SOMMAIRE :
- Les prémices de ce conflit
- Le paysage politique de l’Ukraine
- Kiev : capitale de l’Ukraine et berceau de la civilisation russe
- Le rapport de force militaire en présence
- Dans la tête de Poutine ancien colonel du KGB
- La Russie classée régime autoritaire
- La problématique géopolitique à la frontière Ouest de la Russie
- Poutine face à un dilemme
- Conclusion
Après avoir subi deux terribles années (2020-2021) de Covid-19, nous voilà repartis maintenant avec une guerre en Ukraine. Puisque cet évènement mondial nous affectera tous, avec les prix du carburant, du gaz et de l’électricité qui vont être déstabilisés davantage, j’ai essayé de comprendre le « pourquoi du comment » de cette guerre en Ukraine, sans tomber dans la « doxa mainstream » ou courant dominant, qui est la pensée et la croyance d’une majorité.
En résumé, je rejoins le message d’Oleksandra Matviichuk, présidente du Centre ukrainien pour les libertés civiles, lors de la remise du prix Nobel de la paix le 10 décembre 2022 à Oslo (voir la photo ci-dessous) : « La guerre en Ukraine n’est pas une guerre entre deux États, mais entre deux systèmes : l’autoritarisme et la démocratie ».

Raphaël Glucksmann dans son livre « La Grande Confrontation”, exprime sa colère en expliquant comment Poutine a pu « acheter » les grands dirigeants de l’Europe occidentale, au détriment de nos valeurs de liberté et de démocratie.

Dans un thriller géopolitique, Marion Van Renterghem décrypte « Le piège Nord Stream ». Elle explique comment Vladimir Poutine a élaboré dans l’ombre, pendant vingt ans, une stratégie pour rendre l’Europe dépendante à la Russie. Un piège presque parfait dont le personnage central est un gigantesque gazoduc qui traverse la mer Baltique en contournant l’Ukraine : Nord Stream. Voir cette vidéo « Nord Stream : un gazoduc russe derrière la guerre en Ukraine«
Xavier Tytelman dans sa vidéo « Destruction de NORD STREAM: qui sont les responsables ? » nous explique également les dessous de cette affaire.
Donc pour ceux qui chérissent les valeurs de la démocratie, soutenons l’Ukraine qui essaye de s’accrocher au clan de la liberté (l’Occident dont la Polynésie française fait partie), sous les bombardements de la Russie décidés par l’autocrate Poutine.
Bien sûr, il y a ceux (tel le colonel Douglas Abbott Macgregor) qui se rangent du côté de Poutine, car ils pensent que l’Ukraine a toujours fait partie de la Russie . Dans LCI du 13/09/2023, « Guerre en Ukraine : la propagande et la désinformation de Poutine touchent aussi les États-Unis« , il est décrit comme un pro-Poutine, comme il y en a aussi d’ailleurs au sein de l’armée française. À l’égard de ces derniers, tant pis donc pour les Ukrainiens qui aspirent à s’extraire du joug de la Russie.
J’invite chacun à étudier l’histoire de ces deux pays : voir infra les liens hypertextes, dont celui-ci « Pourquoi Poutine parle-t-il tout le temps des nazis ?« , qui résume brillamment le prétexte du nazisme, exploité politiquement par Poutine, pour mieux tenir sous sa botte le peuple russe.
1- Les prémices de ce conflit
Tout d’abord, rappelons que la violence a jalonné l’histoire de la Russie dont le centre du pouvoir au Kremlin est malheureusement dominé par une espèce de « régime mafieux« , expliquant l’ascension du « manipulateur » ex-KGB Vladimir Poutine ; voir à ce sujet, l’interview de Bernard Lecompte dans Sud Radio du 26/12/2022.
Ci-dessous quelques dates clés qui ont marqué les prémices de cette guerre :
- le 10 février 2007 lors du discours offensif de Poutine à Munich au Forum sur la sécurité internationale (voir au chrono 25 : 00) ; voir également la vidéo d’avril 2023 : « Au commencement était la guerre. Avec Alain Bauer | Entretiens géopo« , qui retrace bien l’historique de ce conflit ;
- et en 2014 voir ces deux vidéos : 93- la Bataille pour l’Ukraine, partie 1 et partie 2 :
- par l’annexion de la Crimée qui faisait partie de la Russie avant d’être cédée en 1954 à l’Ukraine par Nikita Khrouchtchev pour soudoyer les Ukrainiens et sécuriser ainsi son poste de Premier secrétaire du parti communiste de l’Union soviétique ; voir au chrono 7:20 ;
- par la guerre hybride du Donbass opposant le gouvernement ukrainien à des séparatistes pro-russes soutenus militairement par la Russie : voir cette vidéo qui explique les Accords de Minsk I et II.
Ce conflit russo-ukrainien, qui se déroule dans l’Est de l’Ukraine (Ukraine orientale), principalement au Donbass, s’est maintenant étendu par un envahissement de toute l’Ukraine, décidé par un SEUL homme : Vladimir Poutine, « uniquement » informé et conseillé par le FSB, le successeur du KGB. À ce sujet, « le débat sur la guerre russe en Ukraine sur LCI du 29 décembre 2022 » montre à quel point, Poutine ne fait confiance qu’au renseignement fourni par son entourage très fermé du FSB, pour prendre seul ses décisions.
Pour Yuri Felshtinsky, historien : « Rien ne changera en Russie tant que les services de sécurité (le FSB) n’auront pas été démantelés ». La sécurité d’Etat russe s’est organisée depuis sa création, en 1918, pour prendre le contrôle du pays. Le contrôle du FSB sur le processus électoral a été renforcé, puisqu’il gère entièrement le système informatique de comptage des voix. Récemment, la pratique du vote électronique a été autorisée par la loi. Dans un pays aussi vaste, où les électeurs ont parfois des problèmes pour se déplacer jusqu’aux bureaux de vote, on pourrait penser que c’est un progrès. En réalité, cela va permettre au FSB de manipuler les résultats, donc de choisir le prochain président.
Dans son ouvrage de 2023 « De la Terreur rouge à l’État terroriste« , il raconte scoop après scoop, le pouvoir occulte des agents qui, de Lénine à Poutine, en passant par Staline, révèle la face cachée du Kremlin et d’un siècle d’alliance entre la terreur et le crime. Quel est le lien secret entre Lénine, Staline, Poutine ? Entre l’ancienne nomenklatura et la nouvelle oligarchie ? Entre les massacres passés des opposants par les bolcheviks et les assassinats actuels des dissidents par les siloviki ? Entre l’écrasement des pays de l’Est hier et la destruction de l’Ukraine aujourd’hui ?

L’auteur avisé Bernard Lecompte explique dans Sud Radio du 27/12/2022 au chrono 1:00, le « système mafieux » typique du Kremlin qui a permis au manipulateur « KGBiste » Poutine d’être placé à la tête de la Russie par Boris Eltsine, grâce à une espèce de « pacte de non-agression » entre eux deux : Eltsine accorde sa succession au poste de Président de la fédération de Russie à Poutine qui lui, en contrepartie, s’engage à le protéger. Dans une interview du 26 juillet 2023 dans LCI « Les Russes ne savent pas ce qu’est une frontière« , il décrit ce « cercle mafieux » autour de Poutine qui dirige la Russie.

Pour d’autres experts, Poutine veut maintenant se donner la même stature qu‘Ivan le Terrible, Pierre 1er le Grand, Catherine II la Grande ou Joseph Staline. À ce sujet, Christine Ockrent dans son livre de 2014 « Les oligarques« nous résume le système Poutine; elle est interviewée le 06/03/2022 par Patrick Simonin sur TV5MONDE.

Le Professeur John Mearsheimer affirme clairement que l’OTAN et les États-Unis sont les véritables responsables de ce conflit en ayant officiellement invité l’Ukraine et la Géorgie à rejoindre l’OTAN lors du Sommet de Bucarest du 1-4 avril 2008. Ce qui a bien sûr commencé à provoquer frontalement Poutine.

