ACTE 2 : L’élection de Trump arrive comme un cheveu dans la soupe : l’intrigue durant la période de transition et de passation de pouvoir du 8 novembre 2016 au 20 janvier 2017
Trump étant élu contre toute attente le 8 novembre 2016, la direction du FBI s’affaire donc pour enclencher une autre phase de la stratégie consistant à essayer de renverser politiquement à tout prix le nouveau locataire de la Maison Blanche.
Le général trois étoiles Michael Thomas Flynn qui avait fait campagne avec Trump, était prévu d’être le futur conseiller de Trump pour superviser les services de renseignement qu’il connaissait bien. Il était donc la première cible idéale selon le représentant républicain Jim Jordan.
Il dérangeait l’Administration Obama pour plusieurs raisons :
- Il savait beaucoup trop de choses sur la responsabilité de Hillary Clinton (alors Secrétaire d’État) concernant l’attaque de l’enceinte diplomatique américaine de Benghazi du 11 septembre 2012, où l’ambassadeur américain, J. Christopher Stevens, et le fonctionnaire Sean Smith ont été tués.
- Il était en désaccord total avec le Président Obama qui l’a d’ailleurs licencié en avril 2014. Il a réussi à convaincre Trump :
- Qu’il fallait que les États-Unis se retirent de « L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien » une pièce maîtresse à la politique étrangère de l’Administration Obama.
- Qu’il fallait une stratégie militaire plus radicale pour détruire Daesh et son califat constitué en 2014. Avec sa nouvelle politique plus offensive, Trump a effectivement réussi à détruire Daesh et son califat en mars 2019.
- Il connaissait parfaitement les rouages internes des services de renseignement (FBI, CIA, NSA, DNI) ; voir infra son cursus. Il avait promis de réformer totalement ces services aux dépens des fonctionnaires carriéristes de l’État profond (« Deep sate »).
- Il voulait vérifier l’utilisation finale par les services de renseignement- Office of net Assessment– de la « caisse noire » (slush fund) chiffrée en milliards de dollars qui financent les espions pro-américains répartis dans le monde entier. Peut-être qu’il aurait pu découvrir que certains de ces agents secrets étaient payés en fait pour espionner la campagne politique de Trump ! Voir le cas de Stefan Halper à l’article 3.
Selon William Barnett (agent du FBI chargé de l’enquête Flynn), pour atteindre Trump, Flynn était la cible de ses anciens collaborateurs et subalternes des services de renseignements. Les retranscriptions des écoutes téléphoniques du 29 et du 31 décembre 2016 entre Flynn (qui, en tant que citoyen américain, a vu son identité « illégalement dévoilée » -unmasking – 49 fois par 38 personnes) et l’ambassadeur russe Sergueï Ivanovitch Kisliak auraient montré, selon l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, que Flynn :
- conseillait à Kisliak de ne pas envenimer les relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Russie ;
- arguait que les États-Unis et la Russie avaient plus intérêt à combattre ensemble le terrorisme au Moyen Orient tel Daech ou le groupe djihadiste Sunnite Etat islamique (EI) ;
- discutait de la politique étrangère d’Obama à l’ONU qui envisageait de sanctionner Israël pour ses implantions juives ou colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, dont Jérusalem-Est, ainsi que dans le Golan syrien occupé.
La divulgation tant attendue le 29 mai 2020 de la retranscription (classée en information secrète) de cette conversation téléphonique a révélé que l’interprétation (principalement du point 1 ci-dessus) par le procureur spécial Robert Mueller est maintenant sérieusement contestée. En tant que sérieux candidat au poste de Secrétaire d’État (en charge des affaires étrangères) Flynn, pour essayer de calmer le jeu, avait demandé d’attendre la mise en place de la nouvelle politique étrangère de l’Administration Trump dont il avait été le principal architecte. Est-ce un élément sérieux pour pouvoir accuser Flynn d’espion russe ?
