SOMMAIRE :
- Le PIB : un indicateur de développement économique qui s’impose dans ce débat sur l’indépendance
- La balance commerciale : un autre indicateur de développement économique qui s’impose dans ce débat sur l’indépendance
- Les conséquences de l’indépendance sur le secteur public et le secteur privé
- Les conséquences de l’indépendance sur la pauvreté
- Notre contribution à la « grandeur » de la France pour un coût de 0,28% du budget national
- La Polynésie : une chance devenue essentielle à la stratégie géopolitique de la France
- La colonisation à revisiter dans le contexte politico-économique actuel
- Cette bonté légendaire qui a accouché d’un « melting-pot » devenu notre force sociétale
- Le cadre incontournable de la géopolitique dans notre région Pacifique
- La Polynésie : un levier géopolitique et stratégique pour la France dans ce rapport de force mondial
- Notre pyramide des âges : un indicateur précurseur dans cette dichotomie Indépendance-Autonomie
- Les « liens de cause à effet » entre l’économie et la santé
- Ce sentiment d’être de plus en plus envahi par des « farani », comme Diderot l’avait imaginé dans « Le Supplément au Voyage de Bougainville » en 1776
- Revoici ma conclusion dans la présentation de ce blog
Dans l’article du TPM n° 350 du 10 mars 2017 intitulé « Mythes et légendes de l’indépendance Maohi -Des pantoufles de l’Autonomie au défi de l’indépendance« , L’auteur donne sa propre vision de l’indépendance qui n’est pas forcément celle de la majorité de l’électorat du Tavini. En répondant à cet article, je fais un clin d’œil à mon ami Alex Duprel qui nous a quittés en 2017. Il était un grand connaisseur pour ce genre de débat ; intellectuellement, il me manque déjà.
Pour dire que les Samoans indépendants ne meurent pas de faim, l’auteur se fonde sur le cas exceptionnel de l’homme d’affaires M. Grey (Postface au 02/06/2022 : Malheureusement pour cet investisseur samoan, son implantation en Polynésie a été un fiasco), qui l’a royalement reçu avec Oscar Temaru Président de l’époque et qui le refait en affrétant un avion pour ceux qui les ont remplacés depuis, au pouvoir.
C’est tant mieux pour les invités de M. Grey, mais pour la comparaison entre l’État indépendant des îles Samoa et notre pays, je préfère m’en tenir à un indicateur économique plus pertinent : le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant.
1- Le PIB : un indicateur de développement économique qui s’impose dans ce débat sur l’indépendance
L’importance du PIB est mentionnée dans l’Objectif de mon blog. Cet indicateur peut être analysé sous deux angles :
- soit au sein de la République parmi les DOM et les autres collectivités ;
- soit au sein de la zone Pacifique parmi nos voisins insulaires excluant l’Australie et la Nouvelle-Zélande, car ces deux grands pays sont membres de l’OCDE.
Tout d’abord, au sein de l’Hexagone englobant les DOM et les autres collectivités ultramarines, le PIB par habitant de la Polynésie (17 933 euros pour 2009) était assez bas : voir le rapport du Sénat, 9 juillet 2014 « Les niveaux de vie dans les outre-mer : un rattrapage en panne ? »

Senat.fr accédé le 16/05/2022
Selon l’ISPF neuf ans plus tard en 2018, notre PIB nominal par habitant n’a pas réellement évolué : 18 771 euros (2 240 000 xpf/119,33); voir le tableau ci-dessous :
Indicateur | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 (e) | 2020 (e) |
Produit intérieur brut nominal (en millions de FCP) | 572 812 | 592 618 | 616 195 | 619 934 | 640 392 | 593 643 |
Produit intérieur réel (en millions de FCP – Base 2005) | 518 461 | 530 397 | 553 165 | 562 774 | 579 657 | 535 603 |
PIB nominal par habitant (en millions de FCP) | 2,11 | 2,16 | 2,23 | 2,24 | ||
PIB réel par habitant (en millions de FCP – Base 2005) | 1,91 | 1,93 | 2,01 | 2,03 | ||
Taux de croissance nominale | 3,7 % | 3,5 % | 4,0 % | 0,6 % | 3,3 % | -7,3 % |
Taux de croissance réelle | 1,8 % | 2,3 % | 4,3 % | 1,7 % | 3,0 % | -7,6 % |
Sources : Comptes économiques – ISPF e: estimé en comptes rapides
PIB nominal = valeur du PIB mesurée aux prix de l’année courante (cette mesure inclut donc les effets de l’inflation ou de la déflation) ;
PIB réel = valeur du PIB aux prix d’une année de référence (à prix constants).

Ensuite au sein de la zone Pacifique, ci-dessous le PIB par habitant de la Polynésie par rapport à certains de nos voisins, établi à partir d’un tableau que j’ai reproduit à partir de ma lettre du 22 novembre 2016, malheureusement restée sans réponse, adressée au Président Fritch et aux membres de CONSAD de l’OPT, pour présenter mon projet O3b pour les îles non raccordées au câble Honotua.

Source IEOM Rapport 2020 page 9 pour le PIB/habitant Polynésie année 2010
J’avais proposé de conduire un test 03 b GRATUIT pendant trois semaines (extension à négocier) sur UNE SEULE île non reliée au câble Honotua (l’atoll de Rangiroa a été suggéré). O3b déviera GRATUITEMENT son faisceau satellitaire de 700 km de diamètre sur une zone à définir par les maires concernés.
L’objectif de ce test sur UNE SEULE île était de démontrer que l’Internet HAUT-DÉBIT d’03b aussi rapide qu’à Tahiti est possible immédiatement pour les îles non reliées au câble Honotua et pour MOINS CHER pour l’OPT: nouveau câble domestique à 7 milliards de F cfp pour raccorder dix îles à comparer aux 34 îles couvertes par UN SEUL faisceau satellitaire de 700 km de diamètre d’O3b pour moins de 200 millions de F cfp/an (soit 35 ans de connexion pour cumuler les 7 milliards XPF du câble).
Le tableau ci-dessus montre plusieurs pays de la zone Pacifique (la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Nauru, Kiribati, l’État Indépendant des îles Samoa, les Samoa américaines, Palau, Yap, Chuuk, les îles du Norfolk, l’île Christmas et le Timor oriental) qui, avec un PIB par habitant nettement moins élevé que celui de la Polynésie française (US$ 23 232 pour 2010), ont choisi avec beaucoup de satisfaction 03b (souvent couplé avec Digicel qui a été chassé d’ici) comme partenaire stratégique et fournisseur depuis des années de l’accès Internet haut-débit et de la 4G.
Le PIB par habitant de l’État indépendant des îles Samoa ($5 183 pour 2013) est donc 4,5 fois plus bas que le nôtre ($23 232 pour 2010) qui est certes artificiellement financé à plus de 70% (voir mon article paru dans TPM n° 250 de mars 2012 intitulé « Réflexions sur le sauvetage de l’économie tahitienne« ), par des dépenses publiques dont celles de l’État (où effectivement une majeure partie repart sur la France). Donc, nul besoin d’être un « virtuose en politique économique » pour bien gérer notre économie locale puisque notre croissance économique est en permanence largement soutenue par des dépenses publiques dont principalement les fameux « transferts » annuels de l’État. Francis Bouygues l’a si bien dit : “En période de croissance, il n’y a pas de mauvais manager”.
2- La balance commerciale : un autre indicateur de développement économique qui s’impose dans ce débat sur l’indépendance
Normalement, la puissance économique d’un pays est reflétée par la puissance et l’attractivité de sa monnaie nationale. Cette puissance est représentée par la valeur globale de sa monnaie nationale dans l’arène du commerce international. La force de la monnaie joue un rôle capital dans la mesure de la domination d’un pays dans l’économie mondiale ainsi que dans la politique internationale.