Mais le professeur Alexander Stubb est en total désaccord avec le professeur Mearsheimer; voir sa vidéo : « Why Mearsheimer is wrong about Russia and the war in Ukraine. » Son opinion est étayée sur des arguments solides. En effet, peu importe les raisons géopolitiques qui auraient poussé Poutine SEUL à conquérir l’Ukraine, on ne « raye pas de la carte » un pays voisin (plus grand que la France) pour ensuite forcer sa population de 44 millions à avoir la citoyenneté russe ! Poutine se moque de la souveraineté en droit international qui garantit l’indépendance, la capacité à ne pas se voir imposer la volonté des autres (principe de non-ingérence), et la liberté d’organisation interne. Selon Joshua Rubenstein : « Poutine glorifie Staline, symbole de la grandeur de l’Union soviétique » ; donc Poutine « ne vit pas sur la même planète » que ses homologues des pays libres de l’Occident. Il ne connaît que la force militaire pour dicter sa vision du monde.
Hubert Védrine nous résume la complexité de ce conflit et l’ancien Premier Ministre de la Finlande, le professeur Alexander Stubb du School of Transnational Governance (EUI) nous explique en quelques vidéos la portée considérable de ce conflit :
- Understanding the War in Ukraine (1) – General
- Understanding the war in Ukraine (2) – Finland
- Understanding the war in Ukraine (3) – Europe
- Understanding the war in Ukraine (4) – World
- Understanding the war in Ukraine (5) – Russia
- Understanding the war in Ukraine (6) – China
- Understanding the war in Ukraine (7) – USA
- Understanding the war in Ukraine (8) – NATO (Russia/Finland/Sweden)
- Understanding the war in Ukraine (9) – Power
- Understanding the war in Ukraine (10) – Ten Instruments of Power
- Understanding the war in Ukraine (11) – West and the Rest
- Understanding the war in Ukraine (12) – The New World Order
- Understanding the War in Ukraine (13) – The Economy with George Papaconstantinou
- Understanding the War in Ukraine (14) – Denmark and EU enlargement with Fabrizio Tassinari
- Understanding the War in Ukraine (15) – Energy with Jean-Michel Glachant
- Understanding the War (16) – Technology with Lucia Velasco
- Understanding the War in Ukraine (17) – The Transatlantic Relationship with Erik Jones
- Understanding the war in Ukraine (19) – Conclusion
Frise chronologique — Source : Blog « L’histoire est un combat«
Voici d’autres sources pour comprendre l’origine de ce conflit :
- Histoire géo : « Les origines de la Russie – résumé sur cartes« , est un excellent résumé. À partir de 850 en Scandinavie (Norvège, Suède, Danemark), les Vikings Varègues de Suède ont commencé à peupler les régions du Sud; voir la frise chronologique ci-dessus. De ces conquêtes, la constitution de la Russie a été la principale émanation.
- P. Eysseric- F. Bousquet :« Notre Russie, une histoire incorrecte » – Le Zoom – TVL.
- Marc Endeweld journaliste, révèle les raisons secrètes de la guerre en Ukraine, sous l’angle principal de la géopolitique de l’énergie ; voir son livre : « Guerres cachées. Les dessous du conflit russo-ukrainien« .
- Anna Colin Lebedev dans son livre de septembre 2022 : « Jamais frères ? Ukraine et Russie : une tragédie postsoviétique«
- Jean-François Colosimo, théologien, éditeur et essayiste, dans son livre « La crucifixion de l’Ukraine – Mille ans de guerres et de religions en Europe » analyse cette guerre sous l’angle de la religion. Devant Alexandra Jousset le 26/12/2022 (28 Minutes – ARTE), il donne une lecture intéressante de ce conflit.
- Jean De Gliniasty ex ambassadeur de France en Russie, interviewé le 23/08/2022 par Xavier Tytelman, décrit la « Russie de Poutine: 20 ans d’efforts pour envahir l’Ukraine ? »
- Alain Bauer, Professeur au CNAM, responsable du pôle Sécurité Défense Renseignement, voir les interviews suivants :
- Documentaire ARTE – Ukraine : la fin du monde russe ?
- Documentaire « Comment s’est développée la plus grande entité politique slave du Moyen Âge ?« . La Rus’ de Kiev devient le plus grand état d’Europe à cette époque et unifie les peuples slaves sous une même religion et une même écriture.
- Débat sur LCI daté du 21/12/2022 « La Crimée est-elle russe ou ukrainienne ?« .
- Le Monde du 28/04/2015 : « Comprendre les origines de la crise en Ukraine en 5 minutes« .
- Courrier international du 27/05/2021 : Cartes sur table | D’où viennent les tensions entre la Russie et l’Ukraine ?«
- « A History of Eastern Europe: Ukraine-Russia Crisis » by Professor Vejas Gabriel Liulevicius, an award-winning professor at the University of Tennessee, Knoxville.
- « Putin’s Gambit: Why He Chose War and How it Will End « by Professor Thomas Graham a distinguished fellow at the Council on Foreign Relations. He is a cofounder of the Russian, East European, and Eurasian studies program at Yale University and sits on its faculty steering committee.
- « Why Ukraine Must Win » with Thomas Cromwell – The Institute of World Politics
2- Le paysage politique de l’Ukraine
Tout d’abord, l’Ukraine est un pays très divisé sur le plan ethnolinguistique et sur le plan politique : voir l’évolution politique sur la carte ci-dessus.

Ci-dessous une carte présentée le 4-7 juin 2015 par le Professeur John Mearsheimer (« Why is Ukraine the West’s Fault? » University of Chicago). En résumé, on constate une zone d’influence ukrainienne à l’Ouest (partie rouge) et une zone d’influence russe à l’Est (partie jaune) qui explique les convoitises de Poutine.

3- Kiev : capitale de l’Ukraine et berceau de la civilisation russe
N’oublions pas que Kiev (Kyiv) capitale actuelle de l’Ukraine a été aussi celle de la principauté de Kiev (Rus’ de Kiev 882-1240) qui est le berceau de la civilisation russe. Les ukrainiens sont très proches des russes pour être aussi des slaves orientaux. Sur les 44 millions d’ukrainiens recensés en 2019, 13% sont d’origine ethnique russe et 1/3 parle le russe comme langue maternelle. D’ailleurs, selon Hélène Carrère d’Encausse, la communauté ukrainienne est la plus importante dans l’espace soviétique nationale (voir « Six années qui ont changé le monde : 1985-1991, la chute de l’Empire soviétique » – page 132).
Quant au peuple russe, elle a une forte diversité ethnique regroupant environ 160 différentes nationalités sur son sol. Ci-dessous la répartition de sa population de 146 millions en janvier 2021 :
- les Russes 80 %;
- les six autres nationalités d’une population supérieure à 1 million :
- les Tatars (3,8 %);
- les Ukrainiens (2 %) soit environ 3 millions vivant en Russie; voir les ukrainiens de Kiev démantelant les statues russes, symboles liant l’histoire des deux pays;
- les Bachkirs (1,1 %);
- les Tchouvaches (1,1 %);
- les Tchétchènes (0,9 %);
- les Arméniens (0,8 %).

Alain Frachon, journaliste et éditorialiste, dans une interview sur ARTE du 30/07/2022 « Démocraties contre dictatures : la nouvelle guerre des mondes » (au chrono 03:05), nous rappelle clairement quelles étaient les intentions de Poutine mentionnées en 2021 sur le site du Kremlin : historiquement, culturellement et politiquement l’Ukraine n’existe pas; l’Ukraine c’est la Russie! (chrono 3:10).
D’ailleurs, dans une vidéo de LCI du 25/05/2023 « Poutine réécrit l’histoire de l’Ukraine« , on voit une mise en scène flagrante par Poutine du président du Conseil constitutionnel de la Russie démontrer, à l’appui d’une ancienne carte française compilée sous Louis XIV, que l’Ukraine, c’est la Russie. Le journaliste, auteur français, expert en stratégie militaire et colonel de réserve opérationnelle, Pierre Servent commente que : “C’est extrêmement révélateur de l’esprit de Poutine. Ça envoie un très mauvais message par rapport à ceux qui disent qu’il faut un règlement diplomatique.”
Aux pages 337-340 de son livre « Un autre monde« , Alain Frachon s’oppose à ceux qui accusent que l’Occident (et plus spécifiquement l’OTAN) est responsable de ce conflit, en ayant acculé Poutine à l’envahissement de l’Ukraine. Il écrit : « Est-ce si difficile de dire les choses comme elles sont? Un dictateur [Poutine], en mal de reconstitution d’un empire perdu, cette URSS effondrée sous ses propres contradictions, agresse un pays indépendant. Objectif : le casser [l’Ukraine] pour le soumettre; le terroriser pour l’assujettir à nouveau « comme avant ». Poutine, l’ordonnateur de l’assaut sur l’Ukraine, appartient à cette génération de Russes venus des services de sécurité [KGB], écrit le politologue Ivan Krastev dans le New York Times, qui n’ont jamais digéré la fin de l’URSS : « Construire le futur ne les intéresse pas, ils veulent refaire le passé« . Ce qui traumatise Poutine dans l’Ukraine d’aujourd’hui, ce n’est pas la lointaine perspective de sa possible appartenance à l’OTAN, c’est la volonté de ce pays de rejoindre « l’Ouest » – le monde démocratique et libérale. Il faut ramener la traîtresse « à l’Est », à la maison Russie à laquelle elle appartient. Vladimir Poutine l’a écrit : il n’y a pas de peuple ukrainien. Pourquoi ne voir que figure de rhétorique dans le propos des autocrates? … Celui-ci [Poutine] s’attache à reconstituer l’impérium de Moscou sur son étranger proche [l’Ukraine]. Pas par peur de l’OTAN, mais dans un mélange de sentiments complexes, où se mêlent désir de puissance incontrôlé et volonté de revanche sur l’histoire. »
A l‘adresse des puissances occidentales, Xi Jinping a donné ce même type de message de revanche sur l’histoire!

Selon l’universitaire Serge Rolet, Poutine veut réaliser son fantasme nationaliste grand-russe, faisant de l’Ukraine une humiliante arrière-cour de la Russie. Aux Ukrainiens, il insinue : « Soit vous êtes une partie de nous, soit vous n’êtes rien. Votre volonté d’être autre chose que des Petits-Russes est le signe que vous êtes dirigés par des nazis dépravés et drogués, c’est pourquoi nous avons le devoir sacré de les détruire, et vous avec, si besoin ». Mais, les combattants ukrainiens sur le front refusent de se soumettre et d’être considérés comme des esclaves de Poutine !
Quant à la liberté d’opinion des Russes sous le régime de Vladimir Poutine durant la guerre en Ukraine de 2022, ils subissent encore, dans leur pays le plus vaste du monde, la surveillance de « BIG BROTHER » : voir le roman « 1984 » de George Orwell et le documentaire « 1984 » ou « Le meilleur des mondes » ? George Orwell, Aldous Huxley – ARTE 20 oct. 2022. D’ailleurs, Nina Lvovna Khrushcheva, arrière-petite-fille de Nikita Khruschev a fait allusion, en octobre 2022, que Poutine a réussi à inverser la réalité dans la façon de penser du peuple russe : « Putin’s Russia, war is peace, slavery is freedom, ignorance is strength and illegally annexing a sovereign country’s territory is fighting colonialism. »
Le cas de la Chine avec son système de surveillance et de notation de ses citoyens (concept du « crédit social« ) ressemble drôlement à Big Brother poussé à l’extrême. Mais, pour certains Chinois, le fait d’être surveillés par ces systèmes de caméra, curieusement leur assure une certaine sécurité !
Pour Poutine, c’est donc une conquête militaire symbolique qui a déjà causé beaucoup de morts civils. Jean-François Colosimo, théologien, éditeur et essayiste, pense que Poutine a totalement nié la volonté politique des ukrainiens à vouloir se démarquer de Moscou. Mikhaïlo Podolyak, conseiller spécial du Président Volodymyr Zelensky, dans une interview du 4 octobre 2022 au chrono 05:45, confirme qu’il y a un « fossé civilisationnel » entre le peuple ukrainien et le peuple russe!
4- Le rapport de force militaire en présence
Ci-dessous un résumé du rapport de force militaire entre l’agressé (l’Ukraine) et l’agresseur (la Russie) : c’est donc David (l’Ukraine) contre Goliath (la Russie). La vidéo : « The Hidden Battle that Saved Ukraine » au chrono 19:00 et l’article du 24 février 2022 dans Libération : « « Ne pas les laisser atterrir » Hostomel : la bataille qui a changé le cours de la guerre en Ukraine, racontée de l’intérieur », expliquent comment la bataille épique de l’aéroport de Hostomel a permis, grâce à la CIA, de déjouer le plan des Russes qui devaient capturer au tout début la capitale Kiev, en quelques jours ! En effet, au 30/03/2022, après 34 jours de guerre, on apprend que la petite armée ukrainienne a commencé à donner du fil à retordre à la grande armée russe : voir également la vidéo « 30 Ukrainiens bloquent un convoi russe grâce à Elon Musk« . Mais, lorsque l’Ukraine a voulu lancer une offensive en Crimée en 2022, Elon Musk a secrètement demandé à ses ingénieurs de Starlink de couper le réseau satellite près des côtes de ce territoire annexé par la Russie en 2014. D’où le pouvoir exorbitant d’UN SEUL homme à changer le sort d’une guerre !

