L’énergie nucléaire est-elle l’apport complémentaire de dernier recours ?
Sommaire :
- Une nouvelle vision du nucléaire ?
- Le compte n’est pas bon et le GIEC soutient à demi-mot … le nucléaire
- Cette énergie qui émet moins de CO2
- Cette énergie qui fait peur
- L’énergie nucléaire revisitée
- L’énergie nucléaire contenue dans le noyau de l’atome
- L’énergie nucléaire par la fission du noyau de l’atome
- L’énergie nucléaire par la fusion de deux noyaux atomiques
- Une conclusion plutôt pessimiste sur l’évolution énergétique
Nous voilà enfin arrivés à la fin de cette série d’articles sur ce débat passionnant et très controversé. Résumons le fil rouge de notre message :
- Aux articles n°1 à 9 nous avons vu que l’origine du réchauffement climatique fait l’objet d’une controverse intense entre scientifiques internationaux de haut-niveau : les climatoalarmistes disent avec certitude que le CO2 émis par l’activité humaine est le principal responsable alors que les climatosceptiques disent que d’autres facteurs naturels (notamment le soleil, les nuages et les courants océaniques) jouent un rôle tout aussi important.
- À l’article n° 10, on a vu que le CO2 est un des principaux gaz à effet de serre. La partie émise par l’activité humaine qui a pesé pour 0,0208 % de l’atmosphère (voir à l’article RC n° 4/16), n’arrange pas le réchauffement climatique (voir à l’article RC n° 10/16). Ce positionnement nous amenait donc à conclure logiquement pour une réduction de la combustion de l’énergie fossile. Rappelons quelques faits scientifiques marquants à propos du CO2 qui est maintenant accusé, avec le méthane (CH4), de la catastrophe climatique à venir :
- Le dioxyde de carbone CO2 nous maintient en vie en régulant notre respiration. En effet, notre « tronc cérébral » contrôle spontanément notre respiration grâce à une information en continu du niveau de CO2 et pas du niveau d’oxygène dans notre corps.
- Tous les organismes vivants, d’un point de vue chimique, ont un élément indispensable dans leurs molécules : l’atome carbone (C). Donc la vie sur Terre est basée sur la chimie du carbone (voir la vidéo : « Why is All Life Carbon Based, Not Silicon? Three Startling Reasons!) dont le CO2 et le CH4. C’est pourquoi l’utilisation du terme « décarbonation ou décarbonisation« , exprimant littéralement l’élimination de l’atome carbone (C) comme objectif ultime de réduction du CO2 émis par l’homme, est sémantiquement parlant regrettable.
- Par ironie du sort, le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4) ont fait partie de la « soupe primordiale ou prébiotique ou primitive » qui serait à l’origine de la vie sur Terre. D’ailleurs, une nouvelle théorie, appelée « panspermie« , montre que la vie sur Terre aurait été « ensemencée » depuis l’espace. Elle apporterait une « preuve solide qu’un des composants de l’ARN a été livré sur Terre avant même l’émergence de la vie », via un astéroïde semblable à Ryugu qui se serait écrasé sur notre planète, selon un des auteurs d’une étude, Yasuhiro Oba, professeur associé à l’université d’Hokkaido. Ce dernier « suppose » qu’un tel dépôt a « joué un rôle dans l’évolution prébiotique et possiblement l’apparition de la vie« sur Terre.
- Précisons cette autre subtilité vicieuse :
- le CO2 ou dioxyde de carbone (1 atome de carbone lié à 2 atomes d’oxygène) fait partie de notre vie :
- en revanche, le CO ou monoxyde de carbone (1 atome de carbone lié à 1 atome d’oxygène) est malheureusement un gaz toxique, incolore, inodore, insipide, non irritant, et donc indétectable par les mammifères dont l’homme ! C’est ce qui a tué les sept personnes dans une ferme perlière à Arutua en Juillet 2000.
- Aux articles n°11 à 13, nous avons montré que produire plus de PIB tout en émettant moins de CO2 exigeait une politique énergétique qui rencontre de sérieux obstacles :
- de nature technique :
- de nature économique :
- l’énergie fossile (pétrole, gaz, charbon), certes non-renouvelable, restant encore la source la plus abondante et la moins chère;
- les pays pauvres étant le plus dans le besoin énergétique;
- le prix subventionné de l’EnR avec une augmentation inexorable, à long terme, du prix de l’électricité. Voir à ce sujet, l’article sur RTL du 16/09/2023 : « Prix de l’électricité : Jean-Marc Jancovici explique pourquoi il devrait inévitablement augmenter ».
- la « décroissance économique » impliquant selon Jean-Marc Jancovici, une réduction des « flux physiques » de production et donc une réduction de la « consommation d’énergie« . On ne peut pas éviter la contraction, puisqu’on a bâti un système économique productif qui dépend de l’extraction et de la transformation de ressources qui sont pour l’essentiel non renouvelables, à commencer par l’énergie. On sait mal recycler le pétrole une fois qu’on l’a brûlé ! C’est inscrit dans la finitude du monde que ce système-là ne peut pas croître indéfiniment. Dans ce contexte, vous n’avez pas la possibilité de déployer de façon massive des dispositifs qui ne sont pas tellement efficaces. Le discours – y compris chez certains Verts – qui consiste à dire « on va pouvoir augmenter le pouvoir d’achat tout en mettant des énergies renouvelables partout« , que l’on appelle la croissance verte, est hélas un mythe. Jancovici rejoint donc la triste conclusion de Philippe Charlez résumée dans son livre « L’utopie de la croissance verte – Les lois de la thermodynamique sociale » Octobre 2021.
- de nature géopolitique : le rapport de force entre les grandes nations marginalisant davantage les pays pauvres dans leur quête pour un développement équitable; voir à :
- l’article n° 15/16 : la déclaration de D. Kaberuka, Pdt B Af D : Les gouvernements occidentaux sont hypocrites ; eux qui se sont enrichis avec les combustibles fossiles, disent maintenant aux pays africains : vous n’avez pas le droit de construire des barrages, ni des centrales à charbon, contentez-vous de ces renouvelables hors de prix. Les pays africains ne les écouteront pas; voir la diapositive 14/16;
- l’article n° 11/16 : la déclaration du président de l’Ouganda, Museveni qui « donne le ton » en décrivant le réchauffement climatique comme « un acte d’agression des riches contre les pauvres« !
- À l’article n° 14 nous avons vu que l’électricité était devenue une « commodité incontournable » dans notre vie quotidienne, si bien que son coût fait l’objet d’un débat intense. Son développement allait s’accentuer dans les pays pauvres principalement où 840 millions de personnes en 2019 n’avaient pas encore accès à l’électricité selon la Banque Mondiale (voir aussi World Energy Outlook 2019).
- Enfin à l’article n°15, nous avons montré que pour la transition énergétique envisagée, l’EnR ne peut pas remplacer totalement nos besoins en énergie fossile. Il faut donc trouver une autre source d’énergie « plus concentrée » et « décarbonisée » (émettant 3,4 fois moins que le solaire en gr de CO2eq/kWh – voir infra source GIEC 2014) pouvant assurer une « puissance crête » face à l’intermittence du solaire et de l’éolien. Ne faisons plus semblant de ne pas voir l’éléphant dans le couloir : c’est l’énergie nucléaire, à notre grand dam! Même pour Greta Thunberg, il faut privilégier les centrales nucléaires au charbon. Cerise sur le gâteau, selon le classement des activités économiques en fonction de leurs émissions de CO2 et de leurs conséquences sur l’environnement (taxonomie), le nucléaire a été considéré le 02/02/2022 par la Commission européenne comme une « énergie verte« . C’est une vraie « baffe » donnée aux écologistes avec leur mouvement antinucléaire qui n’a fait qu’empirer les émissions de CO2 dans l’atmosphère; ils sont devenus des ennemis du climat en nuisant à la cause environnementale. Le Président Emmanuel Macron lors de sa conférence du G7 en Allemagne du 28/06/2022 a rappelé (voir Youtube au chrono 10:50), en matière de transition énergétique, les choix par ordre croissant d’attractivité (voir infra le tableau des émissions de CO2 par source d’énergie) :
- le charbon émettant le plus de CO2;
- le gaz émettant moins de CO2;
- le nucléaire émettant encore moins de CO2 et garantissant une stabilité du réseau électrique;
- le solaire et l’éolien émettant comme pour le nucléaire moins de CO2, mais malheureusement intermittents.
D’ailleurs, le Parlement européen a voté le 06/07/2022 le plan de la Commission européenne sur les énergies, classant le gaz et le nucléaire comme énergies « durables », à condition qu’elles mobilisent les technologies les plus avancées. Au 18/06/2023, « Pour la première fois, l’Union Européenne reconnaît le rôle du nucléaire dans le combat pour la décarbonation de l’économie » !
On se retrouve donc au pied du mur avec un sujet qui fâche : l’énergie nucléaire qui nous effare à plus d’un titre. Malgré un renforcement de sa sécurité, elle n’a toujours pas bonne presse dans le monde. Rappelons les trois principaux accidents qui n’ont pas rassuré l’opinion publique, avec des données très contestées sur la vraie mortalité liée au nucléaire :
- 1979 : Three Mile Island (Pennsylvanie Etats-Unis), causant aucun mort dû à la radioactivité selon Jean-Marc Jancovici;
- 1986 : Tchernobyl (Ukraine), le pire accident de l’histoire;
- 2011 : Fukushima (Japon), provoqué en fait par un tsunami et non par une défaillance de la centrale nucléaire, causant aucun mort dû à la radioactivité selon Jean-Marc Jancovici.
Chez nous, le monde entier a pris conscience depuis le jeudi 20/01/2022 que la Polynésie regorgeait de trésors biologiques, comme en atteste la » découverte » d’un récif de coraux géants en forme de rose à plus de 30 mètres de profondeur au large de Tahiti, qui s’étend sur trois kilomètres de long et entre 30 et 65 mètres de large, selon l’UNESCO.

Cette découverte est encourageante face au triste cas de la Grande barrière de corail, en Australie : « CHASING CORAL » captures time lapse of world’s largest coral bleaching event » de 2019, cependant contredit par Sky news Australia du 4 août 2022 « Global warming is not producing predicted disasters« , qui montre un regain de croissance récifale.


Malheureusement pour nos trésors biologiques reconnus par l’UNESCO, pour « l’intérêt supérieur » de la France, les 193 essais nucléaires (CEP) avaient été le levier qui s’imposait avec prééminence pour assurer la sécurité de la Nation. Pour « la grandeur » de la France menée par cinq présidents de la République successifs (de Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand et Chirac), on a donc fait connaître pendant 30 ans (1966 à 1996) aux polynésiens cette redoutable énergie en faisant « péter » 193 essais nucléaires sur Moruroa dont le 40ᵉ tir du 17 juillet 1974 (code CENTAURE) qui aurait contaminé par accident, entre autres Tahiti où je résidais, alors âgé de 17 ans.

