La place prépondérante de l’électricité
Sommaire :
- Les différents types d’énergie : un peu de vocabulaire
- La voiture électrique : un cas atypique
- Le poids de l’électricité dans la production d’énergie finale
- Le poids prépondérant de la production d’électricité dans les émissions du CO2
- L’impossible défi du 100% EnR avec l’éolienne et le solaire
- La stabilité du réseau électrique
- Notre électricité de Tahiti
- L’avenir du marché de l’électricité en Polynésie
Dans notre précédent article, nous avons vu que la production d’électricité dans le monde en 2020 a contribué à 41% dans le total des émissions de CO2 provenant de la combustion de l’énergie fossile : voir le tableau ci-dessous colonne gauche à la dernière ligne
Source AIE 2020 Youtube 28/02/2022 chrono 9:58 Nucléaire : une énergie qui dérange [le film]
Il est donc important d’étudier l’électricité dont la consommation est omniprésente dans notre société moderne, à tel point que c’est devenu un produit de première nécessité. La preuve, en 2019, dans les pays pauvres, 840 millions de personnes cherchaient encore à avoir accès à l’électricité, selon la Banque Mondiale (voir aussi World Energy Outlook 2019).
Rappelons un principe fondamental en physique : l’électricité produite doit être consommée immédiatement, car elle est constituée d’électrons en mouvement qu’on ne peut pas stocker (chrono 14:20). Par ailleurs, le stockage de l’électricité sur batteries est encore TRÈS TRÈS loin de pouvoir répondre à nos besoins.
1- Les différents types d’énergie : un peu de vocabulaire
Un peu de vocabulaire pour définir les caractéristiques de l’énergie, avec les pertes énergétiques successives dues aux lois de la physique (voir schéma ci-dessous) :
- Le courant électrique : c’est un déplacement d’électrons (particules chargées ou porteurs de charge) dans des conducteurs d’électricité tel le métal cuivre, bourré d’électrons libres, permettant ainsi leur libre circulation minimisée à l’intérieur, sans le quitter. Le passage du courant dans un conducteur qui oppose une certaine résistance, dégage de la chaleur (effet joule), car les électrons qui passent à 1 mètre/hr s’entre-cognent beaucoup. Comparée à de l’eau dans un tuyau :
- la pression d’eau = la tension qui pousse les électrons et qu’on mesure en volts. Ce qui les pousse, c’est un champ électrique créé par une centrale électrique, une dynamo ou une pile.
- le débit de l’eau = l’intensité ou le débit d’électricité qui circule à travers le cuivre et qu’on mesure en ampères
- L’énergie primaire : c’est l’énergie disponible à l’état brut dans la nature avant toute transformation : le pétrole, le gaz, le charbon, le bois, l’uranium, le vent, les rayons solaires, l’océan, etc. L’électricité n’en fait pas partie puisqu’on n’en trouve pas dans la nature ; il faut la fabriquer.
- L’énergie secondaire : c’est par exemple, la quantité d’énergie électrique qu’il reste (1/3) après la transformation de l’énergie primaire. On brûle un combustible (charbon, gaz, fioul) pour chauffer de l’eau et produire de la vapeur qui va faire tourner une turbine et produire ainsi de l’électricité que l’on qualifiera d’énergie secondaire puisque fabriquée avec 2/3 de pertes d’énergie primaire via un procédé de transformation. C’est aussi le cas pour l’essence, un produit final qui a été raffiné pour faire tourner le moteur d’une voiture.
- L’énergie finale : c’est l’énergie au stade final de la chaîne de transformation de l’énergie, c’est-à-dire au stade de son utilisation par le consommateur final. C’est le cas du courant arrivé au compteur électrique EDT d’un abonné ou de l’essence stockée dans le réservoir d’une voiture.
- L’énergie utile : c’est celle qui procure le service recherché. Par exemple, quand on allume une ampoule à incandescence, on ne récupère que 12% de l’énergie finale ! Le reste est parti en chaleur.

À titre indicatif, après vingt ans de développement, selon l’Union Bancaire Privée de Suisse, ci-dessous la part de l’éolien (2%) et du solaire (1%) dans la consommation finale d’énergie mondiale qui est beaucoup plus large que l’énergie électrique (une énergie secondaire ou finale ; voir tableau infra chiffres 2018 de la Polynésie).

LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, UN COÛT COLOSSAL MAIS UNE MANNE POUR CERTAINES ENTREPRISES
Rappelons que l’énergie finale correspond à celles qui sont utilisées à la satisfaction des besoins de l’homme. La satisfaction des besoins peut être :
- directe, si l’énergie est consommée par un être humain lors d’un usage domestique (se chauffer, travailler sur son ordinateur, se déplacer en voiture);
- indirecte si elle est utilisée dans la production de biens ou de services destinés à la consommation humaine.
La consommation d’énergie finale est :
- soit une consommation directe d’énergie primaire non transformée, comme le charbon brûlé sous les chaudières industrielles dans la chimie ou injecté dans les fours des cimenteries ;
- soit une consommation d’énergie secondaire comme l’essence ou l’électricité.
2- La voiture électrique : un cas atypique
Puisque le secteur du transport a pesé pour 23% dans les émissions de CO2 d’origine anthropique en 2020, il est donc pertinent d’étudier le cas de la voiture électrique. Revoici le schéma de l’article RC n°11/16 qui décompose les sources d’émissions de CO2 d’origine anthropique par secteur d’activité économique :
Global energy-related CO2 emissions by sector – last updated 3 juillet 2020 Source : IEA
Le slogan « Roulons tous en voiture électrique rechargée à partir d’un réseau électrique alimenté, précisons-le bien, par des groupes électrogènes », se heurte à une « loi de la physique » bien connue : l’augmentation de l’entropie qui fait que la qualité de l’énergie se dégrade toujours du concentré vers le dispersé ou de l’ordre vers le désordre p.5.
Source : Polynésie 1ère 30 septembre 2019 –
Ci-dessous la chronologie des pertes dû à l’entropie, en suivant le sens chronologique des flèches noires :
Il faut environ 2,58 à 3 kWh en équivalent d’énergie primaire pour produire 1 kWh d’électricité arrivé au compteur électrique du consommateur final : soit une perte de 2/3 due à l’augmentation de l’entropie.
Donc pour 100 kWh utilisés au départ de l’usine thermique pour produire de l’électricité, seulement 27 kWh au final, est exploitable par la voiture électrique, en déduisant toutes les pertes successives de 73% (100 – 27), liées à l’entropie.
Si mes voitures thermiques et électriques tournent avec du carburant fossile (qui est encore le cas pour Tahiti avec le réseau électrique EDT), il semble encore préférable de l’injecter directement dans la voiture thermique plutôt que d’alimenter une centrale qui va ensuite acheminer l’électricité avec des pertes très importantes entre cette dernière et la finalité : à savoir le moteur électrique de votre voiture. Il faut aussi bien assimiler que face à l’effort (ou dans le froid), l’électrique perd beaucoup de plumes … Le bilan va donc d’autant plus en faveur du thermique si vos besoins s’orientent vers de la prise de poids régulière (enfants, bagages) ou si les vitesses moyennes sont élevées (autoroute).
De plus, le moteur diesel reste le meilleur si on considère le CO2, l’essence étant nettement moins favorable (mis à part à l’éthanol) il faut l’avouer (la suralimentation couplée à l’injection directe haute pression réduit un peu la casse mais de peu).
Le bilan peut toutefois largement être inversé si l’énergie provient d’une autre source comme le solaire par exemple, mais il faudra alors déduire l’énergie qu’il a fallu pour produire et distribuer les panneaux solaires. Et sans en faire la démonstration, et d’après ce que j’en sais, le bilan serait alors nettement plus positif pour la voiture électrique. En attendant cela ne reste qu’ à l’état de théorie, car il faudrait un volume colossal (et même vertigineux !) de panneaux pour remplacer les énergies fossiles.
Donc, le choix pour des bus électriques sur Tahiti ne paraît pas encore justifié, puisque le réseau EDT est fourni par du courant produit principalement par la centrale de Punaruu, qui elle, est alimentée au fioul lourd. En effet, dans notre mix électrique 2018, l’énergie thermique a pesé pour 62,85% sur l’île de Tahiti uniquement (contre 69,8% pour Tahiti + îles). Le Pays considéré comme importateur et consommateur d’énergie finale aura alors abouti à une perte en rendement énergétique de 42% = 2/3 x 62,85%. Ainsi, le Pays a plus intérêt à promouvoir (au détriment des voitures 100% électriques), les moteurs hybrides ou classiques à essence ou diesel pour éviter ces 42% de pertes d’énergie en amont dues à l’augmentation de l’entropie ! C’est l’option macroéconomique stratégique à optimiser en attendant de pouvoir, du moins espérons-le, alimenter à court terme tout le réseau électrique de l’île de Tahiti (EDT-Nord et Secosud) à partir de l’EnR : l’hydroélectricité, l’énergie solaire et, si c’est bien acceptée par les polynésiens, l’option éolienne.
Par ailleurs, la voiture électrique (voir ci-dessous) utilise des technologies qui dépendent énormément de « terres rares » monopolisées par la Chine :
- voir l’interview « L’enfumage de la transition écologique ? » de Guillaume PITRON auteur du livre « La guerre des métaux rares » ;
- voir l’interview LIMIT de juin 2023 « L’EUROPE N’A RIEN VU VENIR ! » – Olivia Lazard :
- elle sous-entend que l’intense course à la croissance du PIB mondial dans le contexte géopolitique est un sérieux frein à la transition énergétique. En effet, quel est le pays qui s’autoflagellerait par une décroissance forcée de son PIB, si les autres nations concurrentes ne font pas de même. D’ailleurs, je ressasse ce mantra du rapport de force permanent entre les grandes puissances économiques et militaires (principalement États-Unis, Chine, Russie) :
- dans l’objectif de mon blog ;
- dans mon article n°11/16 : Le réchauffement climatique et la course au développement économique ;
- dans mon article n°12/16 : Les écarts de consommation d’énergie entre pays ;
- dans mon article n° 13/16 : Au sommet virtuel sur le climat organisé en avril 2021 par le président Joe Biden, où le président à vie Xi Jinpin a déclaré : “To protect the environment is to protect productivity, and to boost the environment is to boost productivity. It’s as simple as that”. Par ailleurs, lors de la COP26 de novembre 2021, au slogan réduisons unilatéralement notre combustion d’énergie fossile dans le monde, les pays africains ont répondu : c’est une bonne idée mais à commencer par les pays riches (The World Needs to Quit Oil and Gas. Africa Has an Idea: Rich Countries First. » As negotiators at the Glasgow climate talks try to agree on greenhouse gas cuts, African leaders say poorer countries can’t be expected to remake their systems as quickly as wealthy ones » ;
- dans mon article n°15/16 : Philippe CHARLEZ décrit dans son livre « Croissance, énergie, climat » p.187 : « Aussi est-il tout à fait utopique de vouloir mondialiser la transition énergétique comme on a mondialisé les échanges économiques. La COP21 ne représente sur ce point qu’un catalogue de bonnes intentions. Une fois retourné sur son lopin de terre chacun oubliera LA transition et ne considérera plus que SA transition restreinte au périmètre de SES intérêts qu’ils soient légitimes ou pas … Le monde de l’énergie est trop complexe, trop stratégique, trop sensible, trop dépendante de l’histoire, de la géographie et de la politique pour pouvoir être mondialisé« .
- et enfin, dans mon article n°16/16 où « la Chine sera le leader mondial dans tous les domaines nucléaires dans 15 ans, et peut-être même avant« .
- elle pointe du doigt l’irréalisme des géopoliticiens européens qui, contrairement à leurs homologues américains, ne se rendent pas compte de la stratégie de prédation de la Chine, dans le domaine énergétique et technologique. Elle dénonce, en fait, cette espèce de poker menteur, dans la réduction mondiale de nos émissions de CO₂, évoquée dans mes articles n° 11/16 et n°15/16.
- elle sous-entend que l’intense course à la croissance du PIB mondial dans le contexte géopolitique est un sérieux frein à la transition énergétique. En effet, quel est le pays qui s’autoflagellerait par une décroissance forcée de son PIB, si les autres nations concurrentes ne font pas de même. D’ailleurs, je ressasse ce mantra du rapport de force permanent entre les grandes puissances économiques et militaires (principalement États-Unis, Chine, Russie) :
- voir l’article de Naveen Athrappully dans The Epoch Times du 11 juillet 2023 : « Major Automakers Criticize EPA’s ‘Extreme’ Electric Vehicle Push » les multinationales Stellantis and Toyota mettent le gouvernement américain en garde, sur les sérieuses limites au développement de la voiture électrique :
- Toyota noted that :
- “hundreds of new mines” will have to be set up globally to produce enough critical materials necessary to manufacture the electric vehicles needed to meet EPA’s 67 percent target.
- The sources for those minerals are almost exclusively outside the U.S., as is most of the mineral processing to turn the ore into usable battery-grade material. And the charging infrastructure (both in-home and public) needed to support that level of electrification is far from where it needs to be,” the company said.
- Regardless of how quickly the needed shift to electrification occurs, vehicles with internal combustion engines (ICEs) will be on U.S. roads in large numbers for decades to come
- Stellantis noted that :
- there could be up to 40 million electric vehicles on the road by 2030, requiring over 5.8 million public chargers. Stellantis reduced the estimates by 35 percent to 26 million vehicles and 3.8 million chargers. At present, there are 200,000 public chargers across the United States.
- Adding in the additional 500,000 chargers proposed under the bipartisan infrastructure law, there could be 700,000 chargers by 2030, which is less than a fifth of the 3.8 million chargers required for the 26 million vehicles estimated.
- Mike McKenna, a deputy assistant to former president Donald J. Trump, noted that :
- We’re obviously not going to have 42 times the lithium we need in anything remotely like the folks who are talking about this transition intend,”
- “The American people don’t want this.” In January, a team of scholars from Providence College and the University of California–Davis published a report warning that America’s transition from internal combustion engine vehicles to EVs can cause a critical shortage of lithium, a key element required for making electric batteries.
- “If today’s demand for EVs is projected to 2050, the lithium requirements of the United States’s EV market alone would require triple the amount of lithium currently produced for the entire global market. This boom in demand would be met by the expansion of mining ».
- Toyota noted that :
L’extraction et le raffinage de ces terres rares, impliquant une forte consommation d’énergie fossile, ont des conséquences néfastes sur l’environnement (voir également le film « Planet of the humans » de Michael Moore, avril 2020).

François-Xavier Pietri, dans son livre réquisitoire « Voiture électrique : ils sont devenus fous » octobre 2022, éclaire l’absurdité économique et la contre productivité sur plan écologique de la décision de la Commission de Bruxelles d’interdire, dès 2035, la vente de tous les véhicules émetteurs de CO2 (à moteurs diesel, essence et même hybrides), pour les raisons principales suivantes :
- un renouvèlement du parc automobile sans les capacités industrielles nécessaires ;
- une couverture nationale de bornes de recharge ridiculement insuffisante ;
- un marché livré pieds et poings liés aux Chinois ;
- une casse sociale massive ;
- un clivage sans précédent entre les nantis et les Français les plus modestes ;
- un lancement dans une course effrénée pour les précieux minerais indispensables aux batteries ;
- l’exploitation du cobalt en Afrique dans des conditions indignes ;
- l’exploitation du lithium qui assèche des millions d’hectares en Amérique du Sud…

En dernier, peu de personnes savent que la fabrication d’une voiture électrique sera largement plus compétitive que celle d’une voiture thermique (moteur à combustion et explosion), pour les raisons suivantes :
- Le moteur classique à combustion et explosion comprend plus de 1 000 pièces détachées contre seulement 50 pour les nouveaux moteurs électriques. La fabrication étant plus simple, il faut moins de main d’œuvre. En termes de coût de production, on parle donc de :
- Le moteur à combustion et explosion comprend 2 000 pièces détachées dans le groupe motopropulseur (powertrain), contre seulement 17 pour la Tesla.
- Le moteur électrique utilise beaucoup de capteurs électroniques dont la fabrication et l’assemblage demandent peu de main d’œuvre.
- The Tesla Giga Press is a giant machine that uses aluminum die casting to make much larger vehicle parts. Again, the goal here is to reduce the number of car parts to make the manufacturing process simpler and more efficient. And yes, that probably means even fewer jobs.
On suppose qu’à cause d’une économie d’échelle moins favorable au départ, la voiture électrique au point (C,Q) du schéma ci-dessous, est encore vendue plus cher qu’une voiture à essence ou diesel au point (C1,Q2). Mais, vu son coût de production qui va s’améliorer de C à C1, la voiture électrique a un bel avenir, si à terme, le problème des « terres rares » sera maitrisé (voir supra).
3. Le poids de l’électricité dans la production d’énergie
La part de l’électricité dans le bilan mondial 2015 de la production d’énergie finale a été de 18,5% et la progression annuelle de cette part est estimée à environ 2% jusqu’en 2035.