Le bilan militaire depuis le 24/02/2022 :
- au 12/05/2022 : les spécialistes militaires dans le monde commencent à se rendre compte que les tanks sont maintenant dépassés par la supériorité des drones armés de missiles équipés d’un système GPS de guidage très précis. Par exemple, l’artillerie moderne de l’Occident fournie à l’Ukraine (M777 américain et Caesar français) a une précision de tir de quelques mètres (exemple l’obus de précision : l’Excalibur M982) comparée à une centaine de mètres en général pour celle des russes. À ce titre, voir la vidéo du 06/07/2023 « Why is the M982 Excalibur Round a Game Changer in Ukraine?«
- à mi-juin 2022, Xavier Tytelman nous explique en détail l’évolution de cette guerre;
- au 19/09/2022 : le général David Petraeus (Retired US Army general and former CIA Director) confirme son pronostic : l’armée ukrainienne, grâce à l’exceptionnel soutien logistique, militaire et financier des États-Unis, a montré plus de professionnalisme dans la conduite de cette guerre.
- au 13/02/2023 : « Guerre en Ukraine : la révolution des drones« , Xavier Tytelman démontre comment l’utilisation des drones a totalement changé la donne, en faveur des Ukrainiens. Grâce au soutien financier et militaire de l’Occident, la victoire finale reviendra aux ukrainiens, selon le général retraité David Petraeus, ex-directeur de la CIA. En général, on peut conclure à la supériorité technologique de l’armement occidental face à celle de la Russie.

Selon ce tableau, le rapport de perte est d’environ 1 pour 2,8 en faveur de l’Ukraine : voir la colonne Total ratio.
Ci-dessous un des cimetières de chars russes qui se sont fait littéralement « canardés » à partir de plusieurs kilomètres d’altitude par les missiles des drones ukrainiens, téléguidés par des opérateurs bien informés des mouvements ennemis russes grâce au service de renseignement satellitaire américain, qui utilise le système performant STARLINK d’Elon Musk ; voir l’article « Comment Starlink et les constellations de satellites d’Elon Musk changent la guerre »– Le Monde du 15 décembre 2022.

Malheureusement, avoir à la tête d’une grande puissance nucléaire comme la Russie, un Vladimir Poutine dangereux, humilié et rancunier rêvant de reconstituer l’Empire soviétique qui s’est effondré en 1991, représente un sérieux risque permanent de conflit mondial, en osant défier l’Occident avec l’arme nucléaire.
5- Dans la tête de Poutine ancien colonel du KGB
Tout d’abord, étant à la tête de la Russie, le pays le plus vaste au monde, détenant aussi la deuxième puissance militaire au monde, Poutine se considère infaillible et « indéboulonnable ». D’ailleurs, « à la télévision russe sous la botte de Poutine, ce dernier s’est loué comme un sauveur et un libérateur« ; ce constat rejoint indirectement la thèse qu’ « Un vaste monde, situé à l’est de l’Europe, n’est toujours pas sorti de l’âge soviétique« .
En effet, certains spécialistes expliquent que la Russie n’a pas la même vision du monde que les pays libres de l’Occident. À ce sujet, voir les émissions du :
- 02/11/2022 sur LCI : « La TV Russe compare l’occident à un cancer« ;
- 08/11/2022 sur LCI : « Russie : la propagande, dès le plus jeune âge…« ;
- 14/03/2023 sur BFMTV : « Poutine, la haine de l’Occident » ;
- 09/04/2023 sur LCI : « La guerre en Ukraine se terminera quand le « poutinisme » prendra fin.
- 18/07/2023 Pascal Boniface : J’ai lu… « Macron-Poutine : les liaisons dangereuses », ouvrage d’Isabelle Lasserre
- 21/08/2023 sur LCI Jean-François Bouthors : « La Russie est un territoire ingouvernable »
Ainsi pour ceux qui n’ont pas encore bien saisi la vision impérialiste de Poutine (plus KGBiste que communiste ; voir le débat du 14/12/2022 sur LCI au chrono 10:00), ils risquent de ne pas comprendre les vraies raisons de cette guerre. Étant un ancien du KGB, Poutine a une vision binaire dans les rapports de force en géopolitique. Pour lui, il n’y a pas de gagnant-gagnant ; il doit être le gagnant et les autres en face les perdants (voir au chrono 8:30). Bernard Lecomte explique à merveille le personnage Poutine dans Sud Radio du 27/12/2022 au chrono 16:00. Le géopoliticien Dominique Moïsi a conclu dans LCI du 2/1/2023 que Poutine « est prisonnier de sa pensée, devenue folle » et l’assimile maintenant à Adolphe Hitler.
L’historien Antoine Arjakovsky, co-auteur du livre « Le Livre noir de Vladimir Poutine » novembre 2022, résume en quatre points le désaccord profond entre les russes et les ukrainiens (voir la ressemblance avec « Chers ennemis : les Français et les Allemands« ) :
- Sur le plan de l’histoire : selon les russes, puisque le berceau de la civilisation russe est à Kiev (Kyiv), la capitale actuelle de l’Ukraine qui a été aussi celle de la principauté de Kiev (Rus’ de Kiev 882-1240), c’est donc la Russie qui doit « prendre le dessus » sur l’Ukraine.
- Sur le plan de la religion : Moscou se voyant comme « la troisième Rome » après la chute en 1453 de Constantinople « la deuxième Rome« , le patriarcat de Moscou (tenu par le patriarche Kirill un ancien KGB ami de Poutine), essaye donc en vain d’avoir un droit de tutelle sur la religion orthodoxe en Ukraine. L’invasion du 24 février 2022 est venue attiser ces tensions.
- Sur le plan de l’état : l’Ukraine doit céder à la prééminence et à l’impérialisme de la Russie de Poutine. Elle n’a donc pas droit à sa souveraineté (sic!).
- Sur le plan de la géopolitique : l’Ukraine, à l’insu de Poutine, veut se détacher du joug de la Russie pour être un état souverain et libre d’intégrer l’Union européenne et l’Occident en général.
Au 24 février 2022, le monde entier et les ukrainiens eux-mêmes sont stupéfiés : Poutine, en mal de sphère d’influence soviétique, a décidé par ce qu’il appelle une « opération militaire spéciale, d’envahir l’Ukraine pour s’emparer de Kiev la capitale, en trois jours« . La déclaration de « guerre » est soigneusement évitée par Poutine, car elle aurait impliqué l’obligation d’une « mobilisation générale » de la population russe qui est justement peu disposée à sacrifier ses jeunes, après avoir connu les 26 000 soldats russes morts de la Guerre d’Afghanistan (1979-1989). Au 20/07/2022, elle aurait déjà accusé de lourdes pertes dont plus de 45 000 soldats selon les diverses estimations à faire vérifier avec prudence (sources : US, UK, Estonian).
Selon Anne Nivat, grand reporter, en Russie, « Les Russes vivent absolument normalement, comme si de rien n’était » (voir LCI du 23/12/2022). Elle confirme que ceux qui sont expédiés au front sont principalement les ethnies non-russes pauvres qui vivent dans les régions retirées de la Russie; ce ne sont pas les Russes des grandes villes telle Moscou et Saint-Pétersbourg.
Comment au 21ᵉ siècle peut-on voir encore le plus vaste pays au monde (la Russie) envahir le deuxième plus vaste pays européen (l’Ukraine)? Cela nous rappelle les années sombres d’Adolphe Hitler. Certes, à s’y méprendre, la comparaison est imparfaite. Mais Boris Cyrulnik a une explication convaincante de ce qui se passe « Dans la tête de Vladimir Poutine – C à vous » – 25/03/2022 : Poutine, pour des raisons de développement et pas de folie, ne s’intéresse pas au monde mental des autres (« arrêt de l’empathie« ). Il reste prisonnier de lui-même et de son immédiat; ce qui compte, c’est son désir de faire la guerre et de la gagner. Il passe donc à l’acte sans aucune culpabilité.
Hélène Carrère d’Encausse pense que Poutine a organisé une « catastrophe » qui risque de voir, dans un « sauve-qui-peut », son entourage politique se retourner contre lui. Elle explique le 2 novembre 2022 devant Pascal Boniface (fondateur de l’IRIS) comment Poutine a dilapidé son héritage politique par cette guerre qui a ruiné ses efforts de restauration de la Russie.
Par ailleurs, voici une excellente vidéo de H5 Motivation expliquant la personnalité complexe (l’émotionnel influençant la rationalité) de « Poutine qui serait un Danger Pour l’Humanité« et une autre vidéo de Johnny Harris qui analyse clairement les arguments fallacieux de Poutine pour justifier son invasion de l’Ukraine.

Pourtant, selon Adrien Jaulmes & Lucas Menget dans leur préface du livre « Les nouvelles menaces sur notre monde vues par la CIA Analyses, faits et chiffres » (Avril 2022): « La CIA, face à Poutine, a inventé une nouvelle méthode : employer l’information non pour dissimuler, mais pour faire éclater la vérité. De façon inédite, les agents de l’ombre ont choisi comme arme la lumière.… Jamais les États-Unis n’avaient rendu publiques autant d’informations et d’analyses, avec autant de détails, aussi rapidement et avec autant de constance... » En effet, la CIA n’avait de cesse d’informer le monde des intentions imminentes de Poutine d’envahir l’Ukraine. Mais les Européens n’ont pas été convaincus et même le Président Zelensky n’a « pas voulu entendre » les avertissements de Biden.
On craint donc le spectre d’une troisième guerre mondiale, encore à partir de l’Europe comme pour la Première et la Seconde Guerre mondiale. Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, cherche justement à obtenir la victoire de l’Ukraine sans faire la guerre à la Russie. Ce qui n’est pas facile face à la rhétorique nucléaire et menaçante de Poutine.
Un de mes auteurs préférés Yuval Noah Harari pense que « Si on n’arrête pas Poutine, ce sera dévastateur pour nous tous … la guerre en Ukraine est cruciale pour l’avenir de l’humanité … le plus tragique, c’est qu’elle n’a été voulue que par une personne« .