Le 4 janvier 2017, retenons bien cette date cruciale, les agents du FBI chargés d’enquêter Flynn avaient conclu de classer l’affaire parce qu’ils n’avaient aucune preuve que Flynn était une « taupe russe ». Cette information dévoilée par un tribunal en mai 2020, est basée sur les notes personnelles de Peter Strzok, un très haut-placé du FBI connu pour ses SMS anti-Trump avec sa maitresse Lisa Page aussi du FBI (voir l’article 6).
Je ne sais pas si on se rend bien compte du toupet du FBI pour oser soupçonner d’espion russe ce général trois étoiles Flynn qui (selon Wikipédia accédé le 06/08/2020) : « a servi en tant que directeur de la Defense Intelligence Agency, commandant du Joint Functional Component Command for Intelligence, Surveillance and Reconnaissance et président du Military Intelligence Board du 24 juillet 2012 au 2 août 20145. Avant cela il a été directeur adjoint du renseignement national. Il a constamment œuvré pour un plus grand partage de l’information et du renseignement et a été une figure centrale dans la coalition et les opérations spéciales de renseignement. Il est le co-auteur d’un rapport de janvier 2010 publié par l’intermédiaire du Center for a New American Security intitulé Fixing Intel: A Blueprint for Making Intelligence Relevant in Afghanistan6, qui critique la communauté du renseignement pour son manque de compréhension du contexte socio-économique du théâtre d’opérations afghan.
La carrière de Flynn a été initialement opérationnelle, impliquant de nombreuses missions au sein des forces armées ainsi que des opérations conventionnelles et des missions spéciales dans le renseignement de haut niveau. Il a aussi été l’officier chargé du renseignement au sein du Joint Special Operations Command, où il est crédité de la mise sur pieds de techniques innovantes pour des opérations d’interrogations et de mise en commun d’actions opérationnelles et renseignement, ce qui a permis des avancées majeures dans des opérations antiterroristes en Irak, Afghanistan et ailleurs contre Al-Qaïda et les mouvements qui lui sont associés. Flynn est un auteur publié dont les articles ont paru dans Small Wars Journal, Military Review, Joint Forces Quarterly, le Center for a New American Security et d’autres publications consacrées à l’armée ou au renseignement« .
Or, le 5 janvier 2017 alors que nous sommes toujours en période de passation de pouvoir, le président Obama réunit Susan Rice (conseillère à la sécurité nationale), Comey (Directeur du FBI), le Vice-président Joe Biden et Sally Yates qui tombe des nues que le FBI ait pu « opérer en voyou » (go rogue) sans qu’elle en soit informée en tant que Procureur général adjoint (Deputy Attorney General).

Par ailleurs, Andrew McCabe n° 2 du FBI (voir sur la palette des photos ci-dessus) avait sa femme Jill McCabe sur la liste des démocrates représentant Hillary Clinton qui lui avait fait une donation de $467 500 plus $207 788 (environ 70 millions Cfp) pour financer sa campagne politique. Il a été licencié par Jeff Session avec perte et fracas deux jours avant la date officielle qui lui aurait permis de toucher la totalité de sa retraite. Le motif : McCabe est responsable de fuites d’information classée secrète. Il a menti durant ses auditions devant le Congrès; ce qui est un délit passible d’au moins 5 ans d’emprisonnement.
Selon les documents mis au jour en juillet 2020 par le tribunal dans l’affaire Flynn contre le Département de la Justice (DOJ), c’est le Vice-président Joe Biden qui mentionne l’option d’accuser Flynn sur la base du Logan Act une loi datant de 1799 qui condamne toute personne non habilitée officiellement à représenter les USA, La violation de cette loi vielle de 221 ans est considérée comme un crime sérieux. Elle a été adoptée à la suite des négociations non autorisées de George Logan (en) avec la France en 1798 et a été modifiée pour la dernière fois en 1994. Jusqu’à aujourd’hui, seuls deux américains ont été inculpés pour avoir prétendument violé la loi, mais aucun d’entre eux n’a été condamné. Cette loi est probablement anticonstitutionnelle vu son contenu « vague ». Joe Biden participe à dévoiler illégalement (unmasking) au journaliste David Ignatius du Washington Post un grand quotidien anti-Trump racheté par Jeff Bezos fondateur d’Amazon, l’identité du Général Flynn dans sa conversation mise sous écoute avec l’ambassadeur russe Sergueï Ivanovitch Kisliak. Selon le juriste Mark Zaid du National Security cette fuite d’information classée secret défense est strictement interdite par la loi 18 U.S.C. §798.