Par conséquent, si on était indépendant, avec notre propre monnaie locale, on aurait fait faillite depuis longtemps vu qu’on a pas assez de recettes provenant de nos exportations pour pouvoir payer nos importations. Mais, heureusement que notre monnaie CFP est actuellement rattachée à l’Euro par une parité fixe 119,3317 CFP.
Grâce à ce « déguisement monétaire » (où 1 CFP = 0,00838 Euro ; soit 1/119,3317), c’est en fin de compte l’État français qui absorbe notre déficit commercial pérenne ci-dessus. Idem pour les déficits de nos comptes publics puisqu’on dépend indirectement du Budget de la Nation, en ayant une monnaie CFP rattachée directement à l’Euro. C’est pourquoi l’État veille, au travers de l’IEOM, à une bonne gestion interne de notre politique publique.
Donc, imaginez le jour où on sera indépendant avec notre nouvelle monnaie nationale (nos créanciers exigeront certainement d’être payés soit en US$, soit en Euro), comment allons-nous renflouer nos déficits publics? L’exacerbation de la pression fiscale sur les contribuables polynésiens, serait intenable. Dans mon article « réchauffement climatique n° 15/16« , je rappelle que nos prélèvements obligatoires s’élevaient déjà en 2015 à 206 milliards XPF selon la Note expresse de IEOM n° 233 Novembre 2017; soit 36,2% de notre PIB de 569 XPF milliards. Sur ces 206 milliards xpf devraient s’ajouter les fameux « transferts annuels de l’Etat » (181,79 milliards XPF pour 2015 ; soit ½ milliard injecté tous les jours pendant 365 jours/an) dont certes, ¼ repartirait en métropole. Si les contribuables polynésiens devaient financer ces transferts annuels de l’État, ce serait 388 milliards XPF (206 + 182) de pression fiscale, soit un record mondial de 68,2% (388/569) du PIB.
On devine aisément que ces indicateurs, montrant notre forte dépendance économique à l’égard de la France, sont scrupuleusement suivis, voire intensifiés par l’État ! La Mère Patrie, qui a encore jusqu’à ce jour un intérêt géostratégique à ce que la Polynésie reste française (expliquant peut-être la propension des autonomistes à demander toujours plus d’argent à la France), applique la même stratégie de dépendance stratégique qu’elle a subie des États-Unis, de 1940 à 1960. À ce sujet, voir également l’excellent livre d’Eric Branca « L’ami américain« et son interview dans OPEN BOX TV « L’Ami américain : des relations tumultueuses« .

3- Les conséquences de l’indépendance sur le secteur public et le secteur privé
En cas d’indépendance, il ne faudra plus « se débiner » devant une coupe sombre du budget de ce secteur public-parapublic, car en face, il y aura en première ligne les acteurs économiques de ce secteur, qui seront les plus grands « empêcheurs de tourner en rond » en cas de cure d’amaigrissement forcée de notre économie.
Rappelons que dans ce défi de l’indépendance, ce n’est pas le secteur privé qu’il faudra craindre, car il s’adaptera toujours à la conjoncture économique (phénomène de « destruction créatrice » de Joseph Schumpeter). Si une entreprise privée n’est plus rentable, elle ferme tout simplement ses portes pour aller voir d’autres opportunités ailleurs. C’est plutôt le secteur public-parapublic, qui vit dans un « autre monde » économique, dont il faudra se soucier, car le « pantouflage » (voir une illustration au chrono 1:00 de la vidéo « Vincent Jauvert – « La mafia d’État », enquête sur les hauts fonctionnaires »), risque de tourner en parachute troué avec un atterrissage assez violent pour reprendre l’expression du best-seller mondial « What color is your parachute » ?
Si une majorité pressante de Polynésiens plébiscitait le suffrage universel du « pour ou contre » l’indépendance, l’État acceptera bien de l’organiser un jour. En cas d’indépendance accompagnée d’un sentiment de « bonheur absolu » (où, par exemple, ceteris paribus tout serait divisé par 5 pour un nivellement par le bas et rejoindre ainsi le niveau des îles Samoa: salaires, chiffre d’affaires, coût de la vie, budget du pays, etc.), il va falloir bien s’accrocher pour assurer la transition économique vers cette étape tant rêvée qui risque de reproduire le pic de suicide en 2005, qui nous a affectés au lendemain du Taui de 2004 (voir infra).