Poutine n’a jamais accepté que l’Ukraine soit devenue indépendante de la Russie. « Son principal argument a été d’affirmer que l’Ukraine contemporaine a été créée, entièrement et pleinement, par la Russie, plus précisément par la Russie bolchévique et communiste
. Selon lui, Lénine est le seul responsable de la création de l’État ukrainien. A la télévision le lundi 21 février 2022, il s’était adressé à la nation russe pour expliquer pourquoi, alors que sa décision viole toutes les règles du droit international, il avait pris la décision de reconnaître les républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk … Mais d’après l’historien russe Andréi Zoubov, l’Ukraine est devenue indépendante en janvier 1918 en conséquence des actions de Lénine, mais non pas grâce à Lénine
.« De plus, Poutine ne cesse de répéter que l’objectif de Moscou est de « dénazifier l’Etat ukrainien » et de « protéger les personnes victimes de génocide de la part de Kiev ».
Ayant exigé en vain que l’Ukraine reste neutre et n’intégrera jamais l’OTAN, Poutine a donc pris prétexte du non-respect des accords de Minsk 1 & 2 pour envahir l’Ukraine dans le but de capturer Kiev, de « décapiter » le gouvernement de Volodymyr Zelensky et d’installer un « gouvernement fantoche » à la botte de la Russie, tout en menaçant le monde avec l’arme nucléaire (Sic!) de ne pas se mêler des affaires russo-ukrainiennes (voir aussi l’excellent résumé de France 24 du 25/03/2022 par Elena Volochine).
D’ailleurs, l’ex-président russe Dmitri Medvedev (le « protégé » de Poutine) avait déjà renchéri le 06 juillet 2022 la menace de l’arme nucléaire en faisant fi de la Cour pénale internationale (CPI) qui a osé lancer, en mars 2023, un mandat d’arrêt international contre Poutine pour « déportation » et « transfert de population (enfants) depuis des zones occupées de l’Ukraine ». « L’idée même de châtier un pays qui a le plus grand arsenal nucléaire au monde est absurde, selon Medvedev. Et, cela crée potentiellement une menace pour l’existence de l’humanité » (Sic!). En d’autres termes, puisque la Russie est une grande puissance nucléaire ; elle est donc au-dessus du droit international. Le monde entier doit de ce fait acquiescer aux désidératas de Poutine d’envahir et de détruire l’Ukraine. Voir également l’article « Mandat d’arrêt de la CPI contre Vladimir Poutine : une victoire pour la justice internationale ? » dans The Conversation du 26 mars 2023, qui explique les difficultés à mettre en œuvre cette justice pénale internationale. Malheureusement, en géopolitique, c’est la force qui compte et pas la justice, surtout face à ce « tyran mafieux » qu’est Poutine. Il ne connaît que le rapport de force, pour parvenir à ses fins.
Galia Ackerman, co-autrice de « Le livre noir de Vladimir Poutine« , doute que les généraux militaires corrompus suivent Poutine jusqu’à déclencher une guerre nucléaire contre l’Occident et plus spécifiquement contre les États-Unis : voir au chrono 19:00 de la vidéo datée du 13 juillet 2023 « Poutine est un trouillard, ce n’est pas sûr qu’il veuille appuyer sur un bouton nucléaire« .
Source Amazon.fr – Voir également l’interview de Stéphane Courtois sur LCI du 14/12/2022
Rappelons qu’au lendemain de son indépendance plébiscitée à 92,26% le 01/12/1991, l’Ukraine était la deuxième plus puissante république de l’ex-URSS en détenant 1/3 de son arsenal nucléaire, la hissant ainsi à la 3ᵉ puissance nucléaire mondiale de l’époque. D’ailleurs, selon François Martin, président du club HEC Géostratégies, l’Ukraine fabriquait jusqu’en 1991 déjà 30% de tout l’armement de Union soviétique (voir au chrono 23:15).
Mal lui en a pris, dans le Mémorandum de Budapest de 1944, l’Ukraine avait déjà accepté (et confirmé en 2014 malgré l’annexion de la Crimée par la Russie) de se séparer de ses armes nucléaires pour rejoindre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), marquant ainsi sa contribution pour une stabilité dans le monde. En contrepartie de cette concession, les États-Unis, l’OTAN et la Russie s’engageaient à protéger l’Ukraine (voir au chrono 33:00). Comprenez donc pourquoi les Ukrainiens se sentent maintenant trahis dans cette guerre où ils supplient l’Occident pour une aide pressante.
Donc c’est l’agresseur (Poutine) qui nous dit : attention, en cas de fiasco militaire si la Russie se sent agressée (par un « risque existentiel« ), je presse le bouton de l’arme nucléaire! Face à cette menace nucléaire, le monde libre « tremble » et Poutine peut donc continuer entre-temps son massacre des ukrainiens! Au 30/03/2022, constatant un échec de la stratégie de conquête de l’armée russe, le général américain retraité Jack Keane est déçu que l’Administration Biden, par crainte d’attiser la menace nucléaire de Poutine, ne redouble pas d’effort militaire pour que l’Ukraine gagne définitivement cette guerre.

Certes, l’Union soviétique a payé le plus lourd tribu avec ses 25 millions de morts à cause du « fou va-t-en-guerre » Hitler qui a finalement préféré se suicider pour que son corps soit brûlé (voir au chrono 06:15) et pour peut-être éviter la même mort atroce de Mussolini, pendu en public, quelques jours avant. De toute manière, il aurait été condamné à mort pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité lors du procès de Nuremberg. Ce sacrifice humain explique que les russes ont un peu ce sentiment vertueux d’avoir sauvé l’Europe du nazisme. À ce sujet, voir la mentalité des russes expliquée par le Prof Alexander Stubb.

D’où, on peut comprendre cette espèce de « psychose paranoïaque » de Poutine qui se sent encerclé par le monde libre (plus exactement par les pays membres de l’Union européenne) pour anéantir des villes comme Marioupol sans tenir compte des civils. Mais qui est le fou qui peut penser un seul instant que l’Union européenne ou l’Occident en général aurait cette folle ambition de vouloir à terme envahir la Russie (voir Pierre Servent éditorialiste géopolitique TF1-LCI au chrono 7:06). On n’est plus à l’époque de la grandeur de la France napoléonienne où la campagne de Russie de 1812 avait été menée pour punir Alexandre Ier de Russie d’avoir levé le blocus continental imposé par Napoléon 1er à toute l’Europe depuis 1806, contre le Royaume-Uni; elle s’est soldée par la fameuse Bérézina!
Poutine ne craint-il pas plutôt que de plus en plus de citoyens russes soient, au même titre que les citoyens de l’Union européenne, tentés de vouloir plus de liberté et de démocratie ; compromettant ainsi son pouvoir absolu et personnel, préservé par le système mafieux du FSB (voir supra).
Gilles Favarel-Garrigues, Directeur de recherche, Sciences Po-CERI, Sciences Po dans son article du The Conversation du 23 mars 2023 « Comment Vladimir Poutine a mis en place une « verticale de la peur » en Russie » décrit un Vladimir Poutine qui s’est engagé dès son arrivée à la présidence de la Fédération de Russie, en 2000, à restaurer une « verticale du pouvoir » qui a été mise à mal, selon lui, durant les années 1990, marquées par un profond délitement de l’État.
Cédric MAS, historien militaire, en est convaincu ; voir la présentation du 10/10/2022 au chrono 56:08, Ukraine : « de l’échec annoncé à la contre-offensive » – analyse pour comprendre l’évolution. D’ailleurs, depuis cette invasion, on constate une importante fuite des cerveaux russes, qui est le symptôme classique d’un régime autoritaire. Albert Einstein qui a fui l’Allemagne hitlérienne en restant aux Etats-Unis pendant un voyage en 1933, a été, entre autres, l’illustre exemple.
Pour certains, la meilleure manière d’arrêter Poutine dans sa folie meurtrière de reconquête SANS risquer un embrasement du monde, est d’espérer un soulèvement le plus tôt du peuple russe contre lui et de ses oligarques corrompus constituant sa garde rapprochée. L’écrivain en exil Boris Akounine pense que SEUL le peuple russe peut l’arrêter. Il y a même ceux qui espèrent son élimination par certains de son entourage. Pour certains l’espoir d’une « révolution de palais » est très mince, mais pour d’autres comme Alexandre Adler, « le conflit en Ukraine indiquerait que la fin de Vladimir Poutine à la tête de la Russie est proche« ; voir également la vidéo : « Zelensky l’assure, Poutine sera tué par les siens« .
Francis Fukuyama auteur de « La fin de l’Histoire et le dernier homme » (prophétisant une « perspective mondialiste » grâce au triomphe mondial de la démocratie libérale, à la victoire idéologique, géopolitique et historique de l’Occident au détriment de l’effondrement des derniers totalitarismes) pense que l’élimination de Poutine serait une étape requise pour réorienter le régime autoritaire de la Russie vers une vraie démocratie libérale.
En tout cas, même si Poutine s’en sortira militairement grand vainqueur de cette agression, les millions d’ukrainiens qui refuseront de subir le joug de l’armée russe (voir les référendums d’autodétermination organisés de force par les russes dans le sud de l’Ukraine), continueront leur guérilla en territoire ennemi et sur l’ensemble de l’Ukraine qui est plus grande que la France.