Le livre « Des bombes en Polynésie – Les essais nucléaires français dans le Pacifique » sous la direction de Renaud Meltz et Alexis Vrignon (violemment critiqué pour avoir contredit la thèse développée par Jean-Marc Regnault qui soutient que l’arrestation de Pouvanaa a Oopa avait un lien avec le CEP ; voir son livre « Pouvana’a et De Gaulle, la candeur et la grandeur »), relate assez bien cette « brûlure de notre histoire ». Elle a été encore commémorée le 2 juillet 2022 avec une « forte mobilisation pour le 56e anniversaire du premier essai nucléaire« . Selon Hiro Tefaarere, président de Moruroa e tatou : “Le plus grand génocide français a eu lieu ici, en Polynésie”.

Il faut reconnaître aussi au passage « le rôle personnel et considérable du général de Gaulle dans l’histoire de la dissuasion française et du CEP« . D’ailleurs, son aide de camp, Geoffroy Chodron de Courcel, relate que ce qui comptait pour De Gaulle (après la décision des États-Unis, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, de ne partager le secret de l’arme atomique qu’avec l’Angleterre et sans la France) c’était de pouvoir dire que « la France était politiquement une puissance militaire et de pouvoir discuter d’égale à égale avec les puissances anglo-saxonnes« . Ce n’est assurément pas la menace d’invasion, mais de l’orgueil blessé qui a poussé la France à se doter d’un arsenal nucléaire : cela ressort assez clairement du télégramme adressé par de Gaulle au pays après notre premier essai atomique (nom de code Gerboise Bleue du 13/02/1960 en Algérie- Hammoudia). « VIVE LA FRANCE ! DEPUIS CE MATIN ELLE PLUS FORTE ET PLUS FIÈRE » ; voir Jacques-Yves Cousteau « Lhomme, la pieuvre et l’orchidée » 1997 page 219 et la vidéo « La sombre histoire des essais nucléaires français – HDG #51« .

Remercions au passage le Président Macron pour sa transparence en ouvrant « un processus inédit de déclassification des archives françaises. L’importance pour le droit des victimes à l’indemnisation, un droit établi par le Parlement français depuis 2010, pose des questions sur le secret – notamment nucléaire – en démocratie« . Source Conversation.fr du 04/07/2022 « Les obstinations nucléaires des dirigeants français en Algérie indépendante » de Thomas Fraise et de Austin R. Cooper.

Mediapart titre sa Une du 9 mars 2021 : « La contamination cachée de Tahiti ». En juillet 1974, la France procède à son 41e essai nucléaire en Polynésie. Nom de code : Centaure. D’après l’enquête de Disclose et Interprt, son nuage radioactif a contaminé la totalité des habitants de Tahiti. 110 000 personnes pourraient demander réparation à l’État. Les militaires responsables de ce « coup foireux » dont l’amiral CLAVERIE (patron de la Direction centrale des essais nucléaires) n’ont jamais divulgué ce tir qui aurait dû « faire l’effet d’une bombe ». On comprend donc pourquoi les polynésiens se sentent maintenant meurtris par ce mensonge de l’Etat. CEP quand tu nous tiens !

Voici un extrait de Mururoa File déclassifié en mars 2021 : « A l’aide des documents militaires déclassifiés, Disclose et Interprt, en collaboration avec le programme Science & Global Security de l’université de Princeton, ont réévalué les doses de radioactivité reçues par la population à la suite de Centaure. Notre reconstitution montre que la totalité des habitants de Tahiti et des îles alentours, les îles sous-le-vent, a été exposée à une dose supérieure à 1 millisievert (mSv), le niveau de contamination requis pour être reconnu comme victime des essais nucléaires. Ce serait donc 110 000 personnes qui pourraient demander réparation à l’Etat dans le cas où elles auraient contracté l’une des 23 maladies radio-induites reconnues comme une conséquence des retombées« .

Bien évidemment, les résultats de cette enquête sont contestés par l’État. François Bugaut, délégué à la sureté nucléaire de la Défense, lors du point presse de la commission d’informations sur le nucléaire le 30 novembre 2021, a déclaré « Les calculs de l’enquête Toxique sont faux ! ». Selon de nouvelles expertises, Disclose aurait mal interprété les chiffres de la première enquête de 2006 sur les retombées radioactives des essais nucléaires entre 1966 et 1974. L’Etat dresse donc un bilan très positif : d’après les autorités françaises, les taux sont bons, et la déclassification des archives sur le nucléaire promise aux Polynésiens progresse. 31 cartons sur 100 ont été ouverts et 90 pourcent sont accessibles au public. 6% des documents triés restent néanmoins scellés, car estimés trop « dangereux » selon Patrice Latron, représentant du Ministère des Armées.
Ci-dessous un récent ouvrage écrit par le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). Le Haut-commissaire Eric Spitz martèle : il faudra “tourner la page” du nucléaire, mais la tâche ne sera pas aisée. « Il y aura toujours un dialogue, au moins pendant encore une génération, à entretenir”.

On reste toujours dans l’éternelle exception à la règle : le fameux « conflit d’intérêt » ne s’appliquant pas à l’Etat qui détient toutes les informations pour décider, ce qu’on peut dévoiler et ce qu’on ne peut pas dévoiler, pour des « raisons d’État ! »
Mais revenons à l’épuisement certain de l’énergie fossile, en attendant, est-ce une raison d’adopter la politique de l’autruche. Malheureusement dans ce débat de « l’énergie nucléaire qui dérange » on omet souvent de distinguer le nucléaire militaire du nucléaire civil qui a ses propres applications utiles dans l’électricité et dans le domaine médical où on utilise les radioéléments (isotopes radioactifs) à des fins d’étude, de diagnostic via imagerie et de traitement des pathologies comme le cancer. Dans notre article n°4/16, nous avons parlé d’un retour à l’atome avec Claude ALLEGRE. Nous y voilà !
L’Académie des sciences dans son avis du 8 juillet 2021 nous a rappelé ce truisme : «Les énergies renouvelables intermittentes et variables, comme l’éolien et le solaire photovoltaïque, ne peuvent pas, seules, alimenter un réseau électrique de puissance de façon stable et pilotable si leur caractère aléatoire n’est pas compensé. Il faut pour cela disposer de capacités massives de stockage d’énergie et/ou d’unités de production d’énergie électrique de secours pilotables. Le stockage massif d’énergie, autre que celui déjà réalisé au moyen des centrales hydroélectriques de pompage-turbinage, demanderait des capacités que l’on ne voit pas exister dans les décennies qui viennent. La pilotabilité, en absence de ces dernières, ne peut être assurée que par des centrales nucléaires, si l’on exclut les centrales thermiques utilisant les énergies fossiles.»
Fabien Bouglé, expert en politique énergétique et lanceur d’alerte écologiste français, dans son livre choc « Nucléaire Les vérités cachées » d’octobre 2021, réhabilite le nucléaire face à l’éolien, en termes géopolitiques (voir le Figaro Vox du 05/10/2021). Cette politique de baisse du nucléaire remplacé par les éoliennes est une trahison d’État. C’est une folie pure et une atteinte au sens commun. Elle contraindrait la France à ouvrir 20 centrales aux gaz d’ici 2027 avec une augmentation notable des émissions de gaz à effet de serre. Bouglé dénonce l’Allemagne d’être lancée dans une guerre économique offensive contre le nucléaire français, auprès de la Commission européenne. Une armée de lobbyistes allemands travaillent pour empêcher que le nucléaire français n’intègre la liste des activités considérées comme « vertes » en raison de son caractère décarboné et susceptible de recevoir d’importants financements européens. Tout récemment, la première série d’obligations européennes a été lancée sans le nucléaire mais en intégrant le gaz comme source électrique de transition alors qu’elle émet 500 g eqco2/kilowattheure (voir tableau infra). Le projet allemand est de profiter de notre sortie du nucléaire pour nous vendre ses éoliennes (65% des éoliennes installées en France sont allemandes) tout en nous soumettant au gaz russe dont il va devenir le distributeur en Europe après la construction du gazoduc Nord Stream 2. En continuant dans cette voie, la France va perdre sa souveraineté électrique et sera soumise au diktat de l’industrie allemande et à son approvisionnement en gaz.

D’ailleurs, en octobre 2021 Michel Gay a dénoncé que depuis près de 20 ans, la politique énergétique de l’Europe influencée par l’Allemagne est un désastre qui se traduit aujourd’hui par une augmentation rapide des prix du gaz et de l’électricité.
Selon Samuel Furfari (Professeur de géopolitique de l’énergie à l’Université libre de Bruxelles, Président de la Société européenne des Ingénieurs et Industriels) : « l’énergie est souvent abordée à travers une approche politique, économique ou géopolitique. Bien que pertinente, elle se révèle toutefois insuffisante, voire secondaire. L’énergie est avant tout une question de technologie, de physique et de chimie« .