En 2016, la production mondiale d’électricité a été générée selon la répartition suivante :

Par conséquent, pour réussir la transition énergétique dans la production mondiale d’électricité, il faudra qu’à court terme l’hydraulique 16,6% et les Autres EnR (5,6%) prennent le relai du Thermique à flamme (65,1%) en supposant que l’énergie nucléaire (10,4%) soit condamnée à décroître dans le mix électrique. Ci-dessous l’évolution de cette même production mondiale d’électricité à fin 2018.

Concernant la Polynésie, les chiffres de 2014 ont montré une énergie électrique issue d’énergies renouvelables à 33 % dont 75 % d’hydroélectricité (donc 24,7% = 75% x 33%), 15 % de photovoltaïque (donc 5% = 15% x 33%) et 10 % de substituts énergétiques (chauffe-eau solaires, SWAC…). On a constaté une bonne évolution pour 2016 puisque 38% de la production électrique de Tahiti était d’origine renouvelable, grâce principalement à l’hydroélectricité. Selon la TEP : « La consommation d’électricité a augmenté beaucoup plus rapidement que la population. En effet, l’île de Tahiti comptait 125 000 personnes en 1986, lesquelles consommaient 196 millions kWh. Cette consommation a atteint 316 et 477 millions kWh respectivement en 1996 et 2006. Ainsi, de 1986 à 2006, la population a augmenté de 45% tandis que ses besoins en énergie croissaient de plus de 145%. Ces dernières années, la croissance est moins forte. En 2012, la population de Tahiti a consommé environ 500 millions kWh« .
Plus récemment, ci-dessous la situation de notre dernier mixte électrique pour Tahiti et les 19 îles en concession EDT (source : les chiffres clés EDT ENGIE EN BREF pour 2018). Attention, le marché de SECOSUD (Tahiti-Sud) est « normalement sous-entendu inclus » pour l’ensemble de l’île de Tahiti.


Selon le Plan Climat Energie PF 2015 p.12, en 2014, la Polynésie a importé 279 millions de Kg de combustibles fossiles (12% en valeur du total des produits importés) correspondant à 94% de l’énergie primaire consommée dans le Fenua.
Donc l’objectif stratégique est de réduire ces importations par plus d’énergies renouvelables (EnR) dont l’hydroélectricité qui, selon Tahiti-Infos du 07/12/2021, a affiché une production-record durant la semaine du 29 novembre au 5 décembre 2021 : 47 632 kWh d’hydroélectricité produits en une heure et 1 075 056 kWh en une journée ; ce qui représente 61% de la production totale d’électricité, incluant les productions d’énergie photovoltaïque soit 7,6%, et d’énergie thermique qui compte pour 31,4%. Le 2 décembre 2021, EDT a constaté un record de placement d’EnR (énergie hydraulique et photovoltaïque) sur le réseau électrique de Tahiti avec un pourcentage de 72,4% contre 27,6% d’énergie thermique.

Mais, nous dépendons des grands projets de barrage qui peinent à « sortir de l’eau » face aux riverains protestataires qui veulent à tout prix préserver leur vallée aux dépens d’une meilleure indépendance énergétique du Fenua. L’hydroélectricité est pourtant l’EnR rêvée par excellence en termes de stabilité contre l’intermittence du courant électrique, de coût de production bas (le Conseil des ministres a fixé son prix de vente à 12,66 f/kWh -voir l’arrêté n° 205 CM du 25 février 2016, article 1), d’émissions de CO2 peu élevées et de rendement énergétique avec quasiment 0% de perte contre les 2/3 mentionnées ci-dessus. Mais, le poids de l’hydroélectricité dans notre mix énergétique à terme ira en s’amenuisant pour deux raisons principales :
- On a quasiment « mangé notre pain blanc » car il nous reste un nombre très limité de grandes rivières à exploiter ; à moins de pouvoir procéder techniquement à d’autres en amont ou en aval tout le long des rivières. Ce qui impliquera plus de surface à inonder et de possibles contestations venant des riverains :
- la vallée de la VAIAHA (qui affiche d’ailleurs une des pluviométries les plus élevées au monde avec 7 mètres par an ; voir ci-dessous la carte d’ATLAS 1993 p. 43) ;
- et la vallée de la TAHARUU (Papara).
- Nos besoins en énergie finale augmenteront en fonction de la croissance démographique. Ce fait est indéniable.

4. Le poids prépondérant de la production d’électricité dans les émissions de CO2
Selon la Banque mondiale, la production d’électricité et de la chaleur dans le monde en 2014 a contribué à 49% dans le total des émissions de CO2 provenant de la combustion de l’énergie fossile. Voyons donc les sources d’énergie qui permettent de produire de l’électricité.


Au 10/10/2021, le site web electricitymap.org qui rapporte en temps réel l’intensité carbone (gCO₂eq/kWh) émanant de la production électrique de chaque pays, confirme l’excellente 13ᵉ place mondiale de la France avec 35 g/kWh contre 372 g/kWh pour l’Allemagne classée 64ᵉ ; soit 10,6 fois moins !
Les chiffres de 2012 du tableau ci-dessus dressent le constat suivant dans la production mondiale d’électricité :
- L’Inde et la Chine (colonnes F et G) avec respectivement 71% et 76% d’utilisation du charbon (ligne 5) pèsent donc lourdement avec leur émission de CO2.
- La France (colonne B), grâce à EDF détenu à 83,7% par l’État, est le bon élève en utilisant 90% de source non carbonée (ligne 11). Elle bénéficie d’une « extraordinaire rente nucléaire » (pour reprendre l’expression de Rémy PRUD’HOMME) avec son parc nucléaire amorti qui lui permet d’offrir un coût en électricité décarboné très bas. Bien évidemment, les détracteurs anti-nucléaires brandiront les gros risques liés aux accidents (Tchernobyl, Fukushima), à la gestion des déchets et aux rejets radioactifs. Toujours est-il qu’à ce jour, grâce à une politique décidée unilatéralement par de Gaulle (initialement pour développer la bombe atomique), poursuivie par Pompidou et pérennisée par Valéry Giscard d’Estaing (pour une plus grande indépendance énergétique à cause des chocs pétroliers de 1973 et de 1979 et pas pour une réduction des émissions de CO₂), la France est maintenant enviée mondialement pour son coût énergétique et sa performance pour le ratio CO₂ émis/PIB, obtenus par son énergie nucléaire pesant pour 75%. Le 27 juillet 2021, lors d’un déplacement en Polynésie, le président Emmanuel MACRON expliquait : « nous sommes le pays d’Europe qui a le moins de tonnes de CO₂ émises par habitants » car « là où les autres pays ont des mines à charbon ou importent beaucoup de gaz, nous avons le nucléaire ». Remercions au passage la Polynésie qui a été sacrifiée pour les essais nucléaires à Moruroa. À ce sujet, la lecture en 1980 de l’excellent livre « Moruroa mon amour » de Bengt et Marie Thérese Danielsson, a beaucoup marqué ma réflexion géopolitique. Je m’étais rendu compte tristement, à cause de mon « ignorance juvénile« , que les intérêts prioritaires de la France dans le monde ne correspondent pas forcément à ceux de la Polynésie qui, elle, a ses propres intérêts sanitaires et écologiques à assurer pour protéger les Polynésiens. Donc OUI, ne laissons pas les « Autres du dehors » (que nos ancêtres considéraient comme des « demi-dieux blancs »), venir défendre « à leur manière » NOTRE FENUA comme le Général de Gaulle nous a « forcé en coulisse » d’accepter les essais nucléaires.