En effet, d’une manière ou d’une autre, Poutine sera traité encore plus en paria et ne sera plus jamais un interlocuteur crédible face au monde libre. Curieusement, beaucoup de ses opposants oligarques meurent prématurément. Cet autocrate se « moque » royalement de ce que les démocraties occidentales pensent de lui. Par exemple, « le Kremlin a rejeté jeudi 17/03/2022 la décision de la Cour internationale de justice, le plus haut tribunal de l’ONU, qui a ordonné la veille à la Russie de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine« . Poutine a commis une « gaffe » (« blunder« ) selon William Taylor, ancien ambassadeur américain en Ukraine, en sous-estimant la fervente volonté des ukrainiens à rester libres. En bombardant sans relâche les villes et les populations civiles pour arriver à ses fins, il a réussi à convaincre de plus en plus de monde qu’il était un chef d’État très dangereux pour la stabilité du monde. Il a provoqué un « effet cliquet » (processus irréversible ou point de non-retour) et a sous-estimé la combativité des ukrainiens et l’appui spontané de l’Union européenne, des Etats-Unis et de l’ONU. Il sera isolé des instances de la communauté internationale. Mais il est vrai que cette guerre doit être analysée dans une logique géopolitique où la Russie de Poutine peut compter sur la neutralité, voire le soutien de certains pays. A ce sujet, Jean-Marc FOUR, Directeur de la rédaction internationale de France Culture, nous donne un résumé dans les deux vidéos suivantes :
- Les ambiguïtés d’Israël envers Moscou : ami et ennemi à la fois
- Le monde non occidental regarde avec prudence la guerre en Ukraine
De toute manière, les ukrainiens, à cause de cette guerre et par crainte de revivre le joug de la Russie (voir cette vidéo montrant le combat des ukrainiens pour rejoindre le monde libre de l’Union européenne), voudront certainement intégrer le plus tôt possible l’Union européenne et très probablement à terme l’OTAN.
Voici une déclaration datant du 28/11/2022 à Bucharest du Secretary-General Jens Stoltenberg de l’OTAN :
- “as we face our greatest security crisis in a generation …
- We cannot let Putin win …
- This would show authoritarian leaders around the world that they can achieve their goals by using military force — and make the world a more dangerous place for all of us …
- It is in our own security interests to support Ukraine.”
Donc Poutine a en fait provoqué le résultat inverse de ce qu’il voulait au départ : ralentir les forces de la liberté (freedom) portée par la progression de l’OTAN, en envahissant l’Ukraine. Poutine est peut-être un bon stratège géopolitique, mais il faut vraiment être assez fou de vouloir « rayer de la carte » un pays de 44 millions d’habitants (plus grand que la France), pour l’intégrer de force dans la Russie.
Zakka Jacob de Crux tente d’expliquer de manière originale par la théorie des jeux l’issue finale recherchée par Poutine.
6- La Russie classée régime autoritaire
À titre indicatif, à partir de 60 critères d’évaluation pour répartir en quatre différents types de régime, la Russie a été classée en 2021, 125ᵉ sur un total de 167 pays étudiés, selon l’Indice de démocratie par pays calculé par The Economist Group (propriétaire du très connu The Economist) :
- les démocraties pleines (cas de la Nouvelle Zélande, l’Australie, le Royaume uni, l’Allemagne, la Norvège, la Finlande, la Suède, le Danemark, l’Irlande, la Suisse, le Pays-Bas, le Canada, Taiwan, le Japon, le Costa Rica) sont les pays qui ont un indice entre 8 et 10 ; d’ailleurs par crainte de la Russie, la Finlande et la Suède (voir la carte ci-dessous leur frontière avec la Russie) envisagent maintenant d’intégrer l’OTAN;
- les démocraties imparfaites (cas de la France, l’Italie, la Belgique, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, Israël, les États-Unis, Singapour, le Brésil, l’Inde) sont les pays qui ont un indice entre 6 et 8 ;
- les régimes hybrides (cas de l’Ukraine, Hong Kong, Fidji, le Mexique) sont les pays qui ont un indice entre 4 et 6 ;
- les régimes autoritaires (cas de la Russie, la Chine, le Venezuela, l’Iran, l’Arabie saoudite, Cuba, l’Afghanistan) sont les pays qui ont un indice inférieur à 4.

L’indice de démocratie est fondé sur 60 critères appartenant à cinq catégories (le processus électoral et le pluralisme, les libertés civiles, le fonctionnement du gouvernement, la participation politique, la culture politique). Elles sont interdépendantes et conçues comme un tout conceptuel cohérent ; les élections libres et justes, la liberté politique sont considérées comme des conditions sine qua non à l’idée de liberté politique. Sont également considérés les libertés d’expression, de religion, d’association, et le droit à un procès juste et équitable (source Wikipédia accédé le 16/04/2022).
Certes, la méthode d’évaluation peut être contestée sur certains points. Cependant, ce classement permet de reléguer la Russie de Poutine au rang des régimes autoritaires qui ne peuvent pas être considérés comme des interlocuteurs crédibles dans le cercle des démocraties.

7- La problématique géopolitique à la frontière Ouest de la Russie
Pour les géopoliticiens (tel le professeur John Mearsheimer de l’Université de Chicago) qui consentent que Poutine a envahi l’Ukraine pour arrêter l’encerclement de la Russie par les pays du monde libre, j’analyserai la problématique sous un autre angle à partir des faits saillants suivants :
- Qui a cette arrière-pensée que le monde libre, en l’espèce l’OTAN, veut envahir à terme la Russie qui est, de toute manière, grevée par son régime autoritaire très corrompu jusqu’au sommet de l’état? Rappelons que le « Mur de Berlin« a été érigé pour empêcher les gens de s’enfuir de l’Est, le monde opprimé, vers l’Ouest, le monde libre, et pas dans le sens inverse. La chute du mur de Berlin du 9 au 10 novembre 1989 l’a prouvé au monde entier : ce sont les Allemands de l’Est qui se sont précipités vers l’Ouest, le monde libre. Le cas de l’Ukraine représente une problématique similaire : la majorité des 44 millions d’Ukrainiens veulent être rattachés à l’Ouest le monde libre et ne veulent plus faire partie de l’Est le monde russe. Donc quand Poutine déclare que son « régime autoritaire » craint une invasion de l’Ouest … il prête à rire à tout le monde (sauf aux dictatures qui perdurent : Chine, Syrie, Venezuela, Corée du Nord, etc…), puisque c’est lui justement l’agresseur ! Voir à ce sujet les commentaires clairvoyants de Bernard Lecomte dans Sud Radio du 27/12/2022 au chrono 23:00. On a tous compris : Poutine dans sa stratégie géopolitique veut à n’importe quel prix conquérir l’Ukraine, un pays plus grand que la France, et d’un coup de baguette magique décréter que les 44 millions de citoyens ukrainiens deviennent maintenant des citoyens russes. En fait, comme pour l’annexion de la Crimée en 2014, face à l’impuissance triste et déroutante de la « communauté internationale », il veut maintenant le faire aussi pour l’Ukraine tout au moins pour ses parties Sud-Est proches de la Crimée notamment les territoires du Donbass (selon John Mearsheimer), Marioupol et Kherson, pour le contrôle géostratégique de l’accès à la Mer Noire.
- Comment la Russie peut-elle interdire son pays voisin l’Ukraine de rejoindre le monde libre, juste parce que Poutine craint que la Russie soit envahie (sic). Les ukrainiens (très proches des russes pour être aussi des slaves orientaux) ne voulant plus subir le joug de la Russie, ont quand même le droit de lorgner les valeurs de liberté et de démocratie comme celles garanties par les pays membres de l’Union européenne et de l’OTAN : c’est le modèle occidental qui est en jeu. Ce n’est pas un pays libre qui risque d’envahir la Russie, mais les forces de la liberté (« Freedom » comme disent les américains) que Poutine craint justement pour son pouvoir totalitaire qui entretient aussi l’oligarchie russe. C’est aussi la conclusion (« fear of democracy« ) du professeur Alexander Stubb : voir sa vidéo au chrono 4:00 « Understanding the war in Ukraine (19) – Conclusion » du 28 juillet 2022. Une autre vidéo « Ukraine Russie : ce que Poutine veut vraiment » au chrono 5:00, confirme aussi cette crainte.


- Cette volonté de l’Ukraine de ne plus revivre le joug de la Russie me rappelle la France et ses alliés européens qui, durant « l’après-guerre », se sont empressés de convaincre les américains réticents de constituer l’OTAN pour justement contrer cette même menace de l’époque qu’était « l’expansionnisme stalinien ». Selon Hubert Védrine (Thinkerview Géopolitique : Le désastre Français ? chrono 2:42:47) les vrais pères fondateurs de la construction européenne ont été Staline par sa menace expansionniste et le président Truman par sa réponse d’autodéfense via le Plan Marshall qui a abouti à la constitution de l’OTAN et à la construction européenne. On devrait relire l’histoire en « version originale » du Plan Marshall écrite par l’auteur américain Benn Steil pour mieux comprendre comment déjà en 1944, les américains avaient anticipé la construction européenne avant la fin de la guerre, et donc bien avant les prétendus pères fondateurs tels Jean Monnet, Robert Schuman, Konrad Adenauer, Joseph Bech, Johan Willem Beyen, Alcide De Gasperi, et Paul-Henri Spaak. En revanche, Eric Branca dans « L’ami américain » décrit que ce Plan Marshall s’assimilait plus à un instrument de vassalité qu’à une aide des États-Unis, et que grâce au Général de Gaulle, la France a reconquis sa pleine souveraineté.
- Certes, la « défense européenne » s’impose à l’Union européenne (l’OTAN jugée en état de « mort cérébrale » par le Président Macron le 08/11/2019) et les États-Unis comme toute grande puissance mondiale sécurisent aussi ses intérêts avant tout : rapport de force géopolitique entre états oblige ! Mais, aux détracteurs de l’OTAN, pensent-ils réellement que l’OTAN, qui en première ligne protège en priorité l’Europe de l’Ouest, doit être dissoute et que les États-Unis doivent se retirer pour laisser l’Union européenne seule face à la Russie de Poutine qui a de plus en plus des « visées expansionnistes » comme Staline? En d’autres termes, à qui profite davantage l’OTAN ? Aux États-Unis « le protecteur » qui finançait déjà 70% de son budget en 2018 ou alors aux pays membres de l’OTAN « les protégés » qui financièrement, selon Trump, contribuaient insuffisamment ? Voir le graphe et le tableau ci-dessous pour les dépenses 2018 de l’OTAN.


A préciser que pour 2018, vu son PIB bien plus élevé en valeur absolue, les Etats-Unis ont contribué 12 fois plus que l’Angleterre, 14 fois plus que l’Allemagne et la France. Donc TRUMP avait raison de se plaindre que la sécurité de l’Europe coûte relativement trop cher aux américains par rapport aux européens qui doivent mettre un peu plus la main à la poche! Voir une mise à jour au 29/06/2022 LCI Youtube chrono 4:20

Le poids militaire de la France seule face à la Russie au cas où les États-Unis et l’OTAN se retireraient de l’Europe occidentale Source : https://www.24heures.ca/2022/03/02/on-a-compare-larmee-russe-a-celles-dautres-pays-que-vaut-elle-reellement
- Les faits démontrent que, comparés à l’Union européenne, les États-Unis contribuent encore largement plus en moyens techniques et financiers pour sauver l’Ukraine ; voir les détails ci-dessous :