C’est Comey qui admet durant cette réunion que les conversations de Flynn avec Kisliak sont légitimes (« appear legit« ). Mais les nouveaux documents confidentiels divulgués le 30/07/2020 dévoilent que le FBI devait continuer à espionner et à surveiller la campagne politique de Trump, sous l’impulsion très claire du Président Obama.
Curieusement le 20 janvier 2017, le jour de l’investiture de Trump, Susan Rice s’écrit à elle-même un mail (CYA mail to oneself). Par trois fois elle répète dans son mail que le Président Obama a insisté que les investigations en cours devaient se dérouler selon la procédure en vigueur (by the book). Pourquoi fit-elle pour que l’équipe suivante de l’Administration Trump découvre ce mail officiel ?
Selon Andrew McCarthy (ancien procureur adjoint des Etats-Unis pour le district de New York) Susan Rice s’est comportée comme une vraie girouette dans cette intrigue politique :
- Elle a d’abord nié que l’Administration Obama espionnait la campagne politique de Trump.
- Elle a aussi nié le dévoilement (qui est un délit) de l’identité des collaborateurs de Trump mis sous écoute.
- Elle admet maintenant avoir implicitement participé à ce dévoilement.
- Elle admet aussi connaître la conversation mise sous écoute entre Flynn et Kisliak vu que la retranscription devait être diffusée au public.

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On sait maintenant en 2020 que Susan Rice était totalement impliquée dans cette intrigue visant Flynn qui devait la remplacer (en tant que conseiller à la sécurité nationale) sous l’Administration Trump. Pourquoi ce curieux mail écrit à soi-même ? Est-ce pour disculper Obama en cas où Comey aurait eu des choses à cacher ?
Mais le 24 janvier 2017 alors que Trump est le nouveau président depuis le 20 janvier, James Comey directeur du FBI décide (sans l’accord de son supérieur de l’époque Sally Yates Procureur général) de faire interroger Flynn (leur nouveau patron depuis 4 jours des services de renseignement) sur le contenu de ses appels téléphoniques avec Kisliak. Il le fait subrepticement en voyou (go rogue) sans respecter le protocole qui impose d’informer au préalable ses nouveaux supérieurs de la Maison Blanche. Imaginez en France, les services de renseignement qui espionneraient l’Élysée à l’insu de leur patron, le président Macron et ses collaborateurs. De plus, Flynn est informé que la présence de son avocat n’était pas nécessaire, puisque ce devait être une simple discussion entre leur futur patron et le FBI. Rappelons qu’à ce moment précis les agents du FBI ont déjà la retranscription des appels mis sous écoute prouvant que le contenu de leur discussion n’incriminait pas Flynn. Et là, le FBI arrive à le piéger sur les motifs suivants :
- Flynn n’a pas rempli un formulaire administratif obligatoire quand il était consultant pour la Turquie.
- Flynn n’a pas su rapporter le contenu exact de sa conversation avec Kisliak. Cet argument est maintenant contesté par le présent Département de la Justice (DOJ) qui a décidé le 7 mai 2020 de ne plus poursuivre Flynn, pour les raisons suivantes :
- Les agents du FBI n’avaient aucun motif légal au départ pour interroger Flynn qu’ils savaient ne pas être un espion russe depuis le 4 janvier 2017 (voir supra).
- Le FBI détenait déjà la transcription de la conversation dont le contenu était légitime selon James Comey lui-même.
- Le mensonge de Flynn n’avait plus aucun rapport avec la mission de contre-espionnage « Crossfire Hurricane » qui devait déterminer l’existence ou pas d’un complot avec les russe pour influencer le résultat de l’élection présidentielle de novembre 2016.
- Flynn, ayant entamé des discussions diplomatiques en décembre 2016 alors qu’il n’était pas encore officiellement membre de l’Administration Trump qui avait pris effet le 20 janvier 2017, aurait violé le Logan Act (voir supra). Mais Trump a rétorqué que c’est justement l’ex-Secrétaire d’État John Kerry qui viole le Logan Act car il continue à saper sa politique étrangère des Etats-Unis en continuant (sans autorisation expresse de l’Administration Trump) ses discussions directes avec le gouvernement iranien, sévèrement sanctionné par la nouvelle politique de Trump.
Pour éviter de prolonger le procès qui l’a déjà ruiné dans l’enquête Mueller (démarré le 17 mai 2017) et de protéger son fils menacé de poursuite pénale en dommage collatéral, Flynn a donc plaidé coupable le 1er décembre 2017 (deux fois en fait) en violation du code pénal 18 U.S.C. § 1001(a)(2). En contrepartie, il doit collaborer avec les enquêteurs dans le but d’atteindre pénalement Trump.
Donc les faits dont est accusé Flynn ne prouvent toujours pas qu’il a été en collusion avec les russes (the plead guilty twice for the lie was not Material/relevent to the prosecution). Mais le procureur spécial Mueller qui détient un pouvoir « exorbitant » d’investigation et de poursuite a conclu que les erreurs de Flynn ont empêché le bon déroulement de son investigation (Flynn’s lies « materially impaired the investigation of Russian election interference).
Face à la perte de confiance de Trump qui vient d’être élu président, Flynn démissionne le 13 février 2017 pour avoir aussi menti au vice-président Mike Pence sur ses discussions téléphoniques avec l’ambassadeur de Russie Kisliak durant cette période de transition.Un autre personnage clé durant la période de transition est l’Amiral Michael Rogers directeur du National Security Agency (NSA). Il rencontre secrètement le président nouvellement élu Trump, à l’insu du Président sortant Obama encore en exercice, pour quelques jours. Il l’informe que sa campagne politique a été illégalement espionnée par l’Administration Obama (appels téléphoniques mis sous écoute).
Le lendemain même, le président élu Trump ordonne à tout son staff de déménager et dénonce le 4 mars 2017 (sans citer sa source) ce scandale politique dans un tweet qui est rapidement réfuté par les principaux médias de masse. Trois ans après en 2020, on réalise que Trump avait finalement raison : il a bien été espionné illégalement par les services de renseignement fédéraux qui sont maintenant sous sa tutelle. Imaginez donc la situation où un patron est espionné par ses propres subalternes qui veulent le renverser politiquement.
Attendons donc les résultats de la vaste enquête criminelle démarrée en mai 2019 et conduite par le procureur des États-Unis (United States Attorney) John Henry Durham. J’en parle justement dans l’article 6 qui suivra.
Sommaire des articles du dossier :
- Le coup d’État (1/6) : Le coup d’état tenté contre le président Donald TRUMP
- Le coup d’État (2/6) : Le trio anti-Trump : une force de frappe synergique inouïe
- Le coup d’État (3/6) : ACTE I : Le dessous des cartes, de 2015 jusqu’à l’élection présidentielle du 8 novembre 2016
- Le coup d’État (4/6) : ACTE II : L’élection de Trump arrive comme un cheveu dans la soupe : l’intrigue durant la période de transition et de passation de pouvoir de la présidence du 8 novembre 2016 au 20 janvier 2017
- Le coup d’État (5/6) : ACTE III 2017-2018 : Les enquêtes politico-judiciaires qui ont empoisonné le présent mandat présidentiel de Trump
- Le coup d’État (6/6) ACTE IV 2019-2020 : Le pot aux roses visant à renverser politiquement Trump et l’enquête criminelle du procureur fédéral (United States Attorney ou federal prosecutor) John Durham