Le premier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace) a fermé le 22 février 2020. Malheureusement, cet arrêt d’énergie nucléaire bas-carbone va devoir être principalement compensé à court terme par des centrales électriques à base de charbon et de gaz (selon la logique du tableau ci-dessus) qui émettront à leur tour des millions de tonnes de CO2 en plus (voir l‘article n°16/16 sur la comparaison des émissions de CO2 selon la source d’énergie).
5. L’impossible défi du 100% EnR avec l’éolienne et le solaire
L’Académie des sciences dans son avis du 8 juillet 2021 nous a rappelé ce truisme : «Les énergies renouvelables intermittentes et variables, comme l’éolien et le solaire photovoltaïque, ne peuvent pas, seules, alimenter un réseau électrique de puissance de façon stable et pilotable si leur caractère aléatoire n’est pas compensé. Il faut pour cela disposer de capacités massives de stockage d’énergie et/ou d’unités de production d’énergie électrique de secours pilotables. Le stockage massif d’énergie, autre que celui déjà réalisé au moyen des centrales hydroélectriques de pompage-turbinage, demanderait des capacités que l’on ne voit pas exister dans les décennies qui viennent. La pilotabilité, en absence de ces dernières, ne peut être assurée que par des centrales nucléaires, si l’on exclut les centrales thermiques utilisant les énergies fossiles.»
En électricité, distinguons bien l’Energie Produite (ou production électrique) de la Puissance Installée, par l’équation suivante :
Energie Produite (Wattheures) = Puissance Installée (watts) x Temps (hr)
Donc selon cette formule l’Energie Produite ne dépend pas seulement de la Puissance Installée mais aussi du Temps de production. Plus le Temps (ou facteur de charge) exprimé en heures par an est élevé, plus le potentiel de production électrique est élevé. Or, le facteur de charge (ou facteur d’utilisation qui est le rapport entre l’énergie électrique effectivement produite sur une période donnée et l’énergie qu’elle aurait dû être produite si elle avait fonctionné à sa puissance nominale durant la même période) est moins intéressant pour les renouvelables selon les estimations suivantes (voir le tableau à l’article n° 12/16 du TPM n°419 du 31/10/2019). Revoici le tableau :

Voir l’équation ci-dessus Energie Produite (Wattheures) = Puissance Installée (watts) x Temps (hr)
Selon François GERVAIS, la puissance photovoltaïque et éolienne installée ne sert à rien. Sa multiplication par autant que l’on voudra n’évitera pas le blackout. En réalité, la faible « densité énergétique » de l’énergie électrochimique limite la capacité de stockage des batteries du « courant continu » du solaire PV qui est difficilement transportable sur des grandes distances, car les conducteurs s’échauffent. De plus, comme pour le cycle de Carnot (qui limite les rendements des chaudières à vapeur chauffées au combustible fossile ou nucléaire pour produire de l’électricité), d’autres contraintes limitent le rendement de l’EnR :
- La limite de Shockley-Queisser : sur 100% de lumière solaire (photons) tombant sur une cellule solaire (matériau idéal silicium), seulement 33,7 % peut être transformé en électricité (électrons).
- La limite de Betz: sur 100% de puissance incidente du vent qui traverse l’éolienne, seulement 16/27 (60%) peut être exploité par un capteur éolien.
- L’intermittence (ou l’instabilité naturelle) du vent et du soleil, impose un gros stockage d’électricité produite par le solaire et l’éolienne. De plus, nous sommes confrontés aux lois de la physique. Certes, grâce à l’électron, vecteur commun de l’énergie électrique et chimique, le système des batteries permet de limiter les pertes liées à la conversion de l’énergie d’une forme à une autre. Mais ce stockage électrochimique de l’énergie reste encore très limité en « densité énergétique« . Par exemple, un litre d’essence pesant 750 grammes contient autant d’énergie que peut stocker 250 kg de batterie au plomb p.9. Par ailleurs, rappelons que l’électricité correspond à des électrons en mouvement dans un corp conducteur généralement métallique (c’est le courant électrique) p. 40. Or, par nature, un mouvement (le flux d’électrons) ne se stocke pas ! Mais Marc Fontecave, professeur au Collège de France, membre de l’Académie des Sciences, reste optimiste et surtout réaliste : « Si l’on veut réduire nos émissions de gaz à effet de serre tout en atténuant la décroissance qui accompagnera inéluctablement l’abandon des ressources fossiles, c’est une évidence. En tout cas pour le siècle qui vient. Je passe ma vie, dans mon laboratoire, à tenter de résoudre le problème du stockage de l’énergie solaire. Si je n’y croyais pas, je ferais autre chose… Mais cela prendra des décennies« .

Certes, comparées aux batteries classiques à plomb (utilisant les ions Pb2+ et Pb4+ du Plomb pesant 207,2 u ou unité de masse atomique, donc nettement plus lourd que les 6,94 u du Lithium), les nouvelles batteries Lithium-ion (utilisant les ions Li+), sont plus performantes sur les critères suivants :
- 3 fois plus en densité énergétique, en général et 10 fois plus pour les batteries de voiture : 300 à 500 Wh/kg ;
- durée de vie 2 fois plus longue en nombre de charges/décharges ;
- 1,7 fois plus en capacité d’utilisation (« useable capacity » 85% contre 50%) ;
- près de 10 fois plus rapide à recharger ;
- résiste mieux au climat chaud et opère moins bien en climat très froid ;
- risque d’explosion moins élevé que le risque lié à l’acide sulfurique contenu dans les batteries à plomb ;
- moins polluant lors de sa fabrication.
Malheureusement, la batterie Lithium-ion reste encore 2 à 5 fois plus chère que la batterie classique à plomb. Mais, en attendant une pénurie mondiale du Lithium, ci-dessous un graphique montrant la baisse constante de son coût (ramené en kWh), grâce à une meilleure économie d’échelle dans sa fabrication et sa commercialisation.

Mais, on est donc encore très loin du compte pour répondre à notre énorme besoin en énergie. Ci-dessous un schéma montrant la capacité mondiale actuelle de stockage d’énergie de 51 Giga BTU comparée à notre consommation mondiale de 546 000 000 Giga BTU ; soit 0,000009341% !

Par ailleurs, selon Jean-Marc Jancovici (enseignant de Mines ParisTech et fondateur du cabinet Carbone 4) dans L’USINENOUVELLE du 27/11/2020 : « Sur le stockage, aucune nouvelle technologie ne violera les lois de la physique. Le stockage électrochimique consiste à exciter des électrons dans des atomes de métal. Plus le métal est léger, plus il y a d’électricité stockée par unité de poids. On ne fera rien de mieux que la chimie du lithium, le métal le plus léger sur Terre. On est à 250 wattheures par kilo, on montera peut-être à 300, voire 1 000, mais pas à 10 000. Avec tout le lithium de la Terre, on ne pourrait stocker que quelques jours de la production électrique mondiale« .
Selon un rapport publié le 25 avril 2022 par Eurométaux l’association européenne des producteurs de métaux (Metals for Clean Energy : Pathways to solving Europe’s raw materials challenge POLICYMAKER SUMMARY), vu l’essor mondial des énergies renouvelables et des véhicules électriques, un risque de pénurie mondiale menace plusieurs matériaux. Pour assurer sa transition énergétique d’ici 2030, l’Union européenne verra sa consommation augmenter de : +3 500 % pour le lithium, +2 600 % pour le dysprosium (terres rares), +330 % pour le cobalt. L’UE doit donc rapidement organiser son approvisionnement afin d’atteindre ses objectifs climatiques.

La géologue Marieke Van Lichtervelde, enfonce le clou en alertant le 19/06/2023, sur les dégâts environnementaux causés par l’industrie minière nécessaire au monde numérique : « On va extraire autant de métaux dans les trente prochaines années que ce que l’humanité a extrait jusqu’à présent »
Dans un premier documentaire du 25/11/2020 « L’illusion de l’énergie verte | La face cachée des énergies vertes | ARTE« , on voit les sérieuses limites de l’EnR. Dans un deuxième documentaire d’avril 2020 « Planet of the humans« , Michael Moore nous démontre que l’énergie verte est loin d’être renouvelable. Dans une vidéo de PragerU.com « What’s wrong with wind and solar? Mark Mill Senior Fellow du Manhattan Institute confirme cette illusion et nous appelle à plus de réalisme.

En dernier, Aurore Stéphant ingénieure géologue minier (Systext), est interviewée le 22/01/2022 dans Thinkerview « L’effondrement : le point critique ? » Les ravages de l’exploitation minière : une réalité méconnue. Elle dénonce l’irréalisme des augmentations à atteindre dans la production minière, pour assurer la transition énergétique. En février 2023, elle récidive dans une autre interview « Effondrement : notre civilisation au bord du gouffre ?« dans laquelle elle réitère que les ressources minières de la planète Terre ne seront pas suffisantes pour soutenir la croissance continue de l’économie mondiale. Elle rejoint donc tristement la conclusion de Vincent Mignerot : voir l’article n° 10/16 « Allons-nous vers un effondrement inéluctable de l’espèce humaine ?« ; voir aussi à ce sujet dans le prochain article n° 15/16 « La passion l’emporte sur la raison ou l’utopie de la croissance verte« .
- Le solaire et l’éolienne impliquent une importante consommation d’énergie fossile pour exploiter les métaux rares se trouvant principalement en Chine (voir l’article du 06/04/2023 sur korii « Coup de tonnerre : la Chine envisage un embargo sur les terres rares et les aimants » et l’interview « L’enfumage de la transition écologique ? » de Guillaume PITRON auteur du livre « La guerre des métaux rares« ). L’article du 02/06/2022 « Pollution : Pourquoi l’exploitation des terres rares dégrade massivement l’environnement en Chine » décrit que ce choix a des conséquences néfastes sur l’environnement lors de la fabrication :
- des panneaux solaires : extraction de quartz et de charbon de haute qualité à fondre à près de 1000 C° grâce à l’énergie fossile ;
- des éoliennes en mer : extraction du néodyme qui combiné avec le fer et le bore permet de fabriquer des aimants ;
- des semi-conducteurs composant les cellules photovoltaïques solaires : extraction du silicium, germanium et gallium provenant des « terres rares » qui sont en grande partie monopolisées par la Chine.