- N’oublions pas que lors de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale, la France et ses alliés ont dû pousser un grand ouf de soulagement quand les États-Unis (de nature plutôt « isolationnistes« , vu l’obligation constitutionnelle d’obtenir au préalable l’accord du Congrès américain pour entrer en guerre), leur sont venus en aide :
- en 1917, soit trois ans après le début de la Première Guerre mondiale (1914-1918);
- et en 1941, soit deux ans après le début de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).
- Le soutien militaire de l’Amérique a toujours été décisif lors de la 1ʳᵉ et de la 2ᵉ guerre mondiale. D’ailleurs, la classe politique et les hauts militaires américains en particulier n’oublieront jamais l’assistance spontanée du jeune Lafayette de 19 ans en 1777 (« Le héros des deux mondes« ) lors des débuts en 1775 de la Révolution américaine qui aurait enfanté la Révolution française, selon le journaliste girondin Brissot en 1791. En effet, le peuple français en voulait au roi Louis XVI pour son implication significative dans la révolution américaine qui a abouti à l’indépendance de ce territoire outre-atlantique. Ce combat contre la Grande-Bretagne a nécessité d’énormes ressources financières et humaines. Ajouté à cela, une mauvaise gestion des impôts du contribuable et une dilapidation de ceux-ci. Lorsque s’ajoutent à toutes ces dérives la mauvaise récolte de 1788 qui n’a pas exonéré les Français d’impôts ainsi que la mauvaise gestion des ressources disponibles. Toutes ces actions conjuguées vont causer l’assaut de la Bastille le 14 juillet 1789. Mais cette amitié franco-américaine forte est si bien relatée dans la déclaration de l’officier américain Charles Egbert Stanton lors de sa visite le 4 juillet 1917 au tombeau du Marquis de La Fayette : « La Fayette, we are here ». Cette phrase, restée célèbre chez les militaires américains lors de la Première Guerre mondiale, honore l’assistance de Lafayette et du peuple français. D’ailleurs, beaucoup de rues et de villes aux États-Unis portent le nom de Lafayette. La Statue de la Liberté fut offerte par le peuple français aux Américains, en signe d’amitié, et dévoilée au grand jour le 28 octobre 1886 en présence du président des États-Unis, Grover Cleveland pour le centenaire de la Déclaration d’indépendance américaine (l’année prochaine 2024 sera le bicentenaire !). Elle est venue en quelque sorte sceller ce rapport « historique » entre ces deux pays. Par ailleurs, les cimetières américains de Meuse Argonne et de Colleville-sur-Mer sont là pour nous rappeler le sacrifice des GI. A ce sujet, le Général Colin Powell, a déclaré que le seul bout de terre que l’armée américaine aurait demandé, était un terrain suffisant pour enterrer ses GI morts [sur le sol français] : “The only land we ever asked for, was enough land to bury our dead”. François Mitterrand lui-même nous a rappelés dans son discours du 6 juin 1984 à l’occasion de la commémoration du 40ᵉ anniversaire du Débarquement : « Nous leur [les Américains] devons ce que nous sommes. Nous serions bien injustes et bien imprudents de nier ou d’ignorer le considérable effort accompli dans la sauvegarde du monde libre par les États-Unis d’Amérique« . Il dit « la très grande reconnaissance et la très grande gratitude que l’on doit à ce pays sans lequel notre liberté et notre patrie auraient perdu toute signification« . Or, face à cet aveu, Eric Branca dans son interview (au chrono 14:00) à OPEN TV BOX « L’Ami américain : des relations tumultueuses« , nous fait bien de rappeler une déclaration du Général De Gaulle dans son discours devant l’École militaire de Saint-Cyr (3 novembre 1959) : « Personne ne meurt pour un autre… Il faut que la défense de la France soit française… Un pays comme la France, s’il lui arrive de faire la guerre, il faut que ce soit sa guerre. Il faut que son effort soit son effort. Naturellement, la défense française serait, le cas échéant, conjuguée avec celle d’autres pays. Cela est dans la nature des choses. Mais, il est indispensable qu’elle nous soit propre, que la France se défende par elle-même, pour elle-même et à sa façon. » Chacun jugera la pertinence de cette vision dans le contexte actuel de la contribution de la France à l’effort de guerre en Ukraine (voir le tableau ci-dessus et la vidéo « Des chars européens à l’assaut en Ukraine ? » | ARTE Info plus au chrono 11:30).

Source Wikipédia accédé le 19/05/2022
- Aujourd’hui, force est de constater que le risque d’un troisième embrasement mondial provient encore du sol européen ; les États-Unis, qui étaient certes plus concentrés sur le bassin Indo-Pacifique pour faire face à l’expansion de la Chine, au grand dam de leurs détracteurs, reprennent encore le leadership avec le soutien de 40 pays incluant les membres de l’OTAN, pour défier militairement Poutine (voir le débat daté du 28/04/2022 de DW News entre « connaisseurs » allemands qui décrivent Poutine peu dissuadé par le faible leadership de l’Union européenne). À ce sujet, voir la conférence de presse datée du 21/12/2022 de Joe Biden qui reçoit à la Maison blanche le président V. Zelensky. Maintenant que le monde libre a connu le XXe siècle américain, Douglas Murray nous interpelle d’attendre de voir ce que serait le XXIe siècle chinois sous la prédominance mondiale du Parti Communiste Chinois (PCC) « autosatisfait » d’avoir réussi le renforcement géopolitique de la Chine qui, rappelons-le, a été victime des « concessions étrangères » imposées par les anciennes puissances coloniales, notamment l’Angleterre, la France et les États-Unis. En effet, que les partisans de l’antiaméricanisme imaginent un seul instant ce que seront les démocraties occidentales sous la domination économique, politique et militaire, à l’échelle mondiale, du Parti Communiste Chinois (PCC). Ça craint, pour notre notion de liberté telle élaborée dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, le Préambule de la Constitution de 1946, les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République et la Constitution de 1958.



- Certes, la Russie est le plus vaste pays au monde avec ses 144 millions d’habitants, détenant le deuxième rang mondial après les États-Unis et devant l’Iran, en termes de production totale d’énergie fossile (pétrole + gaz + charbon); voir la carte ci-dessous de Forbes & 911 Metallurgist. Mais sur le terrain économique qui est le nerf de la guerre pour le développement à long terme d’un pays, le PIB de la Russie correspond à peine à celui de l’état du Texas. Elle procure seulement $28 712 de PIB PPA per capita (50ᵉ selon le classement mondial du FMI chiffre 2017) contre $23 000 pour la Polynésie française en 2014 (2 040 000 XPF avec un taux US$ 1 = 89 XPF). Même tous les pays voisins (excepté la Bulgarie) qui ont « fui » l’empire soviétique qui s’est effondré en 1991 pour rejoindre illico presto l’Union européenne, ont maintenant un PIB (PPA) per capita plus élevé que celui de la Russie pour 2017 : Slovénie $34 064, Estonie $31 4732, République Tchèque $35 223, Slovaquie $32 895, Lituanie $31 935, Lettonie $27 291, Hongrie $28 910, Pologne $29 251, Croatie $24 094, Roumanie $23 991. L’Ukraine malheureusement n’affiche que $8 656.

- Pourquoi donc ce triste constat pour la piètre performance économique de la Russie ? La raison, souvent émise par les spécialistes, est la corruption à plusieurs échelons du processus décisionnel dans son organisation interne. La Russie (voir la carte ci-dessous) est corrompue par son pouvoir politique : l’Indice 2021 de perception de la corruption de Transparency International, classe la Russie à la 136ᵉ place contre 122ᵉ pour l’Ukraine sur un total de 180 pays – un score plus proche de 0 correspond à plus de corruption, un score plus proche de 100 à moins de corruption. Elle privilégie ses oligarques (dont certains opposants à Poutine ont été curieusement empoisonnés ; voir également cette vidéo de janvier 2023 : « Russie, morts suspectes en série« ) et ses dépenses militaires, garantissant sa place de deuxième puissance militaire au monde après les États-Unis. Même en termes de PIB du pays, malgré un immense territoire, sa puissance économique est classée 11ᵉ mondiale derrière des plus petits pays européens tels l’Allemagne, l’Angleterre, la France et l’Italie. Son modèle politico-économique est toujours basé sur le rôle majeur de l’État et donc de Poutine lui-même qui a placé à tous les postes clé du pouvoir décisionnel des ex-KGB pour :
- le contrôle des principales entreprises du pays;
- le contrôle des médias indépendants d’opposition comme Dojd et Echo de Moscou; voir cette vidéo du 19/07/2022 sur la propagande russe, expliquée par une journaliste du pays; voir également l’interview daté du 14/12/2022 du Nobel de la paix (2021) Dmitri Mouratov « Moscou ne pourra jamais conquérir l’Ukraine« ;
- l’entretien de la corruption au plus haut niveau de l’Etat; comme le roi soleil Louis XIV, pour Poutine le tout puissant « L’État, c’est moi« , vu ses nombreux avantages étatiques. « Il a le pays entier à sa disposition », écrivait en 2013 le chroniqueur de Bloomberg Opinion, Leonid Bershidsky. Il suffit que Poutine claque des doigts pour que les entreprises publiques cèdent des actifs à ses amis à des prix cassés. Un murmure de sa part, et de riches hommes d’affaires privés se cotiseront pour la somptueuse rénovation d’une résidence présidentielle« . La vidéo de LCI datée du 05/03/2023 « Vodka, liaison conjugale… la vie secrète de Poutine dévoilée« , montre à quel point Poutine s’est enrichi au travers de sa société écran ERMIRA CONSULTING. L’armée corrompue est un autre exemple flagrant : les dépenses militaires sont « siphonnées » à des fins personnelles par les hauts-gradés, expliquant un équipement militaire de fabrication russe de mauvaise qualité : voir l’exposé du Procureur Militaire en chef Sergey Fridinsky (2006-2017) dans cette vidéo : « Armée russe, colosse aux pieds d’argile » au chrono 12:00. Voici également, sur TV5 monde info du 31/08/2022, le témoignage édifiant du soldat russe Pavel Filatiev qui demande l’asile politique en France (chrono 9:19). Malheureusement pour son niveau de corruption, l’Ukrain classée 122ième sur 180 pays avec un score de 32 sur 100, est aussi élevé que celui de la Russie, classée 136ième sur 180 pays avec un score de 29 sur 100; voir Transparency international classement 2021 : score 100 = pas de corrompu et score 0 = très corrompu. Ce sujet épineux est justement débattu sur LCI du 14/12/2022 : L’Ukraine et la « corruption » : la question taboue et sur Sud radio le 18/04/2023 avec Thierry Marignac : Ukraine : la société mafieuse avant la guerre.

Maintenant par un effet de boomerang, la Finlande (avec 62% d’opinion favorable des finlandais suite à l’invasion de l’Ukraine selon le professeur Alexander Stubb) et la Suède, pays voisins de la Russie, par crainte de subir le même sort que l’Ukraine, veulent intégrer l’OTAN, alors qu’elles ont toujours été historiquement neutres dans cette opposition de la Russie face à l’OTAN.
En réaction à cette décision, Vladimir Dzhabarov un sénateur russe, a menacé la Finlande d’être une prochaine cible potentielle de destruction comme a été l’Ukraine. Donc si la Finlande et la Suède décidaient à leur tour d’intégrer l’OTAN, alors la Russie menace de déployer des armes nucléaires près des pays baltes. On entre donc de plain-pied dans le « rapport de force » géopolitique entre la Russie et les pays de l’OTAN.
De même que l’Union européenne et l’OTAN se sont senties emportées par un élan de cohésion pour mieux défendre ensemble leurs valeurs de liberté et de démocratie. Par ailleurs, selon “Die Welt”, le journal d’outre-Rhin du 24/11/2022 : “Le règne de l’Allemagne est révolu, l’heure de l’Europe de l’Est a sonné”. La guerre en Ukraine a modifié l’équilibre géopolitique du Vieux Continent, les pays d’Europe de l’Est en sortent renforcés, au détriment des puissances traditionnelles que sont l’Allemagne et la France. L’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie le 24 février a entraîné une véritable restructuration de l’Union européenne (UE), dont le centre de commandement se déplace petit à petit vers l’est. L’Estonie, la Pologne et la République tchèque comptent, en effet, parmi les principaux fournisseurs d’armes européens de Kiev, et ce sont eux qui ont accueilli la majeure partie des plus de sept millions de réfugiés ukrainiens. Un constat semble s’imposer : le règne de l’Allemagne est révolu ; l’heure de l’Europe de l’Est a sonné. La guerre en Ukraine a placé l’ensemble des pays d’Europe centrale et orientale (Peco) sous le feu des projecteurs. Ces pays – qui forment, selon un terme allemand archaïque, “l’Europe médiane”, c’est-à-dire une zone située entre l’Allemagne, la Russie et l’Autriche – ont longtemps joui d’un poids politique très limité à Bruxelles. Mais désormais, ce sont eux qui donnent le tempo des sanctions européennes contre Moscou. Varsovie ou Tallinn sont toujours les premiers à exiger un durcissement des mesures – avant que Berlin ne finisse par leur donner raison. La Slovaquie, la Roumanie ou encore la Pologne – qui, pendant des années, se sont fait accuser d’hystérie par Bruxelles et Berlin lorsqu’elles mettaient en garde contre l’agressivité de Moscou – se retrouvent aujourd’hui à l’avant-garde [de la lutte contre la Russie]. La Pologne, plaque tournante des livraisons d’armes occidentales à Kiev, s’est imposée comme un acteur incontournable. De tous les pays de l’Otan, c’est d’ailleurs elle qui renforce le plus l’arsenal militaire ukrainien.«
Si la Russie grâce à sa supériorité militaire écrasante arrive à conquérir l’Ukraine, la majorité des 44 millions d’ukrainiens abandonneront-ils leur liberté pour se laisser « mater » à cause de la décision d’UNE SEULE personne, Poutine? L’armée russe (avec environ 1 million d’effectifs) n’aura tout simplement pas les moyens humains suffisants pour contenir la révolte certaine des millions d’ukrainiens répartis sur un pays plus vaste que la France.
Il faut donc craindre que cette guerre s’enlise dans une « guérilla » où des millions d’ukrainiens anti-Poutine continueront à se battre pour LA LIBERTE et LA SOUVERAINETE de leur pays avec les armes de dernier cri, les munitions et surtout le « renseignement militaire » fournis par l’Occident (proxy war ou « guerre par procuration« ) : impliquant forcément une escalade de la confrontation militaire directe entre la Russie et l’OTAN.
8- Poutine face à un dilemme
Attendons maintenant de voir le dénouement de cette guerre fratricide entre russes et ukrainiens, décidée par Poutine seul, en excluant le pire scénario d’une possible guerre nucléaire entre la Russie et l’OTAN :
- Soit Poutine arrive à conquérir l’Ukraine en réussissant à prendre la capitale Kiev (ce principal objectif paraît de plus en plus irréaliste) après avoir malheureusement anéanti les principales autres villes ukrainiennes. Auquel cas, les millions d’ukrainiens, grâce au soutien de plus en plus fort des Etats-Unis, de l’Union européenne et de l’OTAN, se livreront à une « guerre d’usure » (war of attrition) pour préserver leur liberté.
- Soit Poutine n’arrive pas à conquérir l’Ukraine mais va se contenter de consolider la Crimée pour contrôler la Mer d’Azove et la Mer Noire, en annexant les zones du Donbass-Marioupol-Kherson-Odessa; si c’est très probablement le cas, Poutine pense-t-il vraiment « s’en laver les mains » après avoir déjà anéanti des villages, des villes et tué beaucoup de civils. De plus, après cette guerre, l’Ukraine optera certainement de renforcer sa sécurité militaire avec l’aide de l’OTAN, provoquant ainsi le résultat exactement contraire de l’objectif initial de Poutine : ie. démilitariser l’Ukraine! Le géostratège « bourlingueur » Gérard Chaliand, nous a fait un excellent résumé dans une interview de SudRadio le 21/03/2022 : « L’Occident en conflit, ce ne sont que des belles paroles« . Il pense que Poutine ne pourra pas conquérir l’Ukraine comme il avait initialement concocté. Face à la propagande pro-Poutine des chaines de TV d’état russe et au contrôle de la liberté de la presse en Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déjà gagné la guerre de l’information contre Poutine. Il a réussi à capter le soutien du monde libre en s’adressant directement au Parlement européen, au Parlement britannique, à la Chambre des communes du Canada, au Congrès américain, au Parlement français et au Parlement du Japon. A ce sujet, revivez le discours du président Zelensky devant le Congrès américain au Capitole sur LCI du 22/12/2022.
Dans les deux cas de figure, la Russie de Poutine se retrouvera ISOLÉE ET AFFAIBLIE face à l’Occident (États-Unis, Union européenne et OTAN) qui a finalement décidé de soutenir l’Ukraine dans son combat pour la liberté. Certes, la Chine, qui partage 4250 km de frontière commune avec la Russie, a montré un soutien mitigé pour cette dernière, car rappelons le conflit frontalier sino-soviétique de 1969 ; voir la carte ci-dessous montrant aussi 13 autres pays limitrophes. Donc l’affaiblissement militaire de sa voisine, la Russie, « devrait arranger » la Chine. C’est l’avis de David Rennie Beijing bureau The Economist chief and Chaguan columnist Beijing, China : voir la vidéo « Ukraine war: will China be the real winner?«
D’où, géopolitiquement, le malheur des uns fait bien le bonheur des autres ! Une de mes sources militaires respectables, le Général Yakovleff, a répondu le 27/03/2023 avec pertinence sur l’avenir de la CHINE ; voir la vidéo Youtube : « Perspective stratégique face à Taiwan, la Russie et les USA« .
Par ailleurs, la croissance économique de la Chine, l’atelier du monde, sera de toute manière indirectement « impactée » par cette guerre ; ce qui n’est pas au goût de Xi Jinping. D’autant plus que la population de la Chine a une structure démographique très déséquilibrée : voir ci-dessous sa pyramide des âges en 2021 et l’excellente vidéo datée du 24/05/2023 : « China’s Catastrophic Mistake That Destroyed Their #1 Superpower Aspirations » de Patrick Bet-David
Source : Population pyramid.net
Cette pyramide des âges ressemble davantage à la forme ci-dessous à droite (Shrinking). Par conséquent, dans les décennies à venir, il n’y aura pas assez de jeunes pour prendre en charge la population vieillissante qui sera trop importante. Pour faciliter la transition vers une pyramide normale (Stable), la Chine devra donc afficher une croissance soutenue de son PIB et plus spécifiquement de ses exportations, pour les prochaines décennies. Ainsi, la Chine est très dépendante du commerce mondial, affecté actuellement par la guerre en Ukraine.
Source : https://www.geographyalltheway.com/igcse_geography/gcse-popn/population_pyramids.htm
Quant au cas de la Russie, la situation n’est guère mieux ! Ci-dessous la sienne qui ressemble également au modèle « Shrinking ». Selon la vidéo de juin 2023 « RUSSIA Facing Population Disaster – Demographic Crisis, Employee Shortages & Economic Crisis« , la Russie manquera sérieusement de main d’œuvre pour assurer son développement économique, dans les 20 à 30 années à venir (voir chrono 18:00). D’ailleurs, en plus de la vague d’émigration (qualifiée d’exode du siècle) déclenchée par l’invasion de l’Ukraine en février 2022, il n’y avait déjà pas assez d’hommes pour l’armée russe.
À titre de référence, ci-dessous, la pyramide des âges de la population mondiale qui montre une répartition démographique plus normale.
Au 16/05/2022, voici un échange de vues très évocateur entre le colonel Mikhail Khodarenok, analyste militaire russe retraité, et la journaliste Olga Skabeyeva d’une TV d’état Russe, qui décrit une situation très critique de l’armée russe sur le front.

A fin avril 2022, cette guerre a de facto entraîné indirectement les Etats-Unis et l’OTAN à soutenir ouvertement l’Ukraine :
- par la fourniture généreuse d’armes modernes (certainement bien plus performantes que celles des russes) et l’embargo de composants électroniques dont les semi-conducteurs, nécessaires à la fabrication des armes russes sophistiquées;
- par les sanctions économiques de l’Union européenne, fragilisant davantage la capacité de l’économie russe à financer cette guerre ; rappelons que son PIB est seulement équivalent à celui du Texas (chrono 11:06) et dépendait déjà excessivement en 2019 de l’exportation de son pétrole-gaz pour :

L’avenir économique de la Russie s’annonce donc très difficile face aux sanctions internationales. Dans un reportage DW Business Special daté du 04/08/2022, Jeffrey Sonnenfeld assisté de son équipe de Yale School of Management déclare : « the narrative that Russia is riding out the sanctions is false. Their own research suggests Russia’s economy is suffering much more severely than widely reported.«
D’autres experts pensent même que Poutine ne survivra pas à ce massacre des ukrainiens qu’il a osé commettre alors que l’unité nationale de la Russie reste fragile.
Par ailleurs, selon Larry Fink le patron de BlackRock (le plus important gestionnaire d’actifs au monde, avec près de 7 800 milliards de dollars d’encours en octobre 2020), Poutine a sérieusement compromis (put an end to the globalisation) la dynamique de la mondialisation. L’économiste, Adam S. Posen a la même conclusion : « The End of Globalization? What Russia’s War in Ukraine Means for the World Economy » – March 17, 2022.


On verra donc une tendance mondiale à une réduction du commerce avec la Russie (3ième producteur mondial de blé pour 72,5 millions/tonnes/an et l’Ukraine 7ième pour 28,6 millions/tonnes/an) et une baisse brutale des exportations ukrainiennes de blé, exacerbant la crise alimentaire provoquée par la Covid-19.
À ce sujet, Chanel 4 news parle d’une stratégie cynique de Poutine qui cherche à affamer le monde en essayant de bloquer l’exportation du blé ukrainien et d’en voler une quantité au passage ; voir les vidéos :
- du 30/06/2022 « Russia’s best weapon in Ukraine isn’t even on the battlefield » ;
- du 07/07/2022 « Russia Is Using a Secret Network to Steal Ukrainian Grain | WSJ » ;
- du 21/07/2023 « Blocus en Mer Noire : nouvelle phase de la guerre« .
Ci-dessous une carte qui montre l’espace maritime découpé selon les limites de souveraineté de chaque pays riverain de la Mer Noire. À l’évidence, le trafic maritime commercial est sérieusement perturbé par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Par exemple, la Crimée, conquise par la Russie depuis 2014 et toujours revendiquée par l’Ukraine, représente une zone stratégique grâce à son importante façade maritime donnant accès à la Mer Noire.
Voici un reportage du 25/03/2022 qui résume assez bien le » bras de fer » économique entre l’Occident et la Russie : « Special report: The financial battle taking place over Ukraine and Russia. »

Huit mois plus tard : une déclaration plutôt pessimiste de la même personne.

En décrivant ce « coup de poker » d’un Poutine présomptueux pensant en quelques jours écraser l’Ukraine, George Friedman, politologue américain, a brillamment résumé l’enjeu géostratégique et géopolitique pour la Russie. En effet, les États-Unis sont maintenant à l’affût d’un sérieux affaiblissement de la Russie, si Poutine n’arrive pas à conquérir l’Ukraine comme il l’avait prévu. D’ailleurs, Hélène Carrère d’Encausse, grande spécialiste de la Russie, dans une interview du 08/05/2022, a conclu que cette guerre en Ukraine a évolué vers une confrontation entre un Poutine d’apparence « insidieusement déconnecté » de la réalité et les États-Unis résolument décidés à affaiblir la Russie.
En dernier, constatons une certaine incohérence dans le raisonnement de Poutine :
- Il n’a jamais accepté que l’Ukraine soit devenue indépendante de la Russie.
- Ayant exigé en vain que l’Ukraine reste neutre et n’intégrera jamais l’OTAN, il a donc pris prétexte du non-respect des accords de Minsk 1 & 2 pour envahir l’Ukraine.
- En se revendiquant de Pierre le Grand pour bâtir l’Empire russe du début du XVIIIe siècle, il a décidé de reconquérir l’Ukraine en faisant fi du droit international de la souveraineté du pouvoir d’un État sur une zone géographique et sur la population qui l’occupe. En fait, il essaye d’élargir l’annexion réussie de la Crimée en 2014.
- Ne pouvant plus conquérir la totalité de l’Ukraine, il va se contenter de consolider la Crimée pour contrôler la Mer d’Azove et la Mer Noire, en annexant les zones du Donbass-Marioupol-Kherson-Odessa.
- Mais durant la session plénière du Forum économique de Saint-Pétersbourg (nord-ouest) du 17/06/2022, concernant la demande d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, il a déclaré : « Nous n’avons rien contre, c’est leur décision souveraine d’adhérer à des unions économiques ou pas (…) C’est leur affaire, l’affaire du peuple ukrainien« .
- Donc, résumons les explications « tirées par les cheveux » de Poutine :
- J’envahi l’Ukraine en bombardant ses villages, ses villes et ses populations civiles parce qu’elle doit faire partie de l’Empire russe.
- Mais comme je ne peux plus conquérir tout le pays, je vais me contenter de la zone sud-est du Donbass-Marioupol-Kherson-Odessa, et l’Ukraine est souveraine d’adhérer à l’Union européenne, mais pas à l’OTAN à cause de la sécurité de la Russie (Sic!).
- Or, si l’Ukraine adhère à terme à l’Union européenne (voir l’interview du 28/08/2023 de Thierry Breton « L’Europe unanime soutient les demandes de l’Ukraine »), logiquement, elle sera un pays renforcé économiquement, démocratiquement et souverainement. Ainsi sa sécurité militaire deviendra indissociable de son appartenance à l’UE. Selon Heather Conley l’article 10 du North Atlantic Treaty Washington D.C. april 4, 1949 dispose : « The Parties may, by unanimous agreement, invite any other European State in a position to further the principles of this Treaty and to contribute to the security of the North Atlantic area to accede to this Treaty. Any State so invited may become a Party to the Treaty by depositing its instrument of accession with the Government of the United States of America. The Government of the United States of America will inform each of the Parties of the deposit of each such instrument of accession« . Au 07/09/2022, l’Ukraine renforce son avantage vu l’isolement progressif de l’économie de la Russie de Poutine. Mais reconnaissons aussi le « toupet » du prétentieux Poutine à vouloir affronter simultanément et l’Union européenne et les États-Unis sur le terrain économique et militaire.
- D’où le diktat de la Russie sur l’Ukraine (qui deviendra à terme membre de l’Union européenne), ne pourra plus perdurer. Face à Poutine, l’Union européenne (aidée par l’OTAN) sera obligée d’assurer également la sécurité de son futur nouveau membre : l’Ukraine. C’est la solidarité entre les pays du monde libre qui sera mise à l’épreuve. D’ailleurs, la France, qui s’était opposée depuis 2008 à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN proposée par les États-Unis, par une « pirouette « le 21/06/2023, ne s’y opposerait plus, puisque Poutine, dans une espèce de « poker menteur », a tout de même envahi l’Ukraine qui, pourtant, n’est toujours pas intégrée à l’OTAN. Or, à la veille d’un sommet de l’Otan le lundi 10 juillet 2023 où sera débattue la candidature de Kiev, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a remis une couche en déclarant que : l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance aurait des conséquences « très négatives » pour la sécurité européenne. « Elle constituera également une menace absolue pour notre pays, ce qui exigera une réaction claire et ferme de notre part« . Donc visiblement, Poutine s’est retrouvé piégé par son propre argumentaire, puisque l’Ukraine est bien partie pour intégrer à terme l’OTAN, au grand dam de la Russie : voir la vidéo du 13 juillet 2023 « OTAN: tous unis face à la Russie ? • FRANCE 24« .
9- Conclusion
Mon bilan de ce conflit, en début 2023, est résumé par l’excellente vision militaire et politique du Général de corps d’armée Michel Yakovleff ; voir l’interview dans lequel il nous partage trois hypothèses de fin de conflit Russie/Ukraine et les impacts mondiaux. Au chrono 28:50, il s’inquiète de l’imminente désintégration de la Russie, vu son régime politique et son modèle économique sérieusement rongés par la corruption. Il pense que la guerre en l’Ukraine sera un catalyseur de cette future implosion. Dans LCI du 27/06/2023 au chrono 01:55, il réitère le risque de chaos impliquant la gestion incontrôlée des 6 000 têtes nucléaires, réparties sur l’ensemble de la Russie.

L’illustre Henry Kissinger pense que Poutine a commis une « catastrophique erreur de jugement » en déclenchant cette guerre qui va « durablement affaiblir » la Russie (voir Le Point du 27/05/2023).
Je rejoins la triste conclusion de Nic Robertson, journaliste à CNN qui a couvert la Russie pendant 30 ans : le peuple russe en général n’a pas pu aspirer aux vraies valeurs d’une démocratie à cause d’un Poutine TOUT PUISSANT qui a jugé SEUL que la Russie, corrompue par son oligarchie, n’avait pas d’avenir à rejoindre le cercle des pays libres de l’Occident. Dans une allocution télévisée du 16/03/2022, Poutine s’est dit :
- « convaincu qu’une si naturelle et si nécessaire autopurification de la société ne fera que renforcer notre pays, notre solidarité, notre cohésion et notre aptitude à répondre à tous les défis. Et cette autopurification passerait par la guerre, mais surtout par l’identification de traîtres hypothétiques.«
- « Tout peuple, et en particulier le peuple russe, est capable de distinguer les vrais patriotes de la racaille et des traîtres, et de recracher ces derniers comme un moucheron qui aurait atterri dans leur bouche. Je suis convaincu que cette purification naturelle et nécessaire de la société ne fera que renforcer notre pays.«
C’est un discours dont les idées principales se rapprochent étrangement de celles promues par Hitler. Poutine sous-entend une certaine supériorité de la société russe comparée à celle décadente de l’Occident !
Malheureusement, selon Valerie Hopkins du New York Times, grâce à une bonne propagande, le peuple russe en général continue de soutenir cette guerre déclenchée par Poutine : voir CNN du 26/02/2023 : « Shocking : Reporter says Russian losses are increasing support for Putin’s war« .
Dominique Moïsi, géopoliticien, conseiller spécial à l’Institut Montaigne, confirme que Poutine et les russes qui le soutiennent, vivent en paria : « La Russie sous Vladimir Poutine est devenue ‘l’empire du mensonge » – LCI du 21/02/2023. François Hollande enfonce le clou en déclarant que « Le problème de V. Poutine, c’est qu’il est un menteur à un point inimaginable » – LCI au chrono 5:45 « .
Quant à Arnold Schwarzenegger ancien gouverneur de la Californie, acteur et homme politique austro-américain, il s’est adressé aussi le 17/03/2022 directement au peuple russe via Twitter, pour lui « dire la vérité sur la guerre en Ukraine » et dénoncer « la propagande et la désinformation » du Kremlin. C’est un message très fort en direction de la population russe qui épousera les mêmes valeurs de liberté du monde libre, grâce à l’ubiquité du numérique : internet, réseau sociaux, information en continu.
A juste titre, Patrick Martin-Genier (enseignant à Sciences Po Paris et à l’INALCO, spécialiste des questions européennes et internationales), observe une tendance depuis 20 ans chez les jeunes de Kaliningrad (voir la carte ci-dessous l’enclave russe), à se reconnaître de plus en plus proches des valeurs de l’Occident au détriment de leur mère patrie, la Russie : voir la vidéo ci-dessous au chrono 07:50.

Je reste donc confiant qu’à terme la majorité du peuple russe aspirera aux forces de la liberté pour rejoindre le cercle de la démocratie libérale. Ce thème d’aspiration du peuple russe à plus de liberté, au même titre que les peuples libres de l’Occident, est ressassé dans les débats dont celui de LCI du 7 septembre 2022 au chrono 12:30 « Gaz : Poutine menace de tout couper à l’Europe !« .
C’est pourquoi, je reste convaincu de la thèse du politologue américain Francis Fukuyama qui a « affirmé que la fin de la guerre froide a marqué la victoire idéologique de la démocratie et du libéralisme (concept de démocratie libérale) sur les autres idéologies politiques » dont le « poutinisme« ; voir son ouvrage de 1992 « La Fin de l’histoire et le Dernier Homme » (titre original anglais : The End of History and the Last Man), identifié comme l’un des essais les plus importants de la fin du XXe siècle.