôt que sur des bricoles et des petits tracas, plus on est heureux. D’autres recherches, en dehors de l’étude, confirment ces résultats : les seniors sont plus aptes à oublier leurs échecs passés. “Ils ont tendance à réaliser que la vie est courte et sont plus susceptibles de prêter plus d’attention à ce qui les rend heureux maintenant”, précise le docteur Waldinger. Lorsque vous êtes plus âgé, vous avez plus de possibilités de revenir aux activités que vous associez au bonheur”, ajoute-t-il. Pensez donc à toutes ces choses qui vous procuraient de la joie quand vous étiez enfant – danser, dessiner – et utilisez-les. »
Certes, c’est un peu ce que TOUT LE MONDE savait pour connaître le bonheur. Mais quand ces mêmes conseils de bon sens sont donnés par des sommités quelconques, on a en effet, tendance à tendre plus l’oreille !
Je n’ai pas pu réaliser les grands projets que je voulais, mais Henry David Thoreau n’avait-il pas dit qu’un homme est riche de tout ce dont il peut se passer. Comme la plupart des gens, j’ai eu la chance d’avoir une famille – la mienne WAN(E) – très attentive et soucieuse de l’avenir de ses enfants. Donc, je me contenterai de ce que m’avait dit un jour à Toau mon ami australien Mauri Bozanich : « Arrêtons de nous plaindre, bon sang, croyez-vous que le bon Dieu a fait en sorte que la vie sur terre soit si facile ; bougeons notre c*l et continuons à bosser !«
Dans la vie, il y a des hauts et des bas et il faut savoir se contenter de ce qu’on a. Il faut surtout « savoir vivre dans le moment présent et éviter de se perdre dans les pensées du passé ou du futur » : The Power of now ou « Le Pouvoir du moment présent » d’Eckart Tolle.

À cause de l’entropie, une loi de la physique, le monde (dont le système solaire qui est un « système ouvert » au seing de l’univers) arrivera à sa fin ! À l’instar de François Mitterrand, j’ai compris il y a longtemps que dans la vie, il y a un début et une fin. D’ailleurs, j’ai été ému par le message de l’agnostique Dr Axel KHAN ; voir ici la vidéo datée du 23/06/2021 sur la manière d’aborder sa mort survenue finalement le 06/07/2021.

Le soleil va se réchauffer de façon continue sur encore 5,5 milliards d’années. Mais dans environ 1 milliard d’années, il n’y aura plus d’oxygène et donc toutes traces de vie sur la planète Terre auront disparues! Sur ce, je rejoins donc la pensée du Dr Patrick MOORE : ne nous soucions pas de choses que l’on n’y peut rien mais soucions-nous plutôt de choses que l’on peut faire.

Donc, profitons au maximum de la vie à l’instant présent !