- Le solaire et l’éolienne ne pourront jamais se substituer à l’énergie fossile. L’intermittence restera un obstacle rédhibitoire (voir le facteur de charge dans mon article RC n°12/16). Les écologistes ne doivent pas oublier qu’il faut des journées ensoleillées sans nuages pour les panneaux solaires et du vent pour faire tourner les éoliennes. Du soleil et vent, il n’y en n’a pas 24h/24h et 7j/7j!
- Le solaire et l’éolienne nécessitent un stockage de l’électricité qui restera encore pour très longtemps très limité en capacité, et donc très cher au Kwh.
- Le solaire et l’éolienne, selon une étude scientifique publiée le 16/03/2022, nécessitent l’exploitation de beaucoup plus de matières premières pour leur fabrication et leur installation : acier, verre, cuivre, ciment et aluminium ; voir ci-dessous le graphique

- Le solaire et l’éolienne coûtent plus cher à l’exploitation : “We introduce and describe the methodology for determining the full cost of electricity (FCOE) or the full cost to society. FCOE explains why wind and solar are not cheaper than conventional fuels and in fact become more expensive the higher their penetration in the energy system,” said the study, which focuses on electricity because energy electrification has been at the center of current energy policy. The authors categorized ten cost factors, including the cost of :
- Le solaire et l’éolienne n’ont qu’une durée de vie de 15 à 25 ans respectivement ; donc rebelote pour extraire davantage du quartz, du charbon et des aimants, sans mentionner les problèmes de démantèlement et de recyclage, concernant principalement les éoliennes. Ci-dessous des photos montrant l’enfouissement des éoliennes réformées.


6. La stabilité du réseau électrique
Pour produire les 325,5 GWh thermique de l’île de Tahiti (2018, SECOSUD inclus) avec de l’énergie solaire photovoltaïque (PV), il faudrait « tisser un réseau » de 434 installations PV (puissance 500 kWc) réparties stratégiquement autour de l’île (voir le tableau ci-dessous).
Un réseau électrique ressemble à un réseau d’étangs sans dénivellation (comme le schéma ci-dessous) reliés entre eux par des conduites spécifiquement dimensionnées. L’eau (en l’espèce l’électricité) circule librement entre chaque étang assimilé à une zone de consommation électrique ; voir aussi l’excellente l’analogie faite par Antoine Moreau dans son livre « Toute la physique sans équation » page 73 :
- la pression d’eau = la tension électrique en volt ou la différence d’état électrique entre deux points d’un circuit et s’exprime en volts
- le débit d’eau = l’intensité en ampères ou la quantité d’électricité qui circule dans un circuit et s’exprime en ampères
Chaque château d’eau correspond à une centrale électrique. En l’espèce pour Tahiti, on a 2 centrales thermiques, 16 barrages et 1928 installations PV. Trop de demande à un étang va aspirer (dans une réaction en chaîne) plus d’eau des étangs voisins dans la limite des sections des tuyaux du réseau (en l’espèce des câbles électriques sous-dimensionnés qui s’échauffent en cas de surtension). Inversement pas assez de consommation dans un étang va faire déborder en cascade la production vers d’autres étangs voisins.
Ainsi, le centre de dispatching doit coordonner en permanence (à la seconde près grâce à l’informatique) l’équilibre continu entre la production et la consommation électrique dans chaque zone géographique en question.
C’est justement le rôle de la Société de Transport d’Energie électrique en Polynésie–TEP dont 20% de son capital social est détenu depuis avril 2022 par la RTE, filiale du plus grand gestionnaire de réseau de transport d’électricité en Europe. Répartition du capital social de la TEP :
- Pays : 70%,
- RTE : 20% acheté pour 537 million xpf; d’où la TEP aurait été valorisée à 2,685 milliards xpf (537m/20%)
- Socredo : 5%
- AFD : 5%

Faute d’équilibre continu sur le réseau électrique, on risque des « blackout » à répétition comme celui du 10/10/2019 ! Mais ce scénario d’unités de production d’énergie renouvelable intermittente éparpillées autour de Tahiti apportera difficilement la même garantie de puissance et d’équilibre du réseau électrique tant en tension-volts qu’en fréquence-Hertz qu’une centrale thermique dotée d’une certaine « puissance crête ».
L’instabilité naturelle due au vent et au soleil augmente effectivement le risque de « blackout » ; le cas de la Californie est flagrant. À moins de « dispatcher » tout le long du réseau électrique EDT autour de l’île de Tahiti, un stockage électrique de masse (encore cher en France : 0,10 € à 0,20 €/kWh soit 12f à 24f/kWh à rajouter au prix TTC EDT-nord de 39,44 f/kWh pour 2018) qui ne couvrira cependant que de quelques jours nos besoins en électricité. Ci-dessous quelques estimations pour le cas de Tahiti.

Alternativement, il faudrait 81 éoliennes (puissance 2 MW, hauteur 157 mètres) pour répondre aux besoins de l’île de Tahiti (voir tableau ci-dessous).
Selon la société EOLIENNES EN MER DIEPPE LE TREPORT dont l’actionnaire principal est GDF Suez à 47%, un espacement de 1 900 mètres est à respecter entre deux éoliennes d’une même rangée pour permettre à la ressource en vent de se « reconstituer » entre deux éoliennes (réduction de l’effet de sillage) et ainsi maximiser la production électrique du parc.


Ci-dessous l’évolution rapide des modèles d’éolien depuis 1990 : la puissance sera multipliée par 30 (0,5 MW x 30 = 15 MW) et la hauteur incluant le rayon des pales aura aussi dépassé la Tour Eiffel (300 mètres).

Voici le dernier monstre de GE qui serait à installer sur les côtes maritimes en France en 2021 : hauteur de 260 mètres et puissance de 12 MW pouvant alimenter en électricité 16 000 foyers …

Maintenant reste à savoir si nos associations de protection de l’environnement seront capables d’imposer à la population de Tahiti ces « moulins à vent » de dernière génération comme solution d’énergie renouvelable (EnR) pour remplacer l’énergie fossile, haï pour être responsable du réchauffement climatique ; à ce sujet, voir l’excellente vidéo qui résume la problématique de l’éolienne en France. On verra bien au moment de proposer ces éoliens autour de Tahiti, qui aura le courage d’affronter les associations anti-éoliens. Verrons-nous un style du genre : oui pour l’énergie durable, mais les éoliens ailleurs et pas devant chez moi !
À titre d’information, ci-dessous un schéma montrant la capacité mondiale actuelle de stockage d’énergie de 51 Giga BTU comparée à la consommation mondiale de 546 000 000 Giga BTU ; soit 0,000009341% ! Donc, ne rêvons pas trop ; on est encore très loin du compte. On n’a, ni la capacité technologique et encore moins la compétitivité pour stocker toute l’énergie que l’on consomme.

Henri Prévot ingénieur du Corps des mines, a estimé en mai 2017 que « Pour se passer du nucléaire, il faudrait installer 200 000 éoliennes en France » où la production électrique issue de l’éolien a progressé de 21% en 2019 ; impliquant -6% d’émission de GES. Ci-dessous une situation arrêtée au 30/6/2019 :

Mais, attention, l’éolienne comme solution à long terme (exemple pour compenser l’arrêt de la centrale de Fessenheim), commence à ne plus convaincre par ses sérieuses faiblesses : son intermittence, son coût et son véritable impact environnemental mal évalué selon un rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), mai 2019.- 88. D’autres études récentes montrent qu’avec des pales plus longues, le coût de l’éolien peut être divisé par deux (hauteur de mât 213 mètres au lieu de 152 mètres). Mais quand on habite à proximité d’éoliennes, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle« . De plus, 7 projets sur 10 font l’objet d’un recours, selon la ministre Elisabeth Borne.