4- Les conséquences de l’indépendance sur la pauvreté
Plusieurs études économiques démontrent qu’en période de baisse drastique d’activité économique, ce sont les moins débrouillards (très souvent les personnes de condition modeste, à devoir assister) qui souffriront le plus, comparés à ceux qui jouissent de la sécurité de l’emploi du secteur public-parapublic et ceux du secteur privé, habitués à la survie dans la jungle économique. On a bien vu que la classe moyenne inférieure en Polynésie a le plus souffert des conséquences de la Covid-19 de 2020 avec les pertes d’emploi. De plus, lors de chaque pénurie de produits alimentaires de « première nécessité », on remarque par ironie du sort que les tahitiens de cette classe moyenne (et non les purs chinois) sont les premiers à se ruer sur les derniers stocks de riz sur les étalages des magasins.
Je crains donc fort qu’il y ait peu de Polynésiens qui accepteront de vivre comme le pote de Takume. En ce qui me concerne, hormis le manque cruel d’Internet pour mes besoins professionnels, depuis 1994, je vis assez bien ma version de « l’indépendance » dans les Tuamotu, sans le confort de Papeete au milieu des « nono » : pas de W.C., pas d’eau potable, pas de réseau électrique, obligé d’aller faire ses courses en bateau au village à chaque arrivage de bateau s’il n’y a pas de grève sur Papeete.
En conséquence, c’est bien de parler des valeurs supérieures de l’indépendance et d’un formidable potentiel pour attirer des investisseurs comme Facebook et Google (actionnaire d’ailleurs d’O3b maintenant racheté par SES, le concurrent d’Intelsat), mais il est aussi dommage qu’il soit impossible de proposer directement aux îles non reliées au câble Honotua une solution d’internet haut-débit par un accès satellitaire aux télécommunications extérieures, à cause du blocage de l’OPT.
En effet, le Pays a confié à son établissement public l’OPT le « monopole des télécommunications extérieures » (voir Code des P&T page 48/143: Article D.213-7).
Les conflits d’intérêt (exemples Air Tahiti, ATN, OPT, duopole APUARD-CHPF voir à ce sujet le PV du Conseil d’Administration-RGS du 11-09-2020 page 17, etc…) qui minent notre économie (dénoncés pour la France par le francophile Aram J. Kevorkian) sont devenus tellement monnaie courante qu’ils ne dérangent pas nos décideurs politiques. J’en parle justement dans l’objectif de mon blog. D’ailleurs, dans Tahiti-Infos, m’ont interpellé des articles dont les titres évocateurs ne surprennent plus personne :
- article du 15/11/2021 titré « Corruption : Le ras-le-bol des Polynésiens« ;
- article du 15/11/2021 titré « Corruption : Le privé moins mal perçu que le public au fenua« ;
- article du 18/11/2021 titré « Un gouvernement vu peu transparent et déconnecté de la population« .
- article du 15/11/2022 titré « La Polynésie au top de la corruption« .
En tant que perliculteur d’Ahe, j’avais adressé en 2016-2017 plusieurs lettres de doléances aux divers gouvernements qui se sont succédé. Rien n’a bougé en cinq ans ; malgré des milliards de CFP dépensés, Polysat-lntelsat n’apporte toujours pas de haut-débit pour les îles non raccordées au câble Honotua.
Dans ce débat récurrent de l’Indépendance et de l’Autonomie, il y a ceux qui comme un « guide » politique montrent le chemin à suivre, très souvent en pleine période électorale. De ceux-là, je n’en fais pas partie. Et, il y a ceux qui sont occupés à créer quotidiennement plus de PIB pour relever ce défi économique. De ces derniers-là, j’en fais partie, car nos chômeurs sont « fiu » de cette intelligentsia protégée du secteur public-parapublic qui leur « fait du vent » avec leur discours sur l’inégalité : avant de partager de la richesse, il faut bien en créer ; sinon on va tous se partager la pauvreté.
Churchill l’a si bien dit : “Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère.”
Les gens veulent du boulot et l’indépendance n’offre pas forcément plus de génie, plus d’ambition, plus de patriotisme et plus d’amour pour notre Pays. La loi anti-Digicel, votée sous l’impulsion de notre illustre Jacqui DroIlet (UPLD donc de tendance indépendantiste) et jugée illégale en 2011 par le Conseil d’état, est une bêtise politique qui m’avait obligé à mettre 30 Polynésiens sur le carreau. Cette triste expérience m’a fait rappeler la fameuse citation de Michel Rocard : « Toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare.«
Les indépendantistes qui veulent se démarquer, parleront devant l’ONU d’une responsabilité (morale? financière?) de la France pour accompagner le Pays vers l’indépendance. Mais, à mon avis, le vrai combat pour l’indépendance à mener, en priorité, se trouve dans l’initiative privée et la réduction de nos dépenses publiques effectivement trop souvent assimilées à des « pantoufles ». Que chacun prenne le risque de créer son propre emploi, au lieu de suivre l’exemple de nos politiciens qui souvent dépendent du secteur protégé grâce à un emploi garanti à vie.
Il faudra prier pour que plus d’acteurs du privé puissent dénicher plus d’opportunités commerciales pour s’enrichir dans leur prise de risque et créer ainsi plus de PlB au passage. Voir ma page Quel est mon objectif ? dont voici un passage : « Le géostratège « bourlingueur », Gérard Chaliand, pense que la meilleure revanche que les pays anciennement conquis et humiliés puissent faire à leurs anciens pays conquérants, c’est de répondre par une croissance économique insolente comme l’ont fait le Vietnam, la Chine, la Corée du sud et Taiwan. Cette remarque pertinente devrait interpeller les polynésiens qui rêvent de s’émanciper de la France ».
Malheureusement, ce bon sens économique n’est pas forcément une priorité pour nos responsables politiques du secteur protégé.
5- Notre contribution à la « grandeur » de la France pour un coût de 0,28% du budget national
Indépendance ou Autonomie, présence de l’État ou pas, je conviens que l’enjeu géopolitique mondial justifie largement les dépenses de l’État ici (2019 : 186,3 milliards F CFP = 1,56 milliard d’euros) qui représentent « une goutte d’eau » (0,28% = 1,56/558) dans les 558 milliards d’euros du Budget Général 2019 de l’État (643 milliards d’euros en 2021).


Le tableau ci-dessous de la ZEE (sans compter le « domaine sous-maritime« ) montre l’apport stratégique de la Polynésie dans le rang de la France en tant que deuxième puissance maritime mondiale, après les États-Unis, au sein de la zone Indopacifique qui est devenue le nouveau « centre de gravité » du monde.


Grâce à notre immense ZEE (4,5 millions km²), la France ne cesse de se pavaner en « puissance mondiale » lors des rencontres internationales.

6- La Polynésie : une chance devenue essentielle à la stratégie géopolitique de la France
Voilà déjà cinq siècles, la Polynésie devait être espagnole selon le fameux Traité de Tordesillas (1494) avec la bénédiction du pape Alexandre VI (pape de 1492 à 1503), qui partagea le Nouveau Monde, connu entre les Espagnols (à gauche du méridien ou la ligne verte de la carte ci-dessous) et les Portugais (à droite du méridien). Était donc lancée une course mondiale qui a ouvert la voie à l’expansion des puissances coloniales européennes vers l’Amérique, l’Afrique et l’Asie-Pacifique. C’étaient les débuts de la mondialisation dans le domaine du transport maritime.

Ci-dessous une carte montrant le premier voyage autour du monde fait par un héros maudit, Fernand de Magellan (1480-1521) un portugais, en quête de richesse, qui a proposé ses services au roi d’Espagne, le futur Charles Quint âgé seulement de 18 ans. Magellan a réussi à ouvrir une nouvelle route vers son objectif ultime : les Moluques, les îles des épices, en Indonésie. Sur son parcours, il a découvert le 24 janvier 1521 l’atoll de Puka Puka qui était sans doute le premier atoll du Pacifique découvert par les Européens ; voir la vidéo au chrono 39:10. Malheureusement pour Magellan qui fut tué le 27 avril 1521 aux Philippines, ni l’Espagne (car Magellan n’était pas espagnol) et ni le Portugal (car Magellan était considéré comme un vendu à l’Espagne) ne lui donneront la notoriété mondiale qu’il méritait, pour cette première circumnavigation de l’histoire (voir la vidéo au chrono 50:20).


Sur le plan géopolitique, la Polynésie, qui est loin d’être un « boulet » pour la France, a une chance inouïe de se trouver dans cette « zone Asie-Pacifique » qui, selon l’ancien diplomate Philippe Moreau Defarges, est devenu le centre du monde, le cœur et le moteur du système économique mondial, l’arène de colosses où bataillent les grandes puissances contemporaines telles les États-Unis, la Chine et la Russie. Même si la France a brillé par son absence dans l’accord commercial le plus important du monde « Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) » de novembre 2020, je doute qu’elle veuille nous perdre, car cette zone Asie-Pacifique est l’objet de convoitises des puissances économiques étrangères. À ce sujet, voir la vidéo de juillet 2023 : « La stratégie de la France en Indopacifique (au milieu des tensions Chine/Etats-Unis)«

Source Wikipédia accédé le 19/05/2022. Même le Japon confirme son rôle de premier plan et son engagement aux côtés des États-Unis dans la défense d’un Indo-Pacifique libre et ouvert (Free and Open Indo-Pacific, FOIP) et au-delà, d’un ordre international libéral mis à mal par les comportements agressifs de la Chine et la Russie.
Depuis la guerre en Ukraine le 24/02/2022, le monde découvre soudainement que la Chine essaye depuis longtemps de tisser son réseau militaire à partir des îles Salomon. Bien évidemment, les États-Unis et ses alliés (la Grande-Bretagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne dont la France) ont réagi pour contrecarrer cette stratégie.

Pour ceux qui ne réalisent pas la géostratégie « échiquéenne » qui se déroule sous nos yeux, ci-dessous une carte montrant notre proximité par rapport à ce voisin du pacifique. L’invitation du Président Fritch à la Maison-Blanche le 27/08/2022, en dit long sur cette dynamique géopolitique dans notre région. Le président BIDEN déroule le tapis rouge pour les îles du pacifique dont la Polynésie !
Après les essais nucléaires du CEP, nous revoilà (heureusement ou malheureusement) impliqués directement dans ce rapport de force entre les États-Unis et la Chine, avec la Polynésie française se retrouvant dans une position d’importance géostratégique pour la France et ses alliés du monde libre occidental. Le Président Macron l’a encore rappelé lors de son passage à Tahiti le 27 juillet 2021; la guerre en Ukraine de février 2022 est venue « enfoncer les clous ». Comprenons donc la « frilosité » de l’État français face aux grands projets chinois ici en Polynésie.

Toujours dans cette course à la conquête du monde, deux siècles après Fernand de Magellan, arrivent quatre autres explorateurs européens qui ont marqué leur présence à Tahiti : Domingo de Boenechea Andonaegui pour l’Espagne, Samuel Wallis et James Cook pour l’Angleterre, et Bougainville pour la France. Par conséquent, la Polynésie n’avait aucune chance d’échapper à ces explorateurs des puissances coloniales européennes, en quête de nouveaux territoires à conquérir.
En comparant les ZEE françaises (voir la carte ci-dessus) avec les deux cartes ci-dessous montrant les voyages de James Cook et celui de Bougainville, on comprend mieux géopolitiquement comment, voilà déjà deux siècles, ces puissances coloniales, en recherchant l’hypothétique fameux continent austral (Terra Australis), étaient en avance pour conquérir indirectement le Pacifique avec l’arme à feu. Nos pauvres tahitiens de l’époque, qui découvraient le métal (fer) au travers des clous donnés en troc par ces navigateurs, ne faisaient pas le poids avec leurs pirogues.


L’histoire nous a fait que la Polynésie, qui devait être britannique avec les « tractations trop tardives » du consul-missionnaire George Pritchard, est finalement devenue française grâce au « forcing » de l’officier Abel Aubert du Petit-Thouars et à « l’Entente cordiale » franco-anglaise qui a fini par prévaloir entre ces deux puissances coloniales de l’époque. À ce sujet, voir le livre « Une histoire de Tahiti des origines à nos jours » pages 145-175 chapitre « La mise en place d’un monde colonial (1842-1880) Première partie : comment Tahiti est-elle devenue française ? de Renaud Meltz.

Ci-dessous les portraits des trois personnes qui ont laissé leur empreinte forte sur l’histoire du Fenua : George Pritchard, Abel Aubert du Petit-Thouars et Domingo de Boenechea Andonaegui.

Source Wikipedia


En restant au sein de la République française jusqu’à ce jour, nous sommes toujours à la remorque d’une puissance, certes moyenne, mais d’influence mondiale pour reprendre l’expression de l’ancien ministre Hubert Védrine, un des meilleurs spécialistes français en géopolitique.
En cas d’indépendance de la Polynésie, la France perd un pion géostratégique dans ce rapport de force et tomberait en 4ᵉ position derrière la Russie en termes de ZEE; repositionnant notre Fenua indépendant parmi les dix premières puissances maritimes au monde devant le Japon. Donc, on peut comprendre que pour 0,28% du budget annuel de la Nation (soit sur un budget de 10 000f, on coûte 28f à la France), la Polynésie permet à la France d’être la deuxième puissance maritime au monde.
7- La colonisation à revisiter dans le contexte politico-économique actuel
La colonisation de la Polynésie a été en vérité décidée en faveur de la France, selon une discrète « entente cordiale » entre la France représentée par François Guizot et l’Angleterre représentée par Lord Aberdeen Foreign Office; voir « Une Histoire de Tahiti » p. 163-165-167. Pourtant, la France venait de perdre ses colonies (Amérique du Nord et Inde) dû à sa défaite dans la « première » guerre mondiale que fût la guerre de Sept ans (1756-1763) face à l’Angleterre. La géopolitique, comme la nature, a horreur du vide. Le monde commençait donc déjà à être partagé entre les puissances coloniales européennes qui cherchaient à s’étendre.
À cet égard, la Polynésie n’a pas échappé à cet expansionnisme à visées scientifiques, commerciales et souvent coloniales, avec les arrivées successives de :
- l’Espagne catholique :
- en 1521 avec Fernand de Magellan à Puka Puka;
- en 1595 avec Álvaro de Mendaña aux Marquises qu’il nomma : « Las Islas Marquesas Don García Hurtado de Mendoza y Canete » d’après le nom du vice-roi du Pérou de l’époque;
- en 1772-1774 avec Domingo de Boenechea Andonaegui mort à Tautira le 26/01/1775;
- l’Amérique protestante en 1791 avec Joseph Ingraham qui découvre Nuku Hiva;
- la Russie orthodoxe en 1804 avec le capitaine Krusenstern aux Marquises et en 1820 avec Bellingshausen qui a donné son nom au Motu One;
- l’Angleterre protestante :
- en 1767 avec Samuel Wallis à Tahiti;
- en 1838-1841 avec George Pritchard qui cherchait en vain le protectorat refusé par le Premier ministre Lord Palmerston;
- la France catholique en 1842-1843 avec Abel Aubert du Petit-Thouars qui nous a « annexés » avec habileté et célérité.
Les pauvres tahitiens de l’époque n’avaient donc effectivement pas voix au chapitre, face à « l’Autre du dehors » ces « demi-dieux blancs » coloniaux qui venaient souvent planter leur drapeau national (Espagne, Angleterre, France) pour revendiquer la propriété de la Polynésie.
La supériorité des « Blancs européens » dans « L’art de la guerre à l’occidental » est bien décrite par Le Général Michel Yakovleff dans son livre « Tactique théorique » dans son avant-propos page XIII dont voici un extrait : « Depuis maintenant cinq siècles, il [le modèle de guerre occidental] exerce une domination totale aux échelons tactiques, sur tous les théâtres, face à tous les adversaires. Depuis la première expansion coloniale européenne au XVᵉ siècle, il n’y a aucun adversaire qui ait prévalu face à une troupe occidentale, à moins d’une supériorité numérique écrasante. Quels sont les fondements d’une telle domination ? Supériorité technologique, supériorité conceptuelle (art de la manœuvre), culture militaire spécifique, dynamisme et expansionnisme culturels, vigueur démographique, tous ces facteurs sont à la fois le produit et l’origine d’une intense compétition intra-européenne qui a rendu le modèle imbattable à l’exportation« .

On comprend mieux maintenant l’histoire des conquêtes coloniales telles :
- 1500-1600 : la colonisation de l’Amérique du Nord par les Blancs des puissances coloniales européennes
- 1521-1522 : Hernán Cortés conquistador espagnol qui s’est emparé de l’Empire aztèque
- 1532 : Francisco Pizarro et la capture de l’Inca Atahualpa
- 1767 : Tû-Pomare qui s’imposa face à l’hégémonie établie des TEVA grâce au soutien des premiers Blancs rompus à l’art de la guerre à l’occidentale ; voir pages 108-110 du livre « Une histoire de Tahiti«
- 1839-1860 : les guerres de l’opium en Chine
- 1885 : la Conférence de Berlin sur le dépeçage de l’Afrique entre les Blancs des puissances coloniales européennes
D’ailleurs cette logique de rapport de force entre les états s’impose toujours en géopolitique : voir l’interview du géostratège « bourlingueur », Gérard Chaliand, dans Sud Radio du 21/03/2022.

L’imbrication du politique et de la religion protestante dans le débat politique reste un « cocktail » difficile à appréhender. Grâce aux premiers colons de la London Missionary Society (L.M.S.) arrivés en 1797, 30 ans plus tard après Samuel Wallis le 18/06/1767, les tahitiens ont découvert le « nouveau Dieu » Jéhovah au détriment des « anciens dieux » tel ‘Oro, pour abandonner la pratique du cannibalisme et des sacrifices humains.
À ce sujet, les scientifiques, dans la plupart des universités européennes et américaines durant les années 1920, auraient estimé que l’éducation et la christianisation apportaient une « évolution positive » donnant par ailleurs une justification à la colonisation. Selon cette vision, on pourrait donc insinuer que la colonisation des tahitiens par les blancs était « justifiée » pour avoir apporté une « évolution positive » (sic). D’ailleurs l’eugéniste américain Madison Grant, auteur du célèbre livre « Le Déclin de la grande race ou les bases raciales de l’histoire européenne (The passing of the Great Race, 1916), qu‘Adolphe Hitler a appelé « ma Bible », prétendait que la démocratie et le sentimentalisme chrétien affaiblissaient la race blanche.
Donc si on peut considérer l’évangélisation comme une « évolution positive » introduite par les colons, alors par une ironie de l’histoire, le slogan politique « Te Atua To’u Fatu » du Tavini Huiraatira pour chasser le colonialisme français, peut surprendre.
Mais, cette prise de position est cohérente du fait que l’Église Protestante Maohi est devenue indépendante de la Société des missions évangéliques de Paris (S.M.E.P.) depuis le 1ᵉʳ septembre 1963. D’ailleurs dans Tahiti-Infos du 18/04/2022, le président de l’Église protestante mā’ohi, François Pihaatae, a déclaré qu’il nous faut encore du temps pour atteindre notre indépendance. En attendant de sécuriser notre autosuffisance économique, il propose de planter et de manger ce que l’on plante. C’est une prise de position lapidaire, pleine de bon sens qui rejoint un peu celle du géostratège Gérard Chaliand (voir ci-dessus) qui pense que la meilleure revanche que les pays anciennement conquis et humiliés puissent faire à leurs anciens pays conquérants, c’est de répondre par une croissance économique insolente. À bon entendeur salut !
Ci-dessous l’humour décapant de Munoz.

8- Cette bonté légendaire qui a accouché d’un « melting-pot » devenu notre force sociétale
La population de la Polynésie a beaucoup changé depuis et elle continuera à changer ; c’est le sens de l’histoire. Dans ma présentation personnelle, je cite un extrait du livre de Michel PANOFF 1989 « Tahiti métisse » page 14 : » … l’effet de la conquête coloniale… se révèle si complexe que l’on se demandera jusqu’à la fin des temps qui fut le conquérant et qui fut le colonisé… l’hybridation poursuivie depuis deux siècles entre les autochtones et les intrus… n’a qu’une importance secondaire en soi… le métissage biologique avec ses effets plus ou moins visibles dans l’apparence corporelle est constamment associé dans la pensée des Tahitiens eux-mêmes au métissage culturel, pour expliquer ou contredire ce dernier, qui seul importe en fin de compte dans la vie réelle … ».

Voilà tout était dit sur notre « melting pot » devenu, à mon sens, le « ciment » de la société polynésienne. Donc, laissons l’histoire faire son « travail de fond » quant au choix final de l’Indépendance ou pas. Nos jeunes dont de plus en plus vont étudier en Nouvelle-Zélande, en Australie, au Canada et aux États-Unis grâce à la mondialisation, seront mieux versés dans tout ce qui se passe autour de nous pour choisir l’avenir institutionnel du Fenua qui leur conviendra. Peut-être jugeront-ils plus tard que « la vie est meilleure ailleurs » et que la Polynésie, SEULE en plein milieu du Pacifique entre les deux grandes puissances mondiales du moment (La Chine au nord-ouest et les États-Unis au nord-est), a tout intérêt à rester au sein d’un autre acteur : la France, certes d’une puissance moindre, mais qui nous a apporté jusqu’à présent une certaine assurance dans ses valeurs républicaines. D’ailleurs le Président Macron nous a mis en garde lors de son intervention à la Présidence du Gouvernement de la Polynésie française le 27 juillet 2021 : « Dans les temps qui s’ouvrent, malheur aux petits, malheur aux isolés. Malheur à celles et ceux qui vont subir les influences, les incursions de puissances hégémoniques [référence aux Etats-Unis et certainement à la Chine] qui viendront chercher leur poisson, leur technologie, leurs ressources économiques”. Les Indépendantistes dénonceront certainement ce maintien de la « colonisation » par la France.
9- Le cadre incontournable de la géopolitique dans notre région Pacifique
Au XXIᵉ siècle, la « logique géopolitique » n’a pas changé : les grandes puissances, dont la France devenue depuis le désastre de juin 1940 une « puissance moyenne d’influence mondiale« , continuent leur « course » pour se positionner dans le leadership mondial. À ce sujet, le Professeur John J. Mearsheimer de l’Université de Chicago (un de mes spécialistes préférés en géopolitique avec lequel je suis en désaccord sur sa position d’exonérer la responsabilité de Poutine dans la guerre en Ukraine, démarrée le 24 février 2022), dresse un résumé de l’illusion des États-Unis à vouloir dominer la politique dans le monde ; voir sa présentation « The Great Delusion » donnée le 30/01/2020 au Carleton University, Ottawa, Canada.
Hubert Védrine, dans une interview avec Thinkerview le 26/05/2021, dresse une situation réaliste des rapports de force entre les grandes puissances du moment. À ce sujet, le rapport quadriennal de la CIA plante bien le décor sur ce que serait le monde en 2040, voir :
- à la page 170 : la partie « International : contestations, incertitudes et conflits« ;
- aux pages 202 à 223 : la conclusion formulée sous forme de cinq évolutions possibles des affaires du monde, qui est à juger avec discernement :
- Trois scénarios avec des changements que l’on peut anticiper :
- « La Renaissance des démocraties » : les démocraties prospèrent menées par le leadership mondial des États-Unis.
- « Un monde à la dérive« : la Chine prend le dessus sur les États-Unis, mais ne domine pas le monde.
- « Coexistence compétitive« : les États-Unis et la Chine prospèrent et se disputent le leadership dans un monde divisé.
- Deux scénarios avec des changements radicaux, des désordres internationaux plus importants et plus graves qui vont occulter la rivalité États-Unis contre Chine :
- « Des silos séparés » : la mondialisation s’est effondrée, les chaînes d’approvisionnement se brisent, les prix des biens de consommations ont augmenté considérablement, le tourisme baisse, des blocs économiques et sécuritaires émergent pour protéger les États des menaces croissantes. Les pays pauvres en proie à des conflits sont devenus moins stables et l’ONU n’est plus respectée pour rétablir l’ordre mondial. Les petits pays qui ont peu d’autosuffisance économique, vont être attirés par la protection des grands blocs pour survivre économiquement. Ces détails convergent curieusement en plusieurs points au message du 27/07/2021 ci-dessus du Président Macron. Ses conseillers ont dû l’avoir « briefé » sur ce livre tant attendu et publié en mai 2021 !
- « Tragédies et mobilisation« : on assiste à un bouleversement révolutionnaire à la suite de crises environnementales dévastatrices ; par une étrange coïncidence, l’année 2040 correspond aussi au début de l’effondrement de la civilisation humaine anticipée par la fameuse étude du MIT publiée en 1972, que je mentionne d’ailleurs dans la conclusion de mon article Le réchauffement climatique (12/16). Est-ce encore une autre théorie complotiste, mais du MIT cette fois-ci ? Peut-être. En tout cas, Jean-Marc Jancovici l’affirme fermement dans ses présentations, mais en mettant en cause les émissions de CO2 d’origine anthropique.
- Trois scénarios avec des changements que l’on peut anticiper :

Si la France est noyée dans ce rapport de force géopolitique entre les États-Unis et la Chine, que dire dans tout cela de la Polynésie qui serait SEULE, car INDEPENDANTE? À ce sujet, j’invite mes lecteurs à regarder les trois vidéos qui expliquent de manière pragmatique les relations internationales :
- la synthèse déconcertante du professeur Kishore Mhabubani du 03/04/2021;
- la vision réaliste du professeur de l’Université de Chicago, John J. Mearsheimer, dans sa présentation du 20/03/2018;
- La France est-elle encore une grande puissance ? (Mappemonde Ep. 7, avec François Hollande) du 03/04/2022.
Soyons réalistes, la Polynésie n’a ni les moyens et ni la capacité de rester isolée. Mais, fort heureusement, pour seulement 0,28% du budget annuel de la Nation la Polynésie, grâce à sa ZEE, contribue stratégiquement à la « grandeur » de la France dont de Gaulle avait « une certaine idée« .
Dans le prolongement de ces cinq scénarios de la CIA, j’ai mentionné dans mon article sur le réchauffement climatique 12/16 « Les réalités économiques« que l’évolution des données du fameux rapport « Limit to Growth » de 1972, pointait sérieusement vers un déclin terminal de la croissance économique mondiale et donc vers un effondrement de la civilisation humaine aux alentours de 2040.

Peu importe si cette date paraît peu plausible, une chose est certaine : la poursuite d’une croissance mondiale continue est tout simplement intenable à terme (voir la courbe rouge ci-dessous) : l’infini qui est une notion bien établie en mathématiques aboutit à la contrainte du monde fini pour la science économique, car la population mondiale ne cesse de croître et de consommer plus de ressources naturelles, et donc plus d’énergie aussi pour survivre.
Cette logique paraît simple à comprendre, mais Vincent Mignerot explique les subtilités dans sa présentation plutôt sinistre du 18/10/2019. Le diagramme ci-dessous montre plusieurs scénarios de l’évolution de la population mondiale. Les spécialistes dont Hans Rosling et le Pew Research Center confirment le scénario UN médian (courbe orange ci-dessous) pour un plafonnement à 11 milliards. Maintenant reste à savoir si un début d’effondrement de la civilisation humaine est plausible.

sources : Nations unies, Projections de population 2013 ; 1800-1950 : estimations US Census Bureau
Ainsi une Polynésie indépendante, SEULE dans cette lutte pour la survie, sera très isolée au sein des Nations Unies. D’abord, nous serions incapables de surveiller toute notre ZEE de 4,77 millions km² sans la logistique militaire de la France.
10- La Polynésie : un levier géopolitique et stratégique pour la France dans ce rapport de force mondial
Dans le livre « La France dans le monde » à la page 138, on peut lire que « la France, seule puissance européenne, présente à la fois dans l’Océan indien et dans le Pacifique, insiste sur sa zone économique exclusive (ZEE), la deuxième du monde« ; (voir supra le tableau). Or, à juste titre, pour seulement 0,28% du budget annuel de la Nation et après avoir été sacrifiée pour les essais nucléaires (CEP quand tu nous tiens !), la Polynésie, et donc la France se retrouve stratégiquement au milieu de ce face-à-face entre la Chine et les États-Unis, dans cette zone « Asie-Pacifique« appelée maintenant le « bassin Indo-Pacifique« . L’alliance Aukus du 15/09/2021 (entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis) à l’origine du camouflet dans la rupture par l’Australie du contrat du siècle des sous-marins français, nous démontre que la Polynésie est plus que jamais une zone géopolitique stratégique. Selon Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne : « Cette alliance ne fait que souligner que la région est très importante pour notre sécurité, pour nos capacités économiques. Cela nous oblige à réfléchir à la nécessité de porter haut la question de l’autonomie stratégique européenne ».

Carte extraite du document « La France et la sécurité en indopacifique », publié par la Direction générale des relations internationales et de la stratégie du Ministère des armées
Le président Emmanuel Macron dans son discours prononcé à Nouméa le 5 mai 2018 a précisé comment « dans cette région du globe, la Chine est en train de construire son hégémonie pas à pas. La France est une grande puissance de l’Indo-Pacifique à travers tous ses territoires. Elle défend avec conviction une ambition géopolitique. Il y a un axe Paris-New Delhi-Canberra qui se prolonge de Papeete à Nouméa et à travers tous nos territoires« .
Donc la France, soucieuse de son statut de « rang mondial », est consciente que la Polynésie est une des pièces maîtresses dans sa stratégie géopolitique. Loin d’être un boulet, la Polynésie prend en charge ses propres dépenses de santé, ô combien élevées, bien que cette responsabilité incombe à l’État selon le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1976. Dans ce débat sur l’indépendance, nous avons donc plus intérêt à réfléchir sur la question suivante : comment la Polynésie peut être un meilleur levier pour continuer à participer à la « grandeur » de la France ? Comme Kishore Mhabubani, je reprendrai son interpellation en termes machiavéliens : comment la Polynésie peut-elle stratégiquement mieux défendre ses propres intérêts dans le long terme, tout en restant au sein de la République française. À ce sujet, s’impose une meilleure compréhension de l’importance géostratégique évidente de la Polynésie dans la zone Asie-Pacifique.

En tout cas, le Président Macron lors de son passage en Polynésie le 25 juillet 2021 aurait confié dans le Paris Match du 14/08/2021 : « Je ne suis pas séduit, mais emporté par la Polynésie. Je suis encore plus amoureux de la France qu’au premier jour, et convaincu de la chance inédite qui est la mienne.»

DOMINIQUE JACOVIDES / BESTIMAGE Source : Paris Match du 14/08/2021
11- Notre pyramide des âges : un indicateur précurseur dans cette dichotomie Indépendance-Autonomie
Si notre pyramide des âges 1999-2019 ci-dessous commence à se rétrécir à la base, c’est que beaucoup de nos jeunes auraient préféré aller vivre ailleurs. Le triste cas des Cook islands, d’où nos ancêtres directs sont arrivés vers 1 105, devrait nous interpeller sérieusement (voir le coauteur Alexander Ioannidis Ph.D. Standford University). En effet, en 2018 sa population n’était que de 17 328 alors qu’en 2013 on recensait déjà 62 000 natifs des Cook vivant en Nouvelle-Zélande. Ce constat d’échec démontre que la majorité des habitants de l’île ont préféré vivre en Nouvelle-Zélande pour assurer leur avenir.
Ce même scénario pour ici serait un signe de faillite pour le Fenua qui n’aura pas pu offrir un avenir économique à nos jeunes. Ce serait alors une situation catastrophique pour notre système de répartition à la CPS, car les cotisations de peu de salariés (nombre d’actifs) ne suffiront plus à financer les pensions des retraités. Selon la synthèse du Rapport annuel 2020 du Conseil d’orientation et de Suivi des Retraites (COSR) relatif au système de retraite polynésien (section 1.7 page 12/133) :
- de nombreux jeunes polynésiens ayant quitté la Polynésie pour suivre des études supérieures restent sur le lieu de leurs études pour y trouver un emploi qu’il cherche au Fenua. Selon l’ISPF, le Fenua en 2017 était déjà confronté à l’exode de ses jeunes ; le rapport annuel d’activité 2020 de la CPS pages 14-15 confirme une baisse de natalité et un déficit migratoire (ou solde migratoire négatif);
- le ratio actifs/retraités s’est fortement dégradé en 20 ans. Il est en dessous de 2 actifs pour 1 retraité.

Si l’évolution de ces chiffres est de mauvais augure malgré le soutien financier de l’État en restant au sein de la République, imaginez ce que cela serait en étant indépendant ! Par conséquent attention à vouloir demander l’indépendance avant d’assurer notre autonomie économique, on risque de « jeter le bébé avec l’eau du bain« .
12- Les « liens de cause à effet » entre l’économie et la santé
Dans un article intitulé « Suicide in French Polynesia : a retrospective analysis based on medicolegal documents and interview with family » publié le 14/09/2021 dans le Journal of International Medical Research, le co-auteur Dr Stéphane Amadeo, ancien chef du service psychiatrique au CHPF tente d’établir une corrélation entre une crise économique et l’augmentation du « risque de suicide » en Polynésie française. Quatre pics de taux de suicide ici, en 2002, 2005, 2008 et 2012 « pourraient avoir été liés à des crises économiques ou sociales majeures ». Par exemple, le pic de 2005 serait une conséquence du « Taui » correspondant « à un changement de politique local majeur suivi d’une période d’instabilité politique anxiogène » avec « une victoire inattendue du parti indépendantiste en 2004, qui a ensuite été suivie de multiples changements d’alliances avec plus de douze gouvernements successifs jusqu’en 2011« . Le « Taui » aurait ainsi conduit aussi au déclenchement de l’acte. Le pic du taux de suicide en 2012 serait expliqué par un effet « Werther » par lequel les médias, en relayant les suicides, « facilitent » à commettre l’acte fatal du suicide (suicide mimétique). Par ailleurs, toujours selon cet article scientifique, la dégradation de l’économie polynésienne aurait provoqué les pics de suicide de 2002 et de 2008 :
- Les attentats du 11 septembre 2001 à New York ayant entrainé ici la perte d’environ 80 000 touristes en un an : l’interruption des vols vers Papeete d’AOM-AirLib en mars 2002 et la disparition de la compagnie Renaissance Cruises.
- La crise financière de 2008, ayant provoqué ici la perte de 43 000 touristes et 3 000 emplois salariés dans les deux années qui ont suivi.
Mais attention, dans mon article réchauffement climatique n° 4/16, je rappelle la règle élémentaire en statistiques : deux événements peuvent être corrélés (reliés) sans pour autant avoir des rapports de cause à effet. En revanche, on peut raisonnablement conclure que la mauvaise conjoncture politique, économique et sociale n’arrange pas la problématique du suicide qui concerne souvent ceux du secteur privé ne jouissant pas de la sécurité de l’emploi. Une indépendance « brutale et mal préparée » du Fenua risque donc d’exacerber notre taux de suicide comme nous l’avions connu en 2005 lors du « Taui » survenu en 2004 (voir aussi les chiffres de suicide 2011-2015 à l’article « Réflexions sur notre médecine libérale dans le contexte des dépenses de santé en Polynésie« ).
13- Ce sentiment d’être de plus en plus envahi par des « farani », comme Diderot l’avait imaginé dans « Le Supplément au Voyage de Bougainville » en 1776
À mes nombreux amis autochtones du Fenua qui ont parfois une « poussée d’adrénaline indépendantiste » lorsqu’ils se sentent envahis par des « blancs conquérants« . Je comprends ce ressentiment contre « l’Autre » qui vient d’arriver de France et qui ose dire aux Maohi qu’il est chez lui en Polynésie.

Bertrand Prévost relate dans son article le projet de Gaston Flosse :
- « Refuser les immigrés (les métropolitains, NDLR) de passage chez nous qui transfèrent les trois quarts de leurs salaires en France et lorsqu’ils ont amassé suffisamment de millions, ils repartent chez eux sans même un merci. ».
- « C’est l’arrivée des envahisseurs, en ces temps de crises violentes qui ont entraîné des morts, où la population connaît un chômage jamais atteint, où la pauvreté gagne une bonne partie de la population, c’est leur comportement « ici c’est chez nous, ici c’est la France », ce sont tous ces gens-là qui incitent la population à la haine raciale. »
- Et le Vieux lion de conclure en appelant à la mise en place d’un « quota de migrants » « en fonction des besoins de la société ». Une prise de position qui n’est finalement pas une première puisque Gaston Flosse ne fait là que reprendre le discours du Tavini, sauce fe’i.
Il y a près de dix ans, Richard Tuheiava, face à l’ONU, faisait déjà ce même discours : « L’immigration française est ouvertement encouragée par la Puissance administrante, entraînant une dilution du corps électoral et réduisant ainsi le nombre de personnes favorables à l’indépendance ».
Oscar Temaru rebondissait alors dans les mêmes chaussons. « Sans maîtrise de l’immigration, nous allons devenir les spectateurs impuissants d’un pillage. (…) Les chômeurs français vont affluer sur nos îles pour prendre la place de nos enfants. »
On retrouve ici cette notion de « l’entre-soi » désignant le regroupement de personnes aux caractéristiques communes. Elle sous-entend l’exclusion, plus ou moins active et consciente, des autres« .
Voici deux évènements liés aux essais nucléaires dont les images m’ont laissé meurtri avec un sentiment de « souverainiste Maohi » malgré tout :
- le reportage de RFO sur Jean-Marie Le Pen venu se baigner dans le lagon de Moruroa pour soutenir la continuation des essais nucléaires, dans lequel il déclarait (les termes exacts à vérifier dans la vidéo aux archives de RFO) : « En me baignant, je montre qu’il n’y a pas de danger; ici c’est la France« ;
- le reportage de RFO montrant Oscar Temaru sur le bateau de Greenpeace arraisonné le dimanche 9 juillet 1995 par les militaires au large de Moruroa; Oscar qui criait (les termes exacts à vérifier dans la vidéo aux archives de RFO) « foutez le camp d’ici, je suis chez moi ici« , fût jeté et maitrisé par terre par les militaires français.
De plus, en observant l’Australie et la Nouvelle Zélande s’opposer vivement à ces essais nucléaires pour la sécurité sanitaire AVANT TOUT de nos populations dans la région Pacifique, je m’étais rendu compte tristement de l’évidence suivante : les intérêts de la Polynésie, qui a ses propres problèmes à régler ici, seront toujours secondaires par rapport aux intérêts prioritaires de la France dans le monde, et plus spécifiquement en Europe. La preuve, pour l’intérêt supérieur et pour la grandeur de la France, Paris a fait péter ses bombes chez nous! Mais ne soyons pas dupes aussi en géopolitique car l’Australie qui avait juré d’être totalement opposée à toute énergie nucléaire, viens de retourner sa veste en résiliant brutalement le contrat des sous-marins français à propulsion conventionnelle (non nucléaire), au profit des sous-marins américains à propulsion nucléaire.
Donc, oui avec notre Statut évolutif, maîtrisons mieux l’avenir de notre Fenua et ne laissons pas les « Autres du dehors » (que nos ancêtres considéraient comme des « demi-dieux blancs »), venir défendre « à leur manière » NOTRE FENUA comme le Général de Gaulle nous aurait « forcé en coulisse » d’accepter les essais nucléaires. Le Général Louis Penat qui nous a impressionné le 21/06/2021 avec l’intervention des trois Rafale depuis la France, en moins de 48 heures, enfonce une porte ouverte, me semble-t-il. En effet, le risque d’être attaqué par une autre puissance mondiale paraît très minime par rapport au risque que la Polynésie ne puisse assurer encore son « envol » pour une indépendance économique qui, il faut l’admettre, est loin d’être le premier des soucis de l’État. Géopolitique oblige !
En conclusion, pour répondre à la question de l’Indépendance ou pas, je poserai plutôt les questions suivantes qui fâchent :
- Est-ce qu’on se sent réellement colonisé par la France aujourd’hui, mise à part notre souveraineté non maîtrisée ? Si l’on est tenté de verser dans le complexe du « blanc dominant » contre les « minorités dominées » ou dans la « Critical Race Theory » alors, référons-nous au constat à demi-mot de Michel PANOFF dans son livre de 1989 « Tahiti métisse » page 14 sur l’effet de la conquête coloniale. Oui, on ne sait plus qui fut le conquérant qui fut le colonisé… le métissage biologique est constamment associé dans la pensée des Tahitiens eux-mêmes au métissage culturel qui seul importe en fin de compte dans la vie réelle !
- Aurait-on eu un meilleur avenir, si la Polynésie n’avait jamais été colonisée par les premiers européens ? Mais comme « la nature qui a horreur du vide« , la géopolitique a aussi horreur du vide politique. D’où la Polynésie n’aurait jamais pu échapper aux conquêtes des premiers colons européens.
- Est-ce une chance d’être français aujourd’hui, grâce ou à cause de la colonisation ?
- Est-ce qu’on « veut le beurre et l’argent du beurre« , en demandant l’indépendance tout en précisant l’obligation morale de la France de nous accompagner financièrement ?
On peut raisonnablement penser que la majorité des polynésiens vont vouloir garder le pragmatisme légendaire de nos ancêtres qui ont rencontré les premiers blancs arrivés à Tahiti à partir de 1767 : au lieu de demander immédiatement l’indépendance, demandons plutôt à la France d’assumer tout de suite sa responsabilité constitutionnelle pour la santé garantie à TOUS car grâce à notre Statut d’autonomie interne (qui « tord le cou » à l’esprit de la Constitution puisque l’État en est l’ultime garant), l’État ne prend pas en charge nos dépenses de santé.
De plus, comme précédemment démontré, la France ne dépense que 0,28% de son budget national pour la Polynésie ; ce qui est une goutte dans l’océan par rapport à ce que nous apportons géopolitiquement à la France :
- grâce à notre sacrifice pour