Le Fenua a connu son choc des civilisations. Se rappelle-t-on de cette épisode de 2013 où un Imam avait voulu établir une mosquée en plein centre de Papeete? Deux individus d’une quarantaine d’année, qui étaient bien informés que la consommation de Porc était interdite en Islam, ont jeté une tête de cochon sur la devanture du centre islamique et aspergé du sang; ils ont été rattrapés par la justice!

Le départ précipité de l’Iman a dû arranger beaucoup de monde ici y compris les autorités du Fenua derrière leur obligation de réserve et de neutralité.
En France les caricatures de Mahomet ont provoqué de multiples condamnations par des pays arabo-musulmans aboutissant à des actes terroristes dont l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015 et la décapitation de Samuel Paty le 16 octobre 2020.

Donc avec la mondialisation qui intensifie la rencontre des différentes civilisations dans le monde, prenons le recul nécessaire pour mieux comprendre « l’autre » religion. On connaît nos valeurs chrétiennes et notre mode de vie, mais on ne comprend pas forcément celles de l’autre, en l’espèce l’Islam.
Samuel Huntington : « Le choc des civilisations »
Le prophète de malheur Samuel Huntington avec son livre « Le choc des civilisations » paru en 1996, a donné un coup de pied dans la fourmilière du débat sur les valeurs de la démocratie occidentale face aux « barbares » de l’extérieur.

En 1987, il ose écrire : « les conflits du futur viendront probablement de l’interaction entre l’arrogance occidentale, l’intolérance islamique et l’affirmation chinoise ». Selon Julie Noss (Irenees.net) la théorie de Huntington est assez claire et précise :
- le globe serait divisé en de larges aires culturelles civilisationnelles (la civilisation chrétienne occidentale, la civilisation islamique, la civilisation confucéenne etc.) très difficilement solubles les unes dans les autres, et qui seront fatalement amenées à s’affronter dans les années à venir, plutôt qu’à s’entendre et à cohabiter de manière harmonieuse;
- les frontières politiques seraient désormais moins importantes que les frontières religieuses et intellectuelles, et formeraient ainsi des zones de confrontations culturelles, à l’image des zones à risque sismique de rencontres des plaques géologiques;
- le monde serait donc amené à vivre une nouvelle génération de guerres, qui ne mettrait plus en jeu des affrontements bien localisés, mais au contraire de grands conflits à échelle civilisationnelle, mettant par exemple en opposition le monde chrétien et le monde musulman.

Selon Huntington la religion est le principal trait qui définit une civilisation et qui va donc véritablement peser dans les relations internationales depuis la chute du Mur de Berlin en novembre 1989. Il a jeté un pavé dans la marre avec sa conception jugée par ses détracteurs « trop grossière et essentialiste de ce que peut être une civilisation, ainsi qu’une animosité démesurée envers la religion musulmane« . Néanmoins, on lit dans les médias de plus en plus des titres comme :
- Et si Huntington avait raison ?
- Choc des civilisations : Huntington avait-il raison?
- Huntington avait raison
- Attentats islamistes : le piège du « choc de civilisations »
- Nous ne sommes pas dans un choc des civilisations mais dans « une guerre culturelle«
Sur l’idéologie – islamiste – du terrorisme, Emmanuel Macron a répondu dans une interview au journal espagnol « El Mundo » du 27 décembre 2017 : « Je l’assume : notre combat est aussi un combat de civilisations » et de préciser : « Certainement pas une région ou une culture contre une autre. Mais nous devons comprendre pourquoi tant d’enfants nés sur notre territoire se retournent contre nos démocraties, les abandonnent et les attaquent« .
Et chez nous ? Les facteurs bloquant une conversion à l’Islam : notre culture et le cochon
Selon Wikipédia accédé le 6/1/21, la consommation de Porc est interdit en Islam et ceci en référence aux deux versets du Coran :
- Al-Ma’ida 3 : « Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d’Allah, la bête étouffée, la bête assommée ou morte d’une chute ou morte d’un coup de corne, et celle qu’une bête féroce a dévorée – sauf celle que vous égorgez avant qu’elle ne soit morte -. »
- Al-Baqara 173 : « Certes, Il vous est interdit la chair d’une bête morte, le sang, la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre qu’Allah. Il n’y a pas de péché sur celui qui est contraint sans toutefois abuser ni transgresser, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux. »