L’ancien inspecteur des finances Patrice Cahart dans son livre « La Peste éolienne », qualifie l’éolienne d’énergie nocive et dénonce le soutient en dépit du bon sens du gouvernement.
Quoi qu’il en soit, Michel Gay (grand partisan d’une énergie abondante et bon marché, donc nucléaire…) démontre, chiffres à l’appui dans son article du 14/02/2020 « Éolien : foisonnement et stockage ne remplaceront jamais le pilotable« , que le foisonnement d’éoliens et d’unités photovoltaïques avec stockage d’électricité sont des leurres. Il conclut : « Les annonces d’un possible stockage d’électricité à l’échelle d’un pays constituent des leurres destinés à faire croire que les productions erratiques de l’éolien et du photovoltaïque peuvent être lissées et maîtrisées pour favoriser leur coûteux développement subventionné par l’argent public des contribuables. S’il n’y a plus de nucléaire, ni de gaz, ni de charbon pour produire massivement une électricité pilotable, et pas de stockages massifs pour absorber et restituer les productions erratiques du vent et du soleil, alors l’avenir va devenir sombre… Et, les dernières tentatives honteuses et pitoyables des promoteurs du vent pour attendrir les Français avec de « l’éolien caritatif » n’y changeront rien. En résumé, pas de vent (ou pas de soleil) en Europe, pas d’électricité ! C’est aussi simple que ça ». Donc selon Michel Gay, la messe est dite pour une option 100% EnR en France et en Europe de l’Ouest en général. Et Michel Negynas d’en rajouter : l’éolien n’est pas et ne sera jamais rentable ; c’est un secteur maintenu artificiellement à coups de réglementation.
Jean-Marc Jancovici n’en pense pas mieux de l’énergie solaire et les éoliennes pour la France ; voir son interview du 8/10/20. Il dénonce que « Les éoliennes et les panneaux solaires n’ont pas servi à décarboner le pays ».
Jean-Louis Butré est ingénieur de l’École supérieure de Physique et Chimie de Paris, chef de laboratoire de recherches (filières réacteurs) au Centre d’Études Nucléaire de Grenoble. Il parle du « paradoxe éolien en France : plus il y a d’éoliennes, moins il y a d’électricité« . C’est ce que démontre le graphique officiel du Réseau de Transport de l’Électricité (RTE).

Donc soyons très prudents sur l’intermittence des éoliennes qui augmente le risque de « blackout ».
Enfin dans un article titré : « 100 % d’électricité renouvelable en 2050 : la fin d’une illusion » (Le Point du 4/2/2021), il est démontré que la France dont la production électrique est déjà décarbonée à 93%, ne pourra pas se passer totalement de l’énergie nucléaire en 2050. Cette conclusion est basée sur un rapport qui a été remis le 27 janvier 2021 au gouvernement et rédigé conjointement par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, et l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
5. Notre électricité de Tahiti
Ci-dessous à titre indicatif pour la France la composition des Tarifs Réglementés de Vente (TRV) sur la base du TRV résidentiel moyen au 1er juin 2019, comparée à celle de l’EDT.


Pour ici, voici un récapitulatif de la Structure du prix TTC du kWh de l’électricité sur Tahiti-Nord basé sur les rapports 2014, 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019 du délégataire EDT-Tahiti Nord, disponibles sur Internet. Ce tableau synoptique (source EDT) permet d’analyser le coût de notre électricité. Malheureusement il ne sépare pas l’activité de production thermique (qui est ouverte à la concurrence), de l’activité de distribution de l’électricité qui elle, est un service public. Ce qui est très dommage pour respecter le cadre juridique distinct des trois filières de l’électricité : la production, le transport et la distribution.

En 2018 les achats d’énergies primaires de 14,40 f/kWh (cellule N15 tableau ci-dessus) ont englobé le thermique, l’hydro et le solaire qui, bien que racheté à un prix garantit actuellement à 15,98 f/kWh, a été racheté à un tarif moyen de 28,58 f/kWh (voir cellule G41 tableau ci-dessous). A ce sujet, espérons que nous ne connaîtrons pas la situation catastrophique de l’Espagne où 62 000 familles ont été ruinées en 2022 par l’énergie photovoltaïque.
Le prix TTC de l’électricité EDT-Nord étant déjà élevé (39,44f/kWh pour 2018), il y a peu de chance qu’il devienne à terme moins cher que le prix de rachat du solaire garantit actuellement à 15,98 f/kWh. Mais n’oublions jamais que ce tarif contractuel de rachat « censé être arbitrairement élevé pour être suffisamment incitatif » pour le producteur solaire, ne repose pas sur les « forces naturelles du marché ». Par souci d’intérêt général, le gouvernement risque donc de l’abaisser davantage comme le tableau ci-dessous laisse augurer :

Nous avons essayé d’éclater davantage ces achats d’énergies primaires à la colonne E ci-dessous pour retomber à 13,64 f/kWh (cellule E6) au lieu de 14,40 f/kWh. La différence de 0,76 f/kWh peut s’expliquer par le rendement réseaux sur production nette, la refacturation à SECOSUD et l’électricité gratuite au personnel EDT. Le prix d’achat de matières premières du thermique estimé à 13,89 f/kWh (cellule C3) ayant contribué à 9,05 f/kWh (cellule E3) dans le prix TTC n’inclut pas les coûts supplémentaires pour produire l’énergie thermique. Ils sont « noyés » dans les autres postes de charges du tableau de la Structure du prix TTC du kWh.

On peut donc raisonnablement conclure que les prix actuels de l’ENR fixés par le gouvernement (l’hydroélectricité à 12,66 f/kWh et le solaire à 15,98 f/kWh sans stockage sur batteries) contribuent à faire baisser notre prix d’électricité puisqu’ils n’ont rien à voir avec les coûts supplémentaires de la production thermique.
Par ailleurs, avec l’instabilité permanente du cours mondial du pétrole qui a chuté à $20 le baril à fin mars 2020 depuis la pandémie du coronavirus venu de Wuhan (Chine), le prix du thermique n’est malheureusement pas un « coût d’opportunité » pertinent. De toute manière, il est voué à augmenter à mesure de l’épuisement des énergies fossiles et des conflits géopolitiques.
Cours mondial du baril de pétrole en $US

Le prix TTC EDT-Nord détaillé de deux manières (lignes bleues 7 & 16 du tableau Structure du Prix TTC du kWh) a oscillé entre 39f et 44 f/kWh pour 2014-2018. Plus récemment en 2019, ci-dessous un échantillon de 4 factures EDT-Nord, certes certainement contestable comme prix moyen TTC pour Tahiti mais intéressant comparé aux classements mondiaux des coûts d’électricité.

En comparant ces fourchettes de prix avec le tableau ci-dessous où les Iles Salomon ont le prix d’électricité le plus cher au monde (selon Worldatlas), chacun pourra faire sa propre analyse. Il existe d’autres tableaux de classement mondial de prix d’électricité dont celui de GlobalPetrolprices.com plafonné à US$ 0,40/kWh. Bien évidemment la prudence s’impose car on ne connaît pas la nature des éléments constituant la structure du prix TTC du kWh de chaque pays ; par exemple, les taxes seraient très élevées pour le Vanuatu.

Selon le site web de l’EDT Maeva Expat accédé le 08/11/2019 : « Le prix moyen du kWh est de 32,77 xpf en Polynésie. …La Polynésie est ainsi le 4e pays ayant le tarif le moins cher pour les clients particuliers consommant moins de 200 kWh/mois, ce qui correspond à la majorité des consommateurs polynésiens…« . Voir ci-dessous le tableau pour l’année 2015 en question (colonnes en jaune).

D’une part, établi sur une facture réelle EDT n° F201512082298 de décembre 2015 pour une consommation de 208 kWh TTC, on obtient 45,95 f/kWh T.T.C. D’autre part, la tranche de consommation (réf TP0) de 0 à 180 kWh/mois facturé en moyenne à 19,09 f/kWh n’a représenté que 3,23% du chiffre d’affaires énergie 2015 de l’EDT (voir tableau ci-dessous cellule E3). Dans le même tableau, mais pour 2018, la tranche (réf P1) de 0 à 240 kWh/mois n’a pesé que pour 4,4%.

Donc le prix TTC 2015 de 43,62 f/kWh (cellules E7 & E16 du tableau Structure du Prix TTC du kWh) payé par l’ensemble des abonnés de Tahiti-Nord nous semble être un coût plus représentatif de la réalité. En fait, l’EDT s’attèle à sécuriser sa rentabilité prévue dans son Compte d’Exploitation Prévisionnel (CEP) annexé à l’avenant 17 du 29 décembre 2015 (Rapport délégataire EDT 2018 p. 63) montrant les niveaux de marge « attendus » par les signataires (Pays et EDT). Voici ce qu’on peut lire dans le Rapport délégataire EDT 2018 :
- Page 4 : Depuis mars 2016 à décembre 2018 le fioul a augmenté de 114,2% et le gazole de +87,8%. La redevance de transport (TEP) pour la même période a augmenté de 41%. Les tarifs de vente de l’électricité sont restés stables depuis 2016.
- Pages 5 & 64 : Formule tarifaire et rémunération du concessionnaire : La formule de « Revenu Autorisé » de notre concession prévoit que les tarifs de l’électricité sont actualisés : « tous les ans au 1er mars », ou « À tout moment : en cas de modification d’un ou plusieurs des paramètres qui composent les CE », (le terme CE correspondant aux dépenses d’énergie, de combustible et de transport). Toutefois, depuis le 1er mars 2016, aucune mise à jour des tarifs n’a été opérée, malgré une hausse des prix des hydrocarbures, et de la redevance de transport due à la TEP. … . En cumul depuis 2016, le manque à gagner du concessionnaire s’établi à 2,27 milliards dont 1,954 milliards au titre de 2018. À la date d’émission de ce rapport un avenant 18 a été signé, reconnaissant que la charge de combustible et la redevance de transport n’ont pas à être supportées par EDT.
- Page 69 : « Avant IS, le résultat récurrent que ce soit de l’exercice ou en cumul depuis 2016 est en retrait significatif par rapport à celui annoncé dans le compte d’exploitation prévisionnel de l’avenant 17 ».
Ci-dessous un récapitulatif de la rentabilité de l’EDT avec ses ramifications dans notre marché de l’électricité (voir infra ses participations dans le capital social de Maramanui et de la TEP) :

Or, la marge en % (ligne 21 du tableau Structure de Prix TTC du kWh) ne corrèle pas avec les bénéfices nets dégagés (ligne 20) ; insinuant que les bénéfices nets de l’EDT ont peu de rapport avec le coût du pétrole (ligne 15)! Pourtant, selon le tableau du mix électrique 2018 ci-dessus l’achat du fioul et autres matières premières mais hors coût de production de l’énergie primaire thermique a été estimé à 23% du prix TTC (9,05f / 39,44f).
Par ailleurs, malgré le non-respect de la formule du « Revenu Autorisé » qui permet à l’EDT de prendre TRES PEU DE RISQUE FINANCIER, ses bénéfices nets réalisés n’ont pas été si catastrophiques. À fin 2018, l’EDT a revendiqué que ses bénéfices nets auraient dû se cumuler à 5,69 milliards xpf (3,42 + 2,27) !
8. L’avenir du marché de l’électricité en Polynésie
L’énergie solaire PV semble bien être l’énergie de l’avenir puisque l’EDT prévoit pour les îles de grands projets de fermes solaires avec stockage. Une solution identique sur Tahiti permettrait de réduire au plus tôt nos importations d’énergie fossile, d’autant que l’ENR est nettement plus compétitive que le thermique qui est estimé à 13,89 f/kWh + les coûts pour produire cette énergie thermique. Rappelons que deux gros actionnaires détiennent environ 1/4 (24,2% = 20% + 4,2%) du capital social de l’EDT :
- L’État français pour 20% = 16,78% + 3,2% :
- 23,64% des 71% d’Engie-France dans le capital de l’EDT ; soit 16,78% = 23,64% x 71% ;
- 23,64% des 64% d’ENGIE de la SMEG ; soit 3,2% = 23,64% x 64% x 21%
- la Principauté de Monaco pour 4,2% = 20% des 21% de la Société Monégasque de l’Electricité et du Gaz (SMEG).
Face à ces deux états-actionnaires propriétaires de 1/4 de l’EDT, on comprend que notre gouvernement ait fort à faire pour mieux défendre les intérêts des abonnés au détriment du « monopole régulé » accordé dans le secteur de l’électricité. Grâce à cette espèce de « monopole naturel » (une sorte de « mal nécessaire » où la manière la plus efficace d’organiser la filière serait de la confier à une seule entreprise, selon certains spécialistes ; voir p. 53 du livre « Transition(s) électrique(s) » préfacé par Gérard MESTRALLET ancien PDG d’ENGIE), l’EDT a ainsi pu asseoir sa prééminence avec :
- Au stade de la production d’électricité :
- Un monopole de la production thermique
- Au stade du transport d’électricité :
- Une minorité de blocage dans la Société de Transport d’Énergie électrique-TEP (39%).
- Au stade de la distribution d’électricité :
- Un monopole des deux concessions de distribution de l’électricité sur l’île de Tahiti : EDT-nord et SECOSUD.
Cette stratégie de développement ayant permis à l’EDT de s’imposer dans notre secteur « assez fermé » de l’électricité, est remarquable et digne de l’enseignement de Sun Tzu. Mais laisser une position dominante s’étendre dans le secteur de l’énergie n’est probablement pas la « configuration idéale » pour que le Pays puisse mener à terme sa politique d’indépendance énergétique sans l’emprise « pesante » de cet intérêt privé.
À ce sujet, est-ce toujours justifié d’avoir un investisseur pour des centrales thermiques vouées à une « redondance » ou à une surcapacité face à la montée en puissance de l’EnR ? L’apport prioritaire et progressif de l’EnR dans le mix électrique démontrera que le thermique sera beaucoup moins rentable et plus cher à mesure que sa contribution au réseau public (EDT-Nord & SECODSUD) baissera au profit de l’ENR !
Donc avec une baisse censée constante de la production du thermique remplacée théoriquement par plus d’ENR, le coût de production finale (achats fioul + frais pour produire l’électricité d’origine thermique) aujourd’hui déjà très cher, le sera encore plus dans le temps avec des économies d’échelles en diminution et des charges croissantes de la production thermique. Voir à ce sujet, le cas en France « Prix de l’électricité : Jean-Marc Jancovici explique pourquoi il devrait inévitablement augmenter » sur RTL du 16/09/2023.
L’électricité étant un produit de « très grande » consommation et donc d’intérêt général, ne faudrait-il pas privilégier plutôt la contrainte de notre coût d’électricité au détriment de la cupidité des actionnaires qui en fait prennent TRES PEU DE RISQUE FINANCIER grâce à la garantie du « REVENU AUTORISE » prévu dans le contrat de concession ?
En théorie, le Pays ne devrait-il pas privilégier l’intérêt général des abonnés au détriment de l’intérêt privé des actionnaires de l’EDT (Etat français 20% + Monaco 4,2%) pour un meilleur avantage concurrentiel du Fenua. En l’occurrence, le Pays devrait promouvoir en priorité sur Tahiti principalement, les énergies renouvelables qui sont plus compétitives que l’énergie thermique selon les chiffres ci-dessus de l’EDT.
Dans le prochain article, nous allons aborder le sujet de la transition espérée vers l’énergie renouvelable (EnR), dont la mise œuvre n’est pas si simple qu’on ne le pense.
Sommaire des articles du dossier :
Le réchauffement climatique : pourquoi tant de controverses
Sommaire du sujet écrit en 16 articles parus dans Tahiti Pacifique Magazine de Mai 2019 à Décembre 2019
I- LE DEBAT DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
1/16 -Le réchauffement climatique : le décor est planté
- Le « réchauffement climatique est devenu le « changement climatique »
- D’emblée plantons le décor!
- Tout a commencé avec Al Gore et sa fameuse courbe de température
- Les principaux protagonistes du débat sur le réchauffement climatique
- La prédominance médiatique des climatoalarmistes
- Le bal des climatoalarmistes hypocrites : faites ce que je dis mais pas ce que je fais
2/16 – Le réchauffement climatique : des objectifs politiques inavoués
- L’implication du politique dans le débat
- « Le machin » qu’on appelle l’ONU où il n’y a aucun chef
- La nature du GIEC : politique ou scientifique ?
3/16 – Le réchauffement climatique : un débat mal engagé
- Un bref historique du débat expliqué par un scientifique français
- Le scandale en 1998 de la courbe de température en « cross de hockey »
- Le scandale en 2009 du Climategate ou l’incident des e-mails du Climatic Research Unit
4/16 – Le réchauffement climatique : une appréciation scientifique difficile
- La Terre et son enveloppe atmosphérique avec les différentes couches thermiques
- L’effet de serre : la molécule à l’état gazeux dihydrogène (H2) formant l’eau (H2O) a un Pouvoir de Réchauffement Global (PRG) 11 fois plus que la molécule dioxyde de carbone (CO2)
- L’effet d’albédo
- Le bilan énergétique de la Terre
- Cette « satanée » de CO2 émise par l’activité humaine depuis la Révolution industrielle au 18ième siècle
- La fameuse courbe Keeling de CO2 qui constaterait la lente extinction de l’humanité
- La molécule CO2, cette mal-aimée au cœur du débat scientifique
- Le paradoxe de l’œuf et de la poule : c’est la température qui commande scientifiquement la teneur en CO2 dans l’atmosphère et pas l’inverse comme le sous-entendent les climato-alarmistes
- La molécule CO2, essentielle à la photosynthèse
- La molécule CO2, essentielle à notre respiration
- La molécule CO2, une part essentielle dans nos boissons
5/16 – Le réchauffement climatique : une idéologie et l’avènement de l’informatique
- Une nouvelle idéologie : le « réchauffisme » ?
- Le dernier rapport SR1.5 d’octobre 2018 du GIEC vu par le Prof. Ray BATES
- L’avènement de la simulation informatique et des mathématiques appliquées dans la climatologie (modélisation climatique ou « computer-simulation models »)
- Les prévisions de température par tâtonnement expérimental via informatique
6/16 – Le réchauffement climatique : Les arguments des climato-réalistes en France
- Etienne VERNAZ
- Professeur Vincent Courtillot
- Professeur François Gervais
- Jacky RUSTE
- Philippe Bousquet et Jean-Louis Dufresne
- Marie-Antoinette Mélières
7/16 – Le réchauffement climatique : Les arguments des climato-sceptiques aux Etats-Unis
- Steven E. Koonin
- Dr Richard Alan KEEN spécialiste en climatologie University of Colorado at Boulder
- Dr. Jay LEHR science director THE HEARTLAND INSTITUTE
- Watts Up With That?
- Dr Roy Warren SPENCER Principal Research Scientist IV University of Alabama Huntsville
- Dr. Patrick MICHAELS, Directeur au Cato Institute & Dr John CHRISTY University of Alabama in Huntsville
- M. Ivar GIAEVER – prix Nobel de Physique 1973
- M. Kary MULLIS – prix Nobel de Chimie 1993
- M. John CLAUSER – prix Nobel de Phyiques 2022
- Freeman Dyson de l’Université de PRINCETON décédé le 28/02/2020
- Dr. Rex J. Fleming mathématicien Ph.D. en science atmosphérique de l’Université de Michigan
8/16 – Le réchauffement climatique : Les arguments des climato-sceptiques en Europe (hors-France)
- « L’augmentation forte des concentrations de CO2 liée à la combustion des fossiles depuis 1750, n’est pas scientifiquement établie »
- « L’élévation de la température moyenne globale du demi-siècle passé n’est pas atypique par rapport aux 1300 dernières années »
- « Le CO2 provenant des combustibles fossiles ne contribue pas, en tout cas pas significativement, à la hausse de température depuis le milieu du 20ième siècle ».
- « La théorie du changement climatique dû à l’homme se base sur des modèles ou simulations numériques avec tous les aléas, hypothèses et approximations que de tels modèles comportent. Les modèles sont une aide à l’analyse mais ils ne constituent en aucun cas une preuve scientifique »
- « Les observations mettent en évidence d’autres facteurs majeurs (Soleil, volcans, courant océaniques, nuages, aérosols, etc.) dans l’évolution du climat, dont le GIEC ne tient pas ou pas suffisamment compte ».
9/16 – Le réchauffement climatique : Les arguments des climato-sceptiques en Australie
- Les gaz volcaniques composés de CO2 à teneur de 5% à 25%
- L’acidification des océans
- La technique « d’homogénéisation » des données statistiques
- La saturation du CO2 dans l’absorption des rayons infrarouges réémis de la Terre
- Les flux et la pondération du CO2 dans l’écosystème
MON OPINION SUR LE DEBAT DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
- La recherche d’une « vérité absolue » qui n’existe pas en science
- Le cas de la montée des eaux en Polynésie française
- L’homme est-il réellement responsable du réchauffement climatique ?
- La vapeur d’eau (nuages) cette grande inconnue dans le modèle climatique
- La modélisation affinée du climat
- Conclusion du débat scientifique sur le réchauffement climatique
- a. L’évolution de la concentration de CO2 dans l’atmosphère
- b. La prochaine (6ième) extinction massive des espèces?
- c. Rappel du point de départ du développement de l’espèce humaine
- d. Quel serait le taux de CO2 idéal dans l’atmosphère?
- e. L’impossibilité de revenir au niveau d’équilibre de 280 ppm du début de la révolution industrielle en 1750
- f. Allons-nous vers un effondrement inéluctable de l’espèce humaine?
- g. Les 9 limites planétaires à ne pas dépasser
- h. Quelques pistes pour ne pas sombrer dans la « collapsologie »
- i. Le véhicule à hydrogène : un buzz qui n’a jamais été une bonne idée selon le Dr Richard MULLER de UC Berkeley
- j. L’hydrogène comme source d’énergie durable? Tout d’abord, comment produire et stocker le dihydrogène (H2)
- k. Ensuite une fois le gaz dihydrogène (H2) séparé du gaz dioxygène (O2) et stocké à part, comment consommer l’énergie induite par la formation de l’eau : H2O
- l. Le débat sur l’avenir de « l’hydrogène » dont le H2 a un pouvoir de réchauffement global (PRG) 11 fois plus que le CO2″
- m. Après ce long débat passionnant sans sombrer dans le « transhumanisme«
II- LA POLITIQUE ENERGETIQUE AU REGARD DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
11/16 – Le réchauffement climatique : une économie que l’on essaye de « d’acclimater »
- La politique énergétique : un corollaire du réchauffement climatique
- Tout d’abord, c’est quoi l’énergie ?
- Pourquoi parler de l’énergie dans le débat du réchauffement climatique ?
- Les trois piliers du développement durable : l’écologie, l’économie et le social
- Le développement durable et la lutte contre la pauvreté
- Le débat dichotomique du développement mondial : pays riches contre pays pauvres
- Le financement des dégâts climatiques par les pays riches, principaux responsables du réchauffement climatique
- La fiscalité pour financer la transition énergétique
- Le dilemme : le réchauffement climatique et la lutte contre la pauvreté
- Le réchauffement climatique et la course au développement économique
- Prix Nobel 2018 économie-climat
- Conclusion
12/16 – Le réchauffement climatique : les réalités économiques
- La politique énergétique et ses contraintes
- La grande différence entre « l’énergie produite » et « la puissance installée«
- Le réchauffement climatique et la consommation d’énergie liée au niveau de vie d’un pays
- Les pays qui émettent le plus de CO2
- Les écarts de consommation d’énergie entre pays
- Conclusion
13/16 – Le réchauffement climatique : La « décarbonation » ou « décarbonisation » de notre économie
- La molécule d’hydrogène (H2) contenue dans les nuages (H2O) faisant partie des gaz à effet de serre, réchauffe 11 fois plus le climat que le CO2
- Le gaz à effet de serre Méthane (CH4) réchauffe 21 fois plus le climat que le CO2
- Est-ce réaliste d’imaginer un monde sans bovins ou sans riz?
- La neutralité carbone et les « puits de dioxyde de carbone (CO2) » communément appelés « puits de carbone«
- L’économie propre exprimée en CO2 émis
- Les objectifs très ambitieux voire irréalistes du GIEC
- Les enfants montent au créneau
- Conclusion
14/16 – Le réchauffement climatique : la place prépondérante de l’électricité
- Les différents types d’énergie : un peu de vocabulaire
- La voiture électrique : un cas atypique
- Le poids de l’électricité dans la production d’énergie finale
- Le poids prépondérant de la production d’électricité dans les émissions du CO2
- L’impossible défi du 100% EnR avec l’éolienne et le solaire
- La stabilité du réseau électrique
- Notre électricité de Tahiti
- L’avenir du marché de l’électricité en Polynésie
15/16 – Le réchauffement climatique : la transition espérée vers l’énergie renouvelable (EnR)
- Le « Green New Deal » venu des États-Unis
- La transition énergétique telle enseignée par le partenariat Agence Française de Développement (AFD) et l’École Normale Supérieure (ENS)
- La difficile combinaison « EnR-fiscalité-inégalités »
- Poker menteur
- L’impossible défi d’un mix énergétique à 100% en énergie renouvelable (EnR)
- La passion l’emporte sur la raison ou l’utopie de la croissance verte
MON OPINION SUR LA POLITIQUE ENERGETIQUE
- Une nouvelle vision du nucléaire ?
- Le compte n’est pas bon et le GIEC soutient à demi-mot … le nucléaire
- Cette énergie qui émet moins de CO2
- Cette énergie qui fait peur
- L’énergie nucléaire revisitée
- L’énergie nucléaire contenue dans le noyau de l’atome
- L’énergie nucléaire par la fission du noyau de l’atome
- L’énergie nucléaire par la fusion de deux noyaux atomiques
- Une conclusion plutôt pessimiste sur l’évolution énergétique