Méditons sur le message du professeur Bertrand CASSORET : « N’en voulez pas trop aux politiques si la situation se dégrade, ils ne peuvent rien contre les Lois de la physique » (« Transition énergétique – Ces vérités qui dérangent » de Bertrand Cassoret 2018 Avant-propos page XIV). Jean-Marc Jancovici en a rajouté dans franceinfo du 23/05/2022 : « M. Macron pense qu’on peut changer les lois de la physique par un vote à l’Assemblée nationale, je pense que M. Macron se trompe. »
Au lieu donc, de tirer des plans sur la comète avec une solution 100% solaire-éolienne, comme le sous-entendent nos écologistes de la « Team brouette », soyons réalistes, mais pas défaitistes.
L’ingénieur polytechnicien Jean-Marc JANCOVICI, face aux critiques des écologistes anti-nucléaires, démonte les arguments anti-nucléaires un par un, dans une vidéo d’Éthique et tac de février 2023. Par ailleurs, il sous-entend que « le vers est dans le fruit« ! Oui, notre démocratie est un « système myope, lent, incohérent souvent », incapable de faire face au défi. « Un drame fondamental dans la démocratie est de réconcilier ce sujet-là [le climat], qui est un sujet d’hyper long terme, avec la volatilité d’une démocratie qui est un système hyper court terme. » En fait, on ne répondra pas au changement climatique « sans l’usage de la contrainte, sûrement pas ». La Chine [avec sa gouvernance autoritaire] serait un bon modèle de vision à long terme pour faire accepter une réduction des émissions de 4 % par an! Dans ouestfrance du 21/05/2022 il rajoute : » … Le nucléaire reste un élément majeur à terme mais effectivement l’inertie de sa mise en route fait qu’on ne peut pas compter sur une contribution additionnelle en moins de 10 ans. Dans un monde sans combustibles fossiles, la part de nucléaire conditionnera fortement la part de civilisation industrielle qu’il nous restera. Qu’est-ce qui va changer ? Je ne crois pas un seul instant que nous pourrons conserver ce qu’on continue d’appeler « notre niveau de vie » dans un monde 100% renouvelable. C’est la raison pour laquelle je suis un grand défenseur du nucléaire. C’est la seule énergie pilotable, compacte et décarbonée dont nous disposons. Les énergies renouvelables sont certes décarbonées mais souvent diffuses et pas toujours pilotables. Le peu de « civilisation industrielle » qu’on arrivera à préserver dépendra de notre recours ou pas au nucléaire. » La messe est dite!
Christian Gollier, professeur au Collège de France et directeur général de Toulouse School of Economics, qu’il a cofondé en 2007 avec Jean Tirole prix Nobel d’économie 2014, dans l’Echos du 04/06/2022 affirme que le nucléaire a sa place dans l’équation de la transition énergétique : « En Europe, la filière [nucléaire] a prouvé sa capacité à produire de l’électricité de manière fiable et à un prix peu élevé. Même si elle engendre des déchets, dont le stockage, soit dit en passant, ne générera pas des coûts gigantesques. Le nucléaire fait partie de la solution.«
Dans une note publiée le 24 mars 2021 François Bayrou, haut-commissaire au Plan, exhorte Emmanuel Macron à sortir de l’ambiguïté sur l’avenir énergétique de la France. La France, tranche-t-il, ne pourra en aucune façon se passer du nucléaire si son objectif reste de lutter contre le réchauffement climatique. Et il est urgent, s’alarme-t-il, de le dire aux Français, trompés par des débats publics occultant systématiquement les « contraintes naturelles, physiques, scientifiques… LCI relance le débat en démêlant, tant bien que mal, le vrai du faux : « Cinq mythes et réalités sur l’énergie nucléaire« .
Le 13 décembre 2022 Henri Proglio, président d’honneur d’EDF, décrit devant une commission parlementaire à l’Assemblée nationale, comment le lobbying allemand a réussi à imposer une règlementation de l’Union européenne qui a défavorisé l’avantage concurrentiel d’EDF dans l’énergie nucléaire. Sa présentation est édifiante. Elle permet de mieux comprendre la situation actuellement difficile d’EDF, pourtant un fleuron national dans le domaine de l’énergie nucléaire.
Dans The Conversation du 12 juillet 2023, l’article « France-Allemagne, frères ennemis de la transition énergétique« confirme cette différence de vision dans la politique énergétique entre ces deux pays moteurs de l’Union européenne.
En réalité, l’Allemagne a dit non à la fission, mais pas à la fusion (voir l’article de Kevin CHAMPEAU 19 Sep 2023, dans Révolution énergétique). En effet, Berlin a annoncé en septembre 2023 une enveloppe de 1 milliard d’euros dans des programmes de recherche sur la fusion nucléaire, dans l’espoir de pouvoir lancer une centrale le plus rapidement possible.
Yves Bréchet, haut-commissaire à l’énergie atomique jusqu’en 2018, polytechnicien, spécialiste incontestable des matériaux et de l’énergie, président du conseil scientifique de Framatome, multiconseiller scientifique et membre de plusieurs académies des sciences, le 28 novembre 2022, a réglé ses comptes avec la république des incapables et a pilonné l’inculture scientifique des dirigeants et leur manque de vision stratégique. Les décisions en matière nucléaire ont été prises avec « une ignorance stupéfiante« . » L’État est un canard sans tête« ; regarder la vidéo Yves Bréchet, audition « Souveraineté et indépendance énergétique de la France« , 29 novembre 2022.
Je vous invite à visionner également la vidéo datée du 10/04/2023 sur Thinkerview « France : la stratégie du canard sans tête ? » où est interviewé Yves Bréchet. Le titre de la vidéo en dit long sur la stratégie de la France pour le développement de son énergie (spécifiquement nucléaire) que Bréchet assimile au « sang de notre économie ». En effet, TOUTES les activités dans une économie fonctionnent obligatoirement avec de l’énergie (voir au chrono 23:00). D’ailleurs, j’irai même jusqu’à dire que l’énergie est omniprésente dans notre vie quotidienne. C’est simple : sans énergie, il n’y a pas de vie sur terre ! Tout être vivant pour se maintenir en vie a besoin de consommer de l’énergie.
1- Une nouvelle vision du nucléaire ?
L’emblématique écologiste Brice LALONDE, ancien ministre de l’Environnement et sous-secrétaire général de l’ONU a retourné sa veste en déclarant dans la Voix du Nord le 24/01/2016 : « J’appelle les écologistes à tenir compte du nucléaire qui n’émet pas de CO2 et qui est sûr dans nos pays. J’étais un antinucléaire farouche mais il ne faut pas fermer la porte à ces technologies quand il y a urgence à engager une transition vers une énergie propre« .
De même, François de Rugy ancien ministre de la transition écologique et de la solidarité est aussi moins critique en déclarant dans Le Monde du 28/01/2019 : » Il ne s’agit pas, je tiens à le dire très clairement, d’une stratégie de sortie du nucléaire, mais d’un rééquilibrage, dans lequel le nucléaire a toute sa place. Nous considérons que dans la production d’électricité, en France, et sans doute en Europe et dans le monde, le nucléaire peut jouer un rôle, puisqu’il présente une production totalement décarbonée « .
Dans l’article intitulé « Le nucléaire a sauvé deux millions de personnes ! » le Point du 05/04/2019 le très connu écologiste anti-nucléaire de UC Berkeley, l’américain Michael Shellenberger qui ne croit plus en l’énergie renouvelable capable de remplacer l’énergie fossile, est devenu un fervent défenseur du nucléaire comme solution au changement climatique. Voir sa présentations sur TedX « How fear of nuclear power is hurting the environment« .

Dans son livre « Apocalypse zéro » octobre 2021, il tacle les écologistes dont « l’alarmisme environnemental nuit à l’humanité« .

D’autres scientifiques se sont ravisés comme le Dr James HANSEN qui fût un des premiers climatoalarmistes en 1988 à incriminer, avec certitude devant le Sénat américain, le CO2 d’origine anthropique. Il prône maintenant l’énergie nucléaire pour résoudre définitivement nos besoins croissants en énergie. Voir cette vidéo Youtube qui peut désoler les antinucléaires.

Bien évidemment, il y a toujours ceux qui sont contre l’énergie nucléaire : voir l’article de TIM JUDSON AND LINDA PENTZ GUNTER, OPINION CONTRIBUTORS — The Hill du 12/21/21 : « Nuclear power has no business case and could make climate change worse« . Ils « croient dur comme fer » ou du moins sous-entendent que l’énergie renouvelable (EnR) ayant pesé en 2015 pour 13,7% (Biomass déchets 9.7% + Hydroélectricité 2.5% + Eolien Solaire Géothermie 1.5%) dans notre consommation mondiale d’énergie primaire, pourra satisfaire tous nos besoins en énergie (Sic!); pour mesurer le degré d’absurdité de cette affirmation, voir l’article précédent n° 15/16.
Celia Izoard dans son article « Le plan hydrogène français entérine discrètement la relance du nucléaire » (Reporterre du 2/2/2021) relate qu’en 2017, le président Macron s’était engagé à faire baisser la part du nucléaire dans le mix électrique en France à 50% d’ici 2025. Trois ans plus tard, l’objectif est enterré et la perspective inversée : le gouvernement fait de l’énergie nucléaire (pour produire de l’hydrogène « jaune » à partir de l’électrolyse de l’eau) un atout pour le climat en lui consacrant 470 millions d’euros prélevés sur les trente milliards consacrés à la «transition écologique». Rappelons le procédé de production de l’hydrogène par l’électrolyse de l’eau : grâce à un courant électrique on décompose l’eau (H2O) en oxygène (d’un point de vue chimique, du dioxygène, O2) et en hydrogène (d’un point de vue chimique, du dihydrogène H2). Mais le procédé exige :
- une production en série de gigantesques électrolyseurs, eux-mêmes grands consommateurs de métaux ou de produits toxiques [6];
- des quantités d’électricité considérables pour l’électrolyse elle-même.
L’hydrogène est dit «vert» quand cette électricité est issue de source EnR, et «jaune» quand elle provient des centrales nucléaires, peu émettrices de CO2 [7]. Il existe aussi un hydrogène «bleu» qui, lui, n’est pas produit par électrolyse, mais par reformage de gaz fossile (réaction chimique qui casse les molécules d’hydrocarbure sous l’action de la chaleur pour libérer le dihydrogène) dont on tente ensuite de capturer les émissions de carbone.
Dans mon article n° 10/16 « Et la Polynésie dans tout cela ? Conclusion du débat scientifique« , je rapportais qu’au World Economic Forum du 24/12/2020, l’hydrogène (Can we crack the hydrogen puzzle this time around?) a encore fait le buzz avec le rappel des mêmes contraintes de la physique ci-dessus! Selon Samuel Furfari Professeur en géopolitique de l’énergie et chimiste de formation, « l’homme a besoin de rêve pour vivre. Mais si le rêve s’est révélé faux plusieurs fois, ce n’est plus du rêve, c’est de l’utopie. C’est ce que nous vivons avec l’hydrogène qui est présenté comme une solution pour la transition énergétique. » Donc oui, « l’hydrogène est le carburant du futur … et il le restera! »

Le Green New Deal (GND) lancé par Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) dans sa version originale proposait la suppression progressive de l’énergie nucléaire dans le mixte énergétique. Le 19 mai 2020, cette dernière s’est ravisée en déclarant que l’énergie nucléaire finalement faisait partie des options à étudier (GND leaves the door open for nuclear).
En dernier, le commissaire européen chargé du Marché intérieur, Thierry Breton, invité de la REF (Rencontre des Entrepreneurs de France) a annoncé le 26/08/2021, concernant la transition énergétique : « Pas de green deal sans nucléaire« . Il a notamment rappelé que la production d’hydrogène (présenté comme une des principales énergies du futur), à partir d’eau, nécessitait un courant électrique pour créer la réaction chimique nécessaire. Et pour cela, le nucléaire reste le meilleur outil; voir également la conclusion de l’article Réchauffement Climatique n°10/16.
D’ailleurs à juin 2023, un « plan Marshall » en France pour recruter des futurs professionnels, a enfin été demandé par la filière nucléaire. Trois ministres étaient concernés : la Transition énergétique, la Recherche et la Formation professionnelle.
2- Le compte n’est pas bon et le GIEC soutient … le nucléaire
Sans aborder l’opportunité de l’énergie nucléaire, dans The Conversation du 6 avril 2021, Victor Court, enseignant-chercheur en économie à IFP School, IFP Énergies nouvelles, a résumé la problématique dans son article : « La demande énergétique mondiale est sous-estimée, et c’est un vrai problème pour le climat« . Il nous met en garde contre la plus part des modèles climatiques (logiciels) qui « manquent d’un certain réalisme face à la complexité de « l’effet rebond« . Puisqu’environ 50 % des économies d’énergie semblent compensées par ce phénomène, il est urgent que la communauté des modélisateurs le prenne plus au sérieux et parvienne à mieux l’intégrer dans leurs équations. Parfois appelé « paradoxe de Jevons », du nom du premier économiste à l’avoir étudié au milieu du XIXe siècle, l’effet rebond correspond à l’ensemble des mécanismes économiques et comportementaux qui annulent une partie, ou la totalité, des économies d’énergie résultant des gains d’efficacité. Par exemple, si les ingénieurs parviennent à diminuer de moitié la consommation d’essence nécessaire pour parcourir un kilomètre en voiture, les automobilistes peuvent dépenser deux fois moins d’argent pour parcourir la même distance, mais ils peuvent aussi parcourir deux fois plus de kilomètres avec le même budget ! L’histoire nous montre que c’est la seconde option qui a été suivie, en augmentant au passage le poids, le confort, la vitesse maximale et la puissance des voitures. Ainsi, en abaissant le coût d’un service donné – s’éclairer, se déplacer, se chauffer, se nourrir, se divertir –, l’efficacité énergétique engendre un surcroît d’utilisation de ce service : on s’éclaire plus, on se déplace plus, on se chauffe, on se nourrit et on se divertit davantage grâce aux gains d’efficacité énergétique. »
Le professeur Jacques FOOS dans son livre de 2011 « Peut-on sortir du nucléaire ? » a soigneusement simulé trois scénarios possibles d’évolution de nos besoins dans le monde en « énergie primaire » jusqu’à fin 2050.