Rappelons que le cochon, le chien et la poule sont les animaux domestiques qui ont accompagné nos ancêtres dans leurs innombrables voyages lors du peuplement de la Polynésie vers 300-400 ans ap. J-C, période du déclin de l’Empire romain d’Occident. L’anglais Samuel Wallis fût le premier « Blanc » à avoir découvert Tahiti, le 17 juin 1767.


Dans le livre « Une Histoire de Tahiti, des origines à nos jours » on peut lire à la page 58 : « Le cochon (Sus scrofa) n’était consommé qu’en de rares occasions par les gens du peuple et comptait parmi les offrandes les plus précieuses faites aux dieux sur les marae« .

Lorsque les premiers européens sont arrivés à Tahiti (Wallis le 17 juin 1767, Bougainville le 6 avril 1768 et Cook le 13 avril 1769), le cochon (comme d’ailleurs les adolescentes tahitiennes qui ont contribué au mythe de « l’amour-libre« ) leur était offert comme cadeau ou leur était troqué contre des clous : voir « L’île de Vénus » d’Anne SALMOND pages 12-14. Voici un passage quand les premières pirogues allaient à la rencontre des blancs : « Lorsque la jeune femme laissa tomber ses vêtements en tapa, le commandant [Bougainville] pensa irrésistiblement à Vénus, la déesse de l’amour, connues des Grecs sous le nom d’Aphrodite. »

Michel Panoff dans son livre « Tahiti Metisse » pages 34-36, relate d’ailleurs l’épisode en 1801-1826 du commerce de « cochon salé » entre les Tahitiens protégés par les Pomaré et les navigateurs de Sydney (Australie). Les Polynésiens qui « ont dans la peau » le cochon (Pua Roti, Ahi ma’a) ne sont donc pas les meilleurs candidats pour se convertir à l’Islam (prosélytes).

Par ailleurs, aux Marquises la danse du cochon est le souffle de l’amour filial; c’est un véritable marqueur culturel transmis de génération en génération.
Nos Tane & Vahine avec leur Ori Tahiti ne sont pas prêts de troquer le « more » pour la burka!

Le Ori Tahiti est incompatible avec le port de la burqa qui est interdit dans les lieux publics en France par la loi du 11 octobre 2010. D’ailleurs, selon The Guardian du 06/01/2022 : ‘It’s a revenge’: the global success of the Tahitian dance that Europeans tried to outlaw. The fast, hip-shaking dance of Tahiti is taking off around the world, with thousands of women taking classes and competing« .

Donc notre Ori Tahiti commence à être très populaire dans le monde : bravo à tous les polynésiens qui font la promotion de notre culture dans le monde.

Mathieu Guidère, pour son style d’écriture facile à lire, est mon auteur préféré pour la question de l’Islam et du monde arabe. Il a écrit un excellent livre « Sexe et Charia » qui devrait certainement intéresser nos Vahine qui ne connaissent pas la Charia.

Revoici le chant de nos vahines qui ont manifesté le 9 novembre 2013 « …on ne veut pas porter le voile, mais restons toujours à poil ! Elles font certainement référence à l’image de Vénus que Bougainville a retenue lors de sa rencontre avec les premières tahitiennes.

Avec une Polynésie ouverte connue pour être une terre de paix et d’accueil, l’introduction de l’Islam sur le Fenua reste une réalité.
Donc pour la majorité des polynésiens qui ne veut pas de cette religion ici, il faudra rester vigilants tout en gardant la tolérance légendaire du « Ta’ata Tahiti« .