Face à ses simulations « têtues », il conclut aux p. 132-136 que même avec la part du nucléaire progressant de 5,88% à 10,5%, un déficit énergétique entre 2,5 à 27 GigaTep persistera en 2050. Tous les scénarios de M. FOOS montrent que la relance mondiale du nucléaire est obligée d’avoir lieu pour répondre à nos besoins toujours croissants en énergie.
Cette appréhension rejoint les conclusions du rapport du 28/05/2019 de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) l’autorité mondiale la plus sérieuse dans ce domaine « Nuclear Power in a Clean Energy System » ; selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE « sans une contribution importante de l’énergie nucléaire, la transition énergétique mondiale sera d’autant plus difficile« .

The Role Of Nuclear Power In A Clean Energy System Jun. 12, 2020 Summary :
- Nuclear power has historically been the most critical source of zero-carbon emission electricity globally.
- Policies in the developed world appear likely to result in the marginalization of nuclear power.
- A fade in nuclear power will likely produce an increase in the importance of natural gas in power markets
- Increase in the cost of electricity to consumers which may impact economic growth.
- Increase in the cost and timeliness of addressing climate change;
L’AIE « s’inquiète du déclin du nucléaire qui pourrait provoquer une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Elle plaide pour des mesures de soutien à l’énergie nucléaire pour l’éviter. Elle met en garde, si les gouvernements ne modifient pas leurs politiques actuelles, les économies avancées seront en chemin pour perdre les deux tiers de leur flotte nucléaire, risquant une énorme augmentation des émissions de CO2. Sans investissements dans le nucléaire, il serait beaucoup plus difficile d’atteindre un système énergétique durable. » (voir Le Point du 28/05/2019 à 09 :36).
Dans l’article daté du 9/11/2015 « COP 21 : le GIEC soutient le… nucléaire !« , le GIEC confirme que l’énergie nucléaire fait partie de la solution pour réussir la transition énergétique. « Elle est une technologie à faible émission de CO2 et peut contribuer à la lutte contre le changement climatique« . Dans son dernier rapport final 2018 « Global Warming of 1.5 °C » page 16, le GIEC a simulé dans le mix énergétique l’apport croissant de l’énergie nucléaire dans ses 4 différents scénarios de mix énergétique P1, P2, P3 et P4. Pour les curieux, voici un extrait du tableau de la page 14, concernant la contribution de l’énergie nucléaire (voir la version en français sortie après):


Selon le site web, certes pronucléaire, de la Société française d’énergie nucléaire, Nuclear for climate a publié le 20/11/2018 :
“All IPCC scenarios require more nuclear.
Finally, it should be noted that the four IPCC scenarios involve negative emissions as of 2050.
Analysis of the scientific scenarios
Under Chapter 2 of this report, the IPCC studied 85 scenarios which aim to limit global warming to 1.5°C by 2100. The median output of nuclear energy more than doubles between 2020 and 2050 (from 10.84 to 22.64 EJ) under these scenarios. Its share in the overall electricity mix remains significant at around 9 % in 2050.”

On peut être en désaccord sur cette « interprétation pronucléaire » des chiffres mais il est dommage qu’il faille aller « fouiner » dans les données scientifiques de ce rapport final 2018 pour se rendre compte que le GIEC, pour simuler sa prévision de 1,5 °C de changement climatique d’ici 2100, n’avait peut-être pas d’autre choix (pour éviter des résultats totalement irréalistes) que de prendre comme hypothèse une part croissante du nucléaire dans le mix énergétique comme suit :
- Une production d’énergie nucléaire doublée de 2020 à 2050
- Une part de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique qui s’élèvera à 9% en 2050 comparés aux 6% prévus en 2035 par l’AIE (voir supra).
Le débat sur ce même rapport 2018 du GIEC mais en version 2019 française a refait surface le 12 avril 2021 entre Arnaud Montebourg et le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle. Voici la conclusion : Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) anticipe une progression du nucléaire dans ses scénarios qui permettraient de contenir la hausse de la température globale. Mais cela s’accompagne d’un recours accru aux énergies renouvelables … Roland Séférian … insiste également sur le fait que « le Giec est non prescriptif », qu’il se contente de donner la « meilleure information » aux « décideurs ». Le Giec ne fait pas des « recommandations » mais des « observations », remarque aussi Jean Jouzel.
Comme d’habitude, le débat s’est terminé par un « coup d’épée dans l’eau« , probablement pour éviter de reconnaître la place incontournable de l’énergie nucléaire dans le futur mix énergétique mondial. D’ailleurs, selon André Merlin, fondateur de RTE : « Il faudrait 50 EPR d’ici à 2060, un scénario 100% renouvelables n’est pas réaliste » (voir La Tribune du 16/02/2022).
A ce sujet, voir « Les scénarios mondiaux de l’énergie à l’horizon 2050 » du Conseil français de l’Energie (World Energy Counsel) publié en 2013, page 15 concernant la part croissante du nucléaire (légende couleur mauve) dans la production mondiale d’électricité. Il est de notoriété publique que les conclusions pro-EnR du GIEC sont mieux relayées dans la presse internationale que la place incontournable de l’énergie nucléaire, souvent mise sous le boisseau.
Le Président du GIEC, Hoesung Lee, lors de la conférence de l’AIEA en octobre 2019, a détaillé les conclusions du rapport spécial SR1.5 publié en 2018. Le nucléaire doit relever deux principaux défis : la compétitivité par rapport aux autres technologies non fossiles, et l’accélération de son rythme de déploiement ; il conclut : « Je vous souhaite de réussir à relever ces défis car le climat a besoin de toute l’aide possible ! ». Par ailleurs, selon M. Fatih Birol : « Nous devons regarder toutes les technologies propres. Le solaire et l’éolien sont importantes. Mais nous pensons que le nucléaire et le carbon capture and storage (CCS) sont aussi importants. Nous ne pouvons avoir le luxe de choisir notre technologie préférée ».
Quant au coût de production de l’énergie nucléaire en France, plusieurs sources donnent des chiffres différents oscillant entre 3,6 xpf/kWh à 7,4 xpf/kWh le Coût Courant Économique-CCE correspondant au coût global moyen sur toute la durée d’exploitation du parc nucléaire incluant les frais d’assainissement-démantèlement (source Cour des comptes mai 2014).
En tout cas en France le coût d’approvisionnement en énergie nucléaire avoisine actuellement les 5 xpf/kWh (42 euros MWh); voir la partie des 37% au tableau de la CRE à l’article RC n°14/16. Notre prix de Vente « énergie » EDT-nord de 34 à 37 xpf/kWh (voir le tableau Structure du Prix kWh ligne 6 à l’article n° 14/16) est donc 7 fois plus cher qu’en France. Bien évidemment, les économies d’échelle sont très différentes. Mais tout de même, on parle d’un différentiel de prix de +700% uniquement pour le prix de l’énergie, excluant les taxes et le transport.
3- Cette énergie nucléaire qui émet moins de CO2
L’urgence du réchauffement climatique a « bousculé » le débat sur le nucléaire qui est l’énergie la plus abondante et la plus « concentrée ». Son avantage majeur – dans une analyse complète de cycle de vie – est d’émettre très peu de gaz à effet de serre (GES), responsables du changement climatique (voir le diagramme ci-dessous : Émission de GES de différentes sources d’électricité, exprimées en g de CO2 par kWh. Les fourchettes Min et Max reflètent des différences dans les méthodes d’évaluation [figure de Bertrand Barré à partir de données de D. Weisser, IAEA mai 2006].

Ci-dessous plusieurs graphiques (voir RC n°13/16) qui démontrent, avec quelques différences selon les sources, que l’énergie nucléaire émet moins de CO2.

Celui ci-dessous du GIEC de 2014 montre que l’énergie nucléaire (en termes de CO2 émis equivalent g/kWh produit) n’émet que 12 g CO 2eq/kWh contre :
- 820 g CO 2eq /kWh pour le Charbon; soit 68,3 fois plus = 820/12
- 490 g CO 2eq/kWh pour le Gaz naturel; soit 40,8 fois plus = 490/12
- 41 g CO 2eq/kWh pour le solaire PV; soit 3,4 fois plus = 41/12
- 24 g CO 2eq/kWh pour l’hydroélectricité; soit 2 fois plus = 24/12

Le chiffre ci-dessus pour l’énergie nucléaire de 12g CO 2eq /kWh diffère de celui ci-dessous de 3,7g CO 2eq /kWh.

Une autre source (RTE) montre une émission de 0 g CO2/kWh pour le nucléaire contre 6 g de CO2/kWh produit sur l’ensemble de son cycle de vie, estimé par Jean-Marc Jancovici le 18/03/2020.

A titre indicatif, au 10/10/2021, le site web electricitymap.org qui rapporte en temps réel l’Intensité carbone (gCO₂eq/kWh) émanant de la production électrique de chaque pays, confirme l’excellente 13ième place mondiale de la France avec 35g contre 372 g pour l’Allemagne classée 64ième; soit 10,6 fois moins!
Par ailleurs, la fermeture en 2019 de la centrale nucléaire Indian Point à New York a augmenté de 46% [(174-119)/119] en Average CO2 Intensity kg per MWH (axe vertical du graphique ci-dessous) dans la production électrique, impliquant une hausse de 37% d’émission de CO2.

Donc quoi qu’il en soit, l’énergie nucléaire n’empire pas les émissions de CO2!
4- Cette énergie nucléaire qui fait peur
Voici les résultats d’un sondage montrant sans surprise que le solaire est nettement mieux perçu que le nucléaire bien que cette dernière soit aussi « verte » en termes de GES.


Voici une vidéo Youtube de Sunniva Rose, Docteur en physique nucléaire, qui présente l’énergie nucléaire sous l’angle scientifique afin de combattre cette psychose mondiale du nucléaire.
Cependant, le problème du traitement des « déchets nucléaires » (spent nuclear fuel) est souvent sous-estimé dans le débat public : « the dangers and impracticalities of spent nuclear fuel have, if anything, been under-emphasized. “Nobody has yet given a satisfactory answer to the question of what to do with thousands of metric tonnes of high-level nuclear waste, some of which can remain radioactive, and thereby lethal, for up to 300,000 years,” the Financial Times astutely points out. At present, it’s estimated that 250,000 metric tonnes of spent nuclear fuel is sitting in storage in 14 countries, primarily sitting in cooling pools at shuttered nuclear facilities as a temporary measure until someone, anyone, can figure out what to do with them. All this waste, in addition to being hazardous, is also – quite simply – a big pain in the ass. Finding areas that are willing to store such waste is no easy task, and often comes at a hefty price. In the UK, the cleanup of the Sellafield plant is expected to take more than 100 years with a price tag of over £90 billion (~$USD 122 billion). Across the pond in the US, the cost of spent nuclear fuel storage hit $7.5 billion back in 2019, a bill that has been passed to taxpayers.«
Mais dans cette angoisse face à la radioactivité, il est vrai qu’il est plus facile de faire peur que de rassurer !
5- L’énergie nucléaire revisitée
Alors que l’Europe et les États-Unis avaient de l’avance dans le domaine du nucléaire civil depuis 1985, la Chine poursuit sans relâche ses recherches dans la « fusion nucléaire« . Ironie du sort la France rencontre des difficultés de génie civile (pas du réacteur en lui-même) pour l’EPR de Flamanville (réacteur nucléaire européen à eau pressurisée de troisième génération) alors que cette même technologie de Framatome-Siemens KWU fonctionne bien en Chine-Taishan sous l’assistance technique d’EDF ! (voir RTL François LENGLET du 21/06/2019).
Selon Jean-Dominique Merchet (L’Opinion du 11 avril 2021), le nucléaire militaire TechnicAtome est le «contre-exemple» flagrant du fiasco de l’EPR. Son PDG Loïc Rocard déclare : « Contrairement au nucléaire civil, nous n’avons jamais arrêté, grâce à la constance des politiques publiques dans la défense. Pour ne pas perdre des compétences, il faut avoir des projets »
La France serait-elle donc dépassée par la Chine dans l’expertise de la construction des infrastructures nucléaires? Loïc Le Floch Prigent, ancien Président d’ELF et de Gaz de France, interviewé dans SUD RADIO le 12/12/2022, parle d’un véritable gâchis du nucléaire français causé depuis 1997, l’arrivée au pouvoir de Lionel Jospin; voir la Crise énergétique : « L’éolien et le solaire, c’est le gaz et le charbon ».
Philippe Herlin, économiste, Docteur en économie du CNAM, dans SUD RADIO du 15/12/2022 confirme comment les décideurs politiques en France, face à la « prééminence politique » des écologistes français en parallèle aux puissants lobbying allemands anti-nucléaires, ont fragilisé la compétitivité d’EDF.
L’ingénieur Jean-Marc Jancovici qui commence à faire le buzz dans le secteur de l’énergie en France dit que « Les problèmes de la filière française sont pour partie, le résultat d’une politique de « stop and go » de l’État, au gré des enjeux électoraux. Cela finit par être délétère sur une filière du temps long. Si, le temps qu’EDF reprenne ses esprits, on demandait aux Chinois de construire trois réacteurs en France, cela ne me dérangerait pas plus que cela !
Hervé Kempf dans Reporterre du 25 mai 2021, résume la position de JANCOVICI sur la question du climat-énergie dans les termes suivants :« Les politiques sont nuls et les économistes racontent n’importe quoi, parce que les uns et les autres méconnaissent les lois de la physique. Celles-ci dictent que les ressources énergétiques fossiles sont géologiquement limitées. Or l’économie repose fondamentalement sur l’énergie, et la croissance économique depuis la Révolution industrielle ne dépend que de l’abondance des énergies fossiles. Problème : le pic pétrolier est inévitable, donc il y aura moins d’énergie, et l’économie va fortement se contracter. Par ailleurs, le changement climatique est engagé de manière irréversible, et pour éviter ses pires conséquences, il faut réduire les émissions de gaz carbonique — probablement par la contrainte, la démocratie se révélant désespérément inefficace face aux enjeux de long terme. Réduire les émissions suppose de réduire la consommation — si le pic pétrolier ne l’imposait pas assez rapidement — et de relancer l’énergie nucléaire, qui émet peu de CO2 et coûte bien moins cher que les énergies nouvelles« .
Ci-dessous un graphique montrant un regain de la capacité nucléaire dans le monde, grâce notamment à la Chine.

Michel Gay prédit que « la Chine sera le leader mondial dans tous les domaines nucléaires dans 15 ans, et peut-être même avant« . Premier pollueur mondial (28% des émissions mondiales de CO2; chiffres à jour au 12/8/20) qui a largement bâti sa croissance économique à partir des énergies fossiles (Voir mon article RC 12/16 : Les réalités économiques), ce pays poursuit, au nez et à la barbe des mouvements anti-nucléaires dans le monde, la construction chaque année de nouvelles centrales électriques au charbon, très polluantes. Est évocateur cet article dans Ouest-France du 19/08/2022 : « La Chine a multiplié par huit sa production d’électricité nucléaire en moins de vingt ans. Et vingt nouveaux réacteurs sont en construction« .
Au 4/12/20, l’agence de presse Chine nouvelle a rapporté que la Chine a réussi à activer le premier réacteur expérimental à fusion nucléaire. Si la Chine et la Russie ont maintenant une avance, faut-il croire que la recette de leur succès est d’avoir été dirigées d’une main de fer pour avancer à marche forcée dans ce domaine. Avec un retard dans le développement de l’énergie, les puissances économiques occidentales risquent à terme de dépendre de ces deux pays partisans du dirigisme de l’Etat.
Selon le site belge FORUM nucléaire : « Au 1er janvier 2019 … La capacité mondiale de production d’électricité nucléaire est en progression depuis 4 ans … L’AIE anticipe d’ici 2040 une augmentation de la production d’énergie nucléaire d’environ 46 % ». Bien que l’énergie nucléaire ait baissé de 16,5% en 1997 à 10% en 2017, vu de 1980 à 2011 on voit plutôt un élargissement de la bande rouge ci-dessous.

Déjà en 2020, la production mondiale d’énergie nucléaire était menée par quatre pays dont :
- Les États-Unis pour 30,9% avec 96 réacteurs en marche
- La Chine pour 13,5% avec 50 réacteurs en marche. Pendant que les anti-nucléaires entravent les projets de l’Occident sur l’énergie nucléaire, la Chine poursuit sans relâche son développement avec 150 nouveaux réacteurs prévus pour les prochaines 15 années!
- La France pour 13,3% avec 58 réacteurs en marche
- La Russie pour 7,9% avec 39 réacteurs en marche

Selon BP Statistical Review of World Energy, la consommation mondiale d’énergie primaire a doublé au cours des 35 dernières années ; ce qui en dit long pour nos énormes besoins qui vont progresser en parallèle de l’évolution démographique mondiale. A priori, seule l’énergie nucléaire semble malheureusement pouvoir combler ce futur déficit énergétique, selon le Prof FOOS (voir supra).
Rappelons que l’énergie primaire est l’énergie disponible à l’état brut dans la nature avant toute transformation : le pétrole, le gaz, le charbon, le bois, l’uranium, le vent, les rayons solaire, l’océan, etc. L’électricité n’en fait pas partie puisqu’on n’en trouve pas dans la nature ; il faut la fabriquer. Le poids de l’énergie nucléaire n’a été que de 4,5% en 2017.

Ci-dessous, la répartition de la production mondiale d’électricité pour 2017 par type de source d’énergie et par pays (Source : Blog de Laurent Horvath). Le nucléaire a pesé cette fois-ci pour 10,2% contre 22,9% pour EnR (16,3% hydro + 6,6% solaire, éolien et autres). Selon The World Nuclear Supply Chain Outlook 2040, la construction de 109 nouveaux réacteurs nucléaire serait dans les tuyaux, sachant que 442 sont aujourd’hui opérationnels et 50 sont en construction. Dans les deux prochaines décennies, le chiffre d’affaires réalisé des compagnies d’électricité utilisant l’énergie nucléaire augmenterait de 2 % par an, dont 68 % proviendraient de la zone non OCDE, incluant la Chine.


6- L’énergie nucléaire contenue dans le noyau de l’atome
D’une façon sommaire, à la base de l’énergie nucléaire on a :
- un atome (taille ≈ 10-10m) presque entièrement vide;
- au centre de cet atome, le noyau (taille ≈ 10-14m) concentrant plus de 99,9 % de la masse atomique et dans lequel une énorme force nucléaire interne comprime (contre la force de répulsion électrostatique), les nucléons de taille ≈ 10-15m :
- les neutrons (N) de charge neutre;
- et les protons (Z) de charge positive (+) déclinés sous 118 différentes configurations électroniques correspondant aux éléments connus du Tableau périodique;
- un certain ratio (nombre de protons / nombre de neutrons) dans le noyau isotopique détermine :
- la stabilité du noyau isotopique : si la force nucléaire de cohésion > la force électrostatique de répulsion entre protons;
- ou l’instabilité du noyau isotopique : si la force nucléaire de cohésion < la force électrostatique de répulsion entre protons; on a alors de la radioactivité (énergie nucléaire) déclinée en 3 types de rayonnements radioactifs pour aboutir à des éléments ou des isotopes plus stables :
- α (alpha) particule, qu’une feuille de papier peut arrêter : le noyau isotopique de l’atome instable perd 2 protons + 2 neutrons l’équivalent du noyau de l’Hélium mais sans les 2 électrons. On déduit donc 4He2+ du noyau isotopique instable initial pour trouver l’élément final obtenu.
- β (bêta) particule, qu’une feuille d’aluminium peut arrêter; le noyau isotopique de l’atome instable émet soit un électron (e–) soit un positon (e+) qui est en fait un électron positif qui s’annule face à e–. On parle de désintégration bêta moins (β−) pour l’émission d’un électron (particule chargée négativement) ou de bêta plus (β+) pour l’émission d’un positon (particule chargée positivement); source Wikipédia accédé le 14/07/2022;
- γ (gamma) particule, qu’une une forte épaisseur de plomb ou de béton peut arrêter;
- autour du noyau, grâce à la force nucléaire de cohésion gravite un nuage d’électrons (taille ≈ 10-18m) de charge négative (-) répandus sur un espace 10 000 à 100 000 fois plus étendu.
Si dans l’univers toute matière dont le corps humain est constitué d’atomes, alors logiquement notre corps représente aussi presque qu’un vide!
Donc les atomes forment notre univers qui est constitué de matière et de rayonnements d’énergie (dont la propagation permanente des « photons » à la vitesse de la lumière de 299 792 458 m/seconde, la plus élevée de l’univers) interagissant sous quatre formes. Ces quatre interactions élémentaires sont responsables de tous les phénomènes physiques observés dans l’Univers, chacune se manifestant par une force dite force fondamentale. Ce sont :
- l’interaction électromagnétique avec « la particule du rayonnement électromagnétique » ou tout simplement la lumière;
- l’interaction faible ou force nucléaire faible qui est responsable de la désintégration radioactive de particules subatomiques et est à l’origine de la fusion nucléaire dans les étoiles. Par exemple, elle permet la datation au carbone 14 (6 protons + 8 neutrons) qui est instable (radioactif) : à la mort d’une espèce vivante, au bout de 5 730 ans, 50% de sa quantité de carbone 14 se désintègrera pour se transformer en azote.
- l’interaction gravitationnelle qui est la force en jeu la plus faible, par laquelle deux objets ayant une masse, s’attirent mutuellement. Par exemple sur terre (avec une variation d’environ 0,5% plus élevé aux pôles qu’à l’équateur), lorsque quelqu’un chute d’un arbre, son corps est attiré vers le sol par la force de la gravité à une valeur de la pesanteur normale approximative de 9,81 m/s².
- l’interaction nucléaire forte (strong nuclear force) qui s’opère que grâce à l’espace infiniment petit à l’intérieur du noyau de l’atome de taille ≈10-15 m (1 mètre divisé par 1 000 000 000 000 000 ou 1 million de milliards) où deux forces distinctes très disproportionnées s’opposent :
- d’une part, l’existence d’une force nucléaire (ou force naturelle) énorme qui maintient la cohésion entre les protons et les neutrons;
- d’autre part, la force de répulsion électrique beaucoup moins forte entre les protons qui se repoussent mutuellement, vu leur charge électrique identique (++);
Concernant l’interaction nucléaire forte qui s’opère que grâce à l’espace infiniment petit à l’intérieur du noyau de l’atome de taille ≈ 10-15 m où réside cette « énorme force naturelle » qui maintient la cohésion des neutrons et des protons, c’est en allant modifier ce noyau par la fission ou la fusion nucléaire qu’on libère cette énorme énergie nucléaire (le fameux « défaut de masse« voir infra le tableau) dont la problématique est justement de pouvoir la maîtriser.
La radioactivité (rayonnement) est provoquée par l’instabilité des noyaux atomiques (dits radionucléides ou radioisotopes) qui se désintègrent pour se transformer spontanément en d’autres atomes.
Un nucléide est un type d’atome (ou de noyau atomique) caractérisé par le nombre de protons et de neutrons qu’il contient, ainsi que par l’état d’énergie nucléaire dans lequel il se trouve1. En cela, il se différencie de l’isotope qui n’est identifié que par son nombre de protons et de neutrons. Il peut donc exister plusieurs nucléides pour un même isotope (source Wikipedia).
Ci-dessous la carte des nucléides (environ 3000 en majorité instables) montrant le nombre de protons (Z) en fonction du nombre de neutrons (N) de l’isotope en question. Sachant que :
le nucléon = la masse atomique A = le nombre de protons Z + le nombre de neutrons N,
à partir de cette équation A = Z + N
- sur l’axe vertical (y) on a le nombre de protons Z = A – N ;
- sur l’axe horizontal (x) on obtient le nombre de neutrons N = A – Z
Lorsque le noyau d’un atome a la « bonne » proportion de protons et de neutrons, il reste stable (i.e. non radioactif) au cours du temps : ce sont les cases noires. Plus le noyau d’un atome est lourd plus sa stabilité exige que ses neutrons soient plus nombreux que ses protons ; d’où l’inclinaison de la courbe des cases noirs par rapport à la droite Z = N. Quand il y a trop de protons ou trop de neutrons (zones au-dessus et en-dessous de la courbe des cases noires), le noyau va se débarrasser plus ou moins vite des protons ou des neutrons en excès pour revenir vers les cases noires représentant la « vallée de la stabilité » des noyaux isotopiques ; on parle alors d’un processus de radioactivité dans lequel l’atome se désintègre en émettant des rayonnements ionisants dont il faut se protéger » Voir « Pourquoi le nucléaire » de Bertrand Barré p. 35. Voir également le Youtube du CEA intitulé « La vallée de la stabilité, la physique nucléaire animée« .

7- L’énergie nucléaire par la fission du noyau de l’atome :
On « bombarde d’un neutron le noyau d’un atome lourd comme l’uranium 235 pour créer une réaction en chaîne et dégager 2 millions de fois plus d’énergie que brûler la même masse de charbon » (voir François GERVAIS L’urgence climatique est un leurre -page 164 à comparer aux 50 millions fois plus infra). Malheureusement l’uranium 235 implique de la radioactivité (demi-vie de 710 millions d’années).


voir la fameuse formule d’Albert Einstein : E = mc2

Toute la problématique de l’énergie nucléaire est justement de pouvoir maîtriser cette puissance « dégagée » dans le noyau de l’atome qui est à la fois « terrifiante » à cause de la radioactivité en chaîne créée et « exceptionnelle » à cause de l’énorme quantité d’énergie dégagée.
Dans sa présentation TEDx 2013 le Dr Sunniva ROSE explique que la fission de l’uranium 235 par le choc des neutrons permet de dégager 50 millions fois plus d’énergie (par réaction efficiente du noyau atomique) que pour la même réaction, mais obtenue par la combustion du charbon : 790 gr d’uranium fissile correspondent en potentiel d’énergie à brûler de 3 000 tonnes de charbon.
Ci-dessous un schéma du Docteur Sunniva Rose montrant comment la fission nucléaire modifie la masse atomique (A = nbre protons Z + nbre neutrons N) des atomes qui ont plusieurs versions (appelées « isotope« ) selon leur nombre de neutrons; voir le sens des flèches vertes et rouges. L’uranium naturel (extrait de son minerai) contient plusieurs versions d’uranium (isotopes) dont l’uranium 235 (0,719%) qui ne cause pas de souci et l’uranium 238 (99,275%) qui lui cause un souci puisqu’il « absorbe le neutron qui lui est bombardé » pour se transformer en plutonium dangereux avec sa masse atomique qui passe de 238 à 238+1 ; soit 239.
- Uranium 238 —> Uranium 239 —> Neptunium 239 —> Plutonium 239 —> Am —> Cm
- Thorium 232 —> Protactinium 233 —> Uranium 233; le thorium 232 « absorbe » le neutron qui lui est bombardé pour se transformer en uranium 233 (un excellent matériau fissile et moins dangereux que le plutonium) avec sa masse atomique qui passe de 232 à 232+1 ; soit 233.
Voir également les vidéos :
- d’Elina Charatsidou : »Nuclear Physicist EXPLAINS – What are Thorium Reactors?« .
- « Energy Future Unveiled! THORIUM Molten Salt Reactors«

8- L’énergie nucléaire par la fusion de deux noyaux atomiques :
L’énergie produite par la fusion nucléaire est 4 à 5 fois supérieure à celle produite par la fission nucléaire. On fusionne les noyaux des isotopes Deutérium et Tritium pour produire de l’Hélium, un gaz inerte non toxique et non radioactif. « La fusion nucléaire dégage d’énormes quantités d’énergie provenant de l’attraction entre les nucléons (protons et neutrons confondus) due à l’interaction forte (voir « énergie de liaison nucléaire »). La masse de l’atome obtenue par fusion étant inférieure à la somme des masses des deux atomes plus légers (comme dans la fission, apparition du fameux « défaut de masse »), une partie de cette masse est transformée en énergie sous sa forme la plus simple, la chaleur, selon la formule d’Einstein E=mc²… Cette réaction est à l’œuvre de manière naturelle au coeur du Soleil et dans la plupart des étoiles de l’Univers« .


Cette tentative de recréer l’atome et donc de se rapprocher de l’instant T0 du Big Bang est encore au stade de la recherche et rencontre d’énormes contraintes techniques. En effet, la fusion nucléaire est plus difficile à réaliser que la fission nucléaire car la matière doit être portée à une très haute température sous une très forte pression.
Faute de gravité suffisante sur Terre pour vaincre la « répulsion par l’énergie coulombienne » (entre le proton du Deutérium et celui du Tritium puisqu’ils sont de même charge positive) la matière doit être portée à 100-150 millions °C. A cette température très élevée, les électrons sont séparés des noyaux et le gaz se transforme en plasma qui est l’environnement propice pour que les éléments légers puissent fusionner et générer de l’énergie« . Il n’y a pas de risque nucléaire « puisque les conditions pour la fusion nucléaire sont tellement difficiles à remplir sur terre qu’en cas de problème pour y atteindre, le plasma se refroidit en l’espace de quelques secondes et les réactions nucléaires ne s’emballent pas, mais cessent« . Ce même processus est à l’œuvre au cœur du soleil de manière naturelle mais seulement à 15 millions °C. En effet, comparé à la Terre, le soleil, qui a un diamètre 109 fois plus grand et une masse de 330 000 fois plus, a la force gravitationnelle suffisante pour contenir ces très hautes températures.
Voici une excellente vidéo du CEA qui décrit « La fusion nucléaire – Comment ça marche ? ».

Les entreprises privées « start-up », se sont engouffrées dans ce secteur très prometteur. Selon Greg De Temmerman, chercheur associé à Mines ParisTech-PSL. Directeur général de Zenon Research, Mines ParisTech, « en 2021, on compte plus de 25 entreprises privées lancées dans la course à la fusion, soit 4 fois plus qu’en 2008. Même la France compte une start-up, Renaissance Fusion, fondée en 2019. Ces entreprises sont pour la plupart financées par des fonds d’investissement, et parfois soutenues par des grands noms tels Jeff Bezos (General Fusion) et Bill Gates (CFS). Deux d’entre elles, Helion Energy et Commonwealth Fusion System (CFS), se sont récemment illustrées en annonçant des levées de fonds de 500 millions et 1,8 milliard de dollars, respectivement. Le total des investissements cumulés dépasse dorénavant les 4 milliards de dollars… bien loin du budget national pour la recherche publique aux USA, qui était de 670 millions de dollars en 2020. »
On sait tous que quand les entreprises privées, attirées « vertueusement » par l’appât du gain, s’intéressent à une opportunité commerciale, en général elles font beaucoup mieux que les entreprises publiques « budgétivores » qui dépendent des contribuables écrasés par une « pression » fiscale déjà élevée.

TAE technologies, la plus grande société privée spécialisée dans la fusion nucléaire, a annoncé la commercialisation de son premier réacteur à fusion nucléaire pour 2025-2030, grâce à la technique « d’apprentissage machine« .

La start-up du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Commonwealth Fusion Systems a annoncé un délai de 10 ans (donc d’ici 2030) pour la mise au point de leur projet Construction of a reactor, Sparc.
En août 2021, le laboratoire public californien Lawrence Livermore National Laboratory (LLNL) a déclaré avoir pu produire 1.3 megajoules (MJ); ce qui est 25 fois plus par rapport à leur expérience de 2018. « The experiment was enabled by focusing laser light from NIF — the size of three football fields — onto a target the size of a BB that produces a hot-spot the diameter of a human hair, generating more than 10 quadrillion watts of fusion power for 100 trillionths of a second.«

En décembre 2022, ce même LLNL situé en Californie, a déclaré avoir obtenu un « gain net d’énergie de 120% » d’un réacteur à fusion expérimental. Cette information a été relayée par CNN le 12/12/2022 : « Scientists see breakthrough in ‘holy grail’ of clean energy, report says« .
Bien évidemment, pour les anti-nucléaires comme Yves Marignac est chef du pôle énergies nucléaire et fossiles de l’institut NégaWatt : « la communauté scientifique génère, par sa communication, des illusions technologiques sur lesquelles une partie de la communauté politique s’appuie pour éviter toute remise en cause du modèle productiviste et consumériste. Ça nourrit un technosolutionnisme délirant. Tout cela se fait peut-être au profit de la science fondamentale — sous cet angle, ces avancées sont significatives —, mais aux dépens des priorités d’action que l’on connaît, qui sont elles déjà disponibles, et non des fantasmes envisageables dans des décennies ou des siècles : la sobriété, l’efficacité et les énergies renouvelables. »
Le duo milliardaire Bill Gates & Warren Buffet sont engagés dans leur projet TerraPower dont la technologie utilise la fission nucléaire avec des réacteurs refroidit à l’eau salée (The plant will be cooled with liquid sodium instead of water, making it safer, more efficient, and more cost-effective than a traditional nuclear plant).
Si avec toutes ces entreprises en compétition on arrive à maîtriser la fusion nucléaire et à minimiser son coût, alors l’humanité aura décroché le Graal énergétique. En effet, l’hydrogène est l’élément le plus abondant de l’Univers : 75 % en masse et 92 % en nombre d’atomes. On le trouve dans l’eau (H2O), dans tous les composés organiques en association avec le carbone. Par exemple dans le corps humain, l’hydrogène représente 63 % des atomes et 10 % de la masse.
Les anti-nuléaires, qui ne cessent de contrer les entreprises du monde occidental qui avaient pourtant de l’avance technologique, ne se rendent pas compte des enjeux de cette course mondiale dans la mise au point de la fusion nucléaire. Quand le monde occidental manquera d’énergie, ces mêmes anti-nucléaires épris de liberté et de justice accepteront-ils de perdre ces valeurs démocratiques en quémandant une aide énergétique à la Chine communiste qui n’a que « foutre » des libertés individuelles ? Pas si sûr!
9- Une conclusion plutôt pessimiste sur l’évolution énergétique
Voici mon cri d’alarme « sans langue de bois » pour interpeller nos jeunes marcheurs polynésiens pour le climat :
- vu notre rejet de l’énergie fossile (charbon, pétrole et gaz naturel) pour ses émissions de CO2 dont l’effet sur le réchauffement climatique aurait été caché par les sociétés pétrolières (« marchants de doute« ) ;
- vu notre rejet catégorique de l’énergie nucléaire ;
- vu l’intermittence ou facteur de charge et les capacités de production très limitées des EnR : 3% de la consommation mondiale d’énergie ;
- vu l’énergie électrochimique encore très limitée pour stocker l’électricité;
- la cerise sur le gâteau, vu l’opposition farouche des associations de protection de la nature aux projets hydroélectriques et éoliens;
Alors par quelle autre source (mis à part le potentiel actuel limité du solaire) peut-on remplacer l’énergie fossile qui subvient actuellement à plus de 80% de nos besoins énergétiques ? Selon World Energy Outlook 2019 la production mondiale du pétrole amorcera sa phase d’épuisement durant la décennie 2030 (rappelons l’épuisement du pétrole c’est dans 53 ans, en prenant pour hypothèse de calcul « at current production levels » – voir l’article n°11/16), impliquant une déstabilisation de son cours si le gaz naturel n’arrive pas le remplacer à temps. Pour ceux qui ne le réalise pas encore, 2030 c’est pour bientôt ! Et ce sera aussi comme par hasard la fin du contrat de la concession de distribution EDT-Nord le 30 septembre 2030 … Serait-ce un scénario qu’on n’en parle pas pour nous mettre d’ici là au pied du mur et nous faire accepter de basculer au gaz les futurs groupes électrogènes de la Punaruu ? Pure coïncidence, mais attendons 2030 …

Rappelons que l’extraction et le transport du gaz naturel impliquent des fuites de méthane qui est au moins 21 fois plus puissant que le CO2 en termes de GES ; voir l’article n° RC13/16. La part des émissions de méthane (CH4) liée à l’exploitation pétrolière et gazière dans les émissions mondiales de GES représente 6% soit 2,4 gigatonnes de CO2 équivalent (source FTEN).

Ci-dessous le cours mondial du baril de pétrole en dents de scie, depuis 1970. Ce graphique montre la difficulté à l’appréhender sur le long terme. À titre indicatif, voici une interview de 1979 d’un de mes intellectuels français préférés, Raymond ARON qui essaye d’expliquer l’évolution du cours du pétrole, suite aux deux chocs pétroliers de 1974 et de 1979.

Les grandes puissances mondiales se battent, en coulisses, pour assurer au préalable leurs intérêts géostratégiques dont l’approvisionnement en énergie, car sans énergie, une économie s’arrête.
La pénurie de carburant à Hiva Oa en Juin 2022 nous a donné un avant-goût en pénalisant toute une partie de l’activité économique de l’île. Les jardiniers, les traiteurs, les loueurs de voitures ou de scooter ne peuvent plus travailler correctement d’où un manque à gagner évident. De même que la crise mondiale de la Covid-19 a entrainé une baisse drastique de notre consommation d’énergie. Par ailleurs, la guerre en Ukraine lancée par Poutine le 24 février 2022 a contribué à une flambée du cours du pétrole et à une inflation mondiale.
Dans mon article « Indépendance ou Autonomie : ma façon d’y voir« , j’ai mis en exergue le rôle clé de la géopolitique. Si la France est noyée dans ce rapport de force géopolitique entre les Etats-Unis et la Chine, que dire dans tout cela de la Polynésie si elle était SEULE car INDEPENDANTE?
En analysant le trafic maritime dans l’Océan Pacifique, on se rend compte que la Polynésie est très isolée des grands ports d’approvisionnement en énergie fossile, dont Singapour.

Dans ce scénario pas si irréaliste du « sauve-qui-peut », l’Etat assurera en priorité pour l’Hexagone la sécurité de l’approvisionnement en énergie fossile. Puisque « charité bien ordonnée commence par soi-même« , pour éviter le risque d’effondrement provoqué par une pénurie certaine d’énergie fossile, manifestons pour « mettre le paquet » dans la réalisation en priorité sur Tahiti de grands projets de barrages, de fermes solaires et d’éoliens; ce qui va certainement augmenter le coût de notre énergie finale. Ci-dessous le rappel des coefficients énergétiques ou facteurs d’énergie primaire, pour convertir l’énergie primaire en l’énergie finale. Certes un mix énergétique à 100% en énergie renouvelable est encore une utopie techniquement (voir l’article n°15), mais l’objectif urgent est bien de maximiser son développement. Pour le cas de la Polynésie, ce qui compte le plus stratégiquement, c’est la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles importées.

Mis à part l’énergie électrique, le taux de conversion de toutes les autres énergies est de 1 (énergie primaire = énergie finale) : cela concerne le fioul, le charbon, le gaz mais aussi le bois, le vent, l’eau et le soleil, qui nécessitent peu ou pas de transformation pour leur utilisation finale.
Pour l’électricité, 1 kWh en énergie finale équivaut à 2,58 kWh en énergie primaire. Cela signifie qu’il faut 2,58 unités d’ « électricité primaire » pour produire 1 unité d’ « électricité finale » utilisable par le consommateur. Ce taux de conversion, normalisé, a été calculé en prenant en compte le rendement moyen de production d’électricité dans les centrales de France, qui est de 43,5% [c’est-à-dire que 100 unités de chaleur primaire dans les centrales nucléaires génèrent 43,5 unités d’électricité, le reste correspondant à l’énergie qui s’est dissipée pendant la transformation, souvent sous forme de chaleur] ainsi que les pertes lors de la distribution de l’électricité produite qui sont de 5%. On a donc un rendement de production d’électricité de 38,5%, d’où le coefficient 2,58. Source : Rappel 27 Mai 2019 accédé le 01/06/2022
Selon l’AIE, l’autorité mondiale en matière d’énergie, les derniers chiffres 2019 montrent une stagnation à 33 gigatonnes des émissions mondiales de CO2 provenant de notre consommation d’énergie. Ce qui est une très bonne nouvelle pour le monde entier. Ci-dessous la courbe mondiale en question émise par le compte Twitter de Fatih BIROL, Directeur exécutif actuel de l’AIE :

Les raisons principales de cette baisse mondiale :
Grâce à la politique mondiale pro EnR engagée par les pays développés dans :
- la production d’électricité ;
- le basculement de l’utilisation du charbon vers le gaz naturel ;
- et aussi malheureusement pour les anti-nucléaires, la hausse de la consommation en énergie nucléaire !
Donc soyons enthousiastes et cherchons à améliorer la baisse de nos émissions de CO2 sans trop compromettre la croissance économique, créatrice d’emplois. Cessons d’agiter l’épouvantail de la fin du monde avec une stratégie qui propose hypocritement une réduction drastiques et irréalistes de nos émissions de CO2 par une baisse brutale et inévitable du PIB mondiale (voir notre article n°13/16). La pandémie du COVID-19 en début 2020 a entrainé à l’échelle mondiale certes, une baisse significative de nos émissions de CO2, mais au prix d’une chute brutale de l’activité économique et d’une terrible détresse humaine, épargnant bien évidemment les fonctionnaires qui ont la garantie d’un emploi stable à vie. Cette option de « confinement mondial » où tout le monde restera chez soi en consommant moins d’énergie, est un mode de vie encore irréaliste !
Nos futures générations seront mises au pied du mur, espérons, le plus tôt possible pour juger d’eux-mêmes comment compléter leur « mix énergétique ». Tout simplement posé : est-ce que l’EnR est capable de remplacer notre consommation d’énergie primaire qui était pour la Polynésie de 296,9 KTep en 2017 (317,19 – 20,29 EnR ; 1 KTep = 11,63 GWh donc 296,9 KTep X 11,63 GWh = 3 453 GWh = 7 millions panneaux PV chacun de capacité 0,495 MWh/an ; soit un carré de 3,4 km en panneaux PV). En l’état actuel de nos avancées technologiques pas du tout.
En tout cas pour la France, selon le spécialiste Jean-Marc JANCOVICI : « Sans le nucléaire, on n’a aucune chance d’y arriver » ! Il pense : « D’abord, il faut arrêter de penser « énergie égale électricité ». Il n’y a pas de raison de changer une électricité déjà décarbonée, or l’essentiel de nos moyens est consacré à cela ! En développant l’éolien et le solaire chez nous, nous perdons sur tous les tableaux : pas de baisse d’émissions, moins d’emploi car on augmente les importations. Enfin, nous allons garder la puissance nucléaire en garantie, mais baisser son facteur de charge en fonction du vent et du soleil.
- Première possibilité : EDF augmente le prix du kilowattheure pour avoir les moyens d’entretenir un parc resté identique avec une production diminuée. Le consommateur paie alors deux fois : une fois pour le nucléaire, une autre pour les ENR.
- Deuxième possibilité : EDF doit être périodiquement recapitalisé. Et tout cela pour perdre de l’emploi et ne rien gagner en CO2 ni en risque nucléaire. Il faut arrêter tout de suite.

Ce débat public est loin d’être clos. Il évoluera certainement avec le concept sur les limites à la croissance ou la prospérité sans croissance comme sujet tout aussi passionnant. Oui, comment répondre au principal dilemme de notre temps : concilier notre aspiration à une bonne vie avec les contraintes d’une planète finie.
Du côté des Etats-Unis, le réalisateur de documentaires Michael Moore nous invite à rester optimiste; alors que du côté de la France, le spécialiste de l’énergie et du climat Jean-Marc Jancovici continue à dénoncer l’ignorance des médias français qui ne comprennent rien aux questions d’énergie.
Dans cette honteuse fuite en avant face au déficit énergétique qui nous pend au nez, les polynésiens devraient sérieusement s’intéresser à cette problématique qui nous tient en haleine.
Sommaire des articles du dossier :
Le réchauffement climatique : pourquoi tant de controverses
Sommaire du sujet écrit en 16 articles parus dans Tahiti Pacifique Magazine de Mai 2019 à Décembre 2019
I- LE DEBAT DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
1/16 -Le réchauffement climatique : le décor est planté
- Le « réchauffement climatique est devenu le « changement climatique »
- D’emblée plantons le décor!
- Tout a commencé avec Al Gore et sa fameuse courbe de température
- Les principaux protagonistes du débat sur le réchauffement climatique
- La prédominance médiatique des climatoalarmistes
- Le bal des climatoalarmistes hypocrites : faites ce que je dis mais pas ce que je fais
2/16 – Le réchauffement climatique : des objectifs politiques inavoués
- L’implication du politique dans le débat
- « Le machin » qu’on appelle l’ONU où il n’y a aucun chef
- La nature du GIEC : politique ou scientifique ?
3/16 – Le réchauffement climatique : un débat mal engagé
- Un bref historique du débat expliqué par un scientifique français
- Le scandale en 1998 de la courbe de température en « cross de hockey »
- Le scandale en 2009 du Climategate ou l’incident des e-mails du Climatic Research Unit
4/16 – Le réchauffement climatique : une appréciation scientifique difficile
- La Terre et son enveloppe atmosphérique avec les différentes couches thermiques
- L’effet de serre : la molécule à l’état gazeux dihydrogène (H2) formant l’eau (H2O) a un Pouvoir de Réchauffement Global (PRG) 11 fois plus que la molécule dioxyde de carbone (CO2)
- L’effet d’albédo
- Le bilan énergétique de la Terre
- Cette « satanée » de CO2 émise par l’activité humaine depuis la Révolution industrielle au 18ième siècle
- La fameuse courbe Keeling de CO2 qui constaterait la lente extinction de l’humanité
- La molécule CO2, cette mal-aimée au cœur du débat scientifique
- Le paradoxe de l’œuf et de la poule : c’est la température qui commande scientifiquement la teneur en CO2 dans l’atmosphère et pas l’inverse comme le sous-entendent les climato-alarmistes
- La molécule CO2, essentielle à la photosynthèse
- La molécule CO2, essentielle à notre respiration
- La molécule CO2, une part essentielle dans nos boissons
5/16 – Le réchauffement climatique : une idéologie et l’avènement de l’informatique
- Une nouvelle idéologie : le « réchauffisme » ?
- Le dernier rapport SR1.5 d’octobre 2018 du GIEC vu par le Prof. Ray BATES
- L’avènement de la simulation informatique et des mathématiques appliquées dans la climatologie (modélisation climatique ou « computer-simulation models »)
- Les prévisions de température par tâtonnement expérimental via informatique
6/16 – Le réchauffement climatique : Les arguments des climato-réalistes en France
- Etienne VERNAZ
- Professeur Vincent Courtillot
- Professeur François Gervais
- Jacky RUSTE
- Philippe Bousquet et Jean-Louis Dufresne
- Marie-Antoinette Mélières
7/16 – Le réchauffement climatique : Les arguments des climato-sceptiques aux Etats-Unis
- Steven E. Koonin
- Dr Richard Alan KEEN spécialiste en climatologie University of Colorado at Boulder
- Dr. Jay LEHR science director THE HEARTLAND INSTITUTE
- Watts Up With That?
- Dr Roy Warren SPENCER Principal Research Scientist IV University of Alabama Huntsville
- Dr. Patrick MICHAELS, Directeur au Cato Institute & Dr John CHRISTY University of Alabama in Huntsville
- M. Ivar GIAEVER – prix Nobel de Physique 1973
- M. Kary MULLIS – prix Nobel de Chimie 1993
- M. John CLAUSER – prix Nobel de Phyiques 2022
- Freeman Dyson de l’Université de PRINCETON décédé le 28/02/2020
- Dr. Rex J. Fleming mathématicien Ph.D. en science atmosphérique de l’Université de Michigan
8/16 – Le réchauffement climatique : Les arguments des climato-sceptiques en Europe (hors-France)
- « L’augmentation forte des concentrations de CO2 liée à la combustion des fossiles depuis 1750, n’est pas scientifiquement établie »
- « L’élévation de la température moyenne globale du demi-siècle passé n’est pas atypique par rapport aux 1300 dernières années »
- « Le CO2 provenant des combustibles fossiles ne contribue pas, en tout cas pas significativement, à la hausse de température depuis le milieu du 20ième siècle ».
- « La théorie du changement climatique dû à l’homme se base sur des modèles ou simulations numériques avec tous les aléas, hypothèses et approximations que de tels modèles comportent. Les modèles sont une aide à l’analyse mais ils ne constituent en aucun cas une preuve scientifique »
- « Les observations mettent en évidence d’autres facteurs majeurs (Soleil, volcans, courant océaniques, nuages, aérosols, etc.) dans l’évolution du climat, dont le GIEC ne tient pas ou pas suffisamment compte ».
9/16 – Le réchauffement climatique : Les arguments des climato-sceptiques en Australie
- Les gaz volcaniques composés de CO2 à teneur de 5% à 25%
- L’acidification des océans
- La technique « d’homogénéisation » des données statistiques
- La saturation du CO2 dans l’absorption des rayons infrarouges réémis de la Terre
- Les flux et la pondération du CO2 dans l’écosystème
MON OPINION SUR LE DEBAT DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
- La recherche d’une « vérité absolue » qui n’existe pas en science
- Le cas de la montée des eaux en Polynésie française
- L’homme est-il réellement responsable du réchauffement climatique ?
- La vapeur d’eau (nuages) cette grande inconnue dans le modèle climatique
- La modélisation affinée du climat
- Conclusion du débat scientifique sur le réchauffement climatique
- a. L’évolution de la concentration de CO2 dans l’atmosphère
- b. La prochaine (6ième) extinction massive des espèces?
- c. Rappel du point de départ du développement de l’espèce humaine
- d. Quel serait le taux de CO2 idéal dans l’atmosphère?
- e. L’impossibilité de revenir au niveau d’équilibre de 280 ppm du début de la révolution industrielle en 1750
- f. Allons-nous vers un effondrement inéluctable de l’espèce humaine?
- g. Les 9 limites planétaires à ne pas dépasser
- h. Quelques pistes pour ne pas sombrer dans la « collapsologie »
- i. Le véhicule à hydrogène : un buzz qui n’a jamais été une bonne idée selon le Dr Richard MULLER de UC Berkeley
- j. L’hydrogène comme source d’énergie durable? Tout d’abord, comment produire et stocker le dihydrogène (H2)
- k. Ensuite une fois le gaz dihydrogène (H2) séparé du gaz dioxygène (O2) et stocké à part, comment consommer l’énergie induite par la formation de l’eau : H2O
- l. Le débat sur l’avenir de « l’hydrogène » dont le H2 a un pouvoir de réchauffement global (PRG) 11 fois plus que le CO2″
- m. Après ce long débat passionnant sans sombrer dans le « transhumanisme«
II- LA POLITIQUE ENERGETIQUE AU REGARD DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
11/16 – Le réchauffement climatique : une économie que l’on essaye de « d’acclimater »
- La politique énergétique : un corollaire du réchauffement climatique
- Tout d’abord, c’est quoi l’énergie ?
- Pourquoi parler de l’énergie dans le débat du réchauffement climatique ?
- Les trois piliers du développement durable : l’écologie, l’économie et le social
- Le développement durable et la lutte contre la pauvreté
- Le débat dichotomique du développement mondial : pays riches contre pays pauvres
- Le financement des dégâts climatiques par les pays riches, principaux responsables du réchauffement climatique
- La fiscalité pour financer la transition énergétique
- Le classement des émissions de CO2 d’origine anthropique
- Le dilemme : le réchauffement climatique et la lutte contre la pauvreté
- Le réchauffement climatique et la course au développement économique
- Prix Nobel 2018 économie-climat
- Conclusion
12/16 – Le réchauffement climatique : les réalités économiques
- La politique énergétique et ses contraintes
- La grande différence entre « l’énergie produite » et « la puissance installée«
- Le réchauffement climatique et la consommation d’énergie liée au niveau de vie d’un pays
- Les pays qui émettent le plus de CO2
- Les écarts de consommation d’énergie entre pays
- Conclusion
13/16 – Le réchauffement climatique : l’économie « propre »
- La molécule d’hydrogène (H2) contenue dans les nuages (H2O) faisant partie des gaz à effet de serre, réchauffe 11 fois plus le climat que le CO2
- Le gaz à effet de serre Méthane (CH4) réchauffe 21 fois plus le climat que le CO2
- Est-ce réaliste d’imaginer un monde sans bovins ou sans riz?
- La neutralité carbone et les « puits de dioxyde de carbone (CO2) » communément appelés « puits de carbone«
- L’économie propre exprimée en CO2 émis
- Les objectifs très ambitieux voire irréalistes du GIEC
- Les enfants montent au créneau
- Conclusion
14/16 – Le réchauffement climatique : la place prépondérante de l’électricité
- Les différents types d’énergie : un peu de vocabulaire
- La voiture électrique : un cas atypique
- Le poids de l’électricité dans la production d’énergie finale
- Le poids prépondérant de la production d’électricité dans les émissions du CO2
- L’impossible défi du 100% EnR avec l’éolienne et le solaire
- La stabilité du réseau électrique
- Notre électricité de Tahiti
- L’avenir du marché de l’électricité en Polynésie
15/16 – Le réchauffement climatique : la transition espérée vers l’énergie renouvelable (EnR)
- Le « Green New Deal » venu des États-Unis
- La transition énergétique telle enseignée par le partenariat Agence Française de Développement (AFD) et l’École Normale Supérieure (ENS)
- La difficile combinaison « EnR-fiscalité-inégalités »
- Poker menteur
- L’impossible défi d’un mix énergétique à 100% en énergie renouvelable (EnR)
- La passion l’emporte sur la raison ou l’utopie de la croissance verte
MON OPINION SUR LA POLITIQUE ENERGETIQUE
- Une nouvelle vision du nucléaire ?
- Le compte n’est pas bon et le GIEC soutient à demi-mot … le nucléaire
- Cette énergie qui émet moins de CO2
- Cette énergie qui fait peur
- L’énergie nucléaire revisitée
- L’énergie nucléaire contenue dans le noyau de l’atome
- L’énergie nucléaire par la fission du noyau de l’atome
- L’énergie nucléaire par la fusion de deux noyaux atomiques
- Une conclusion plutôt pessimiste sur l’évolution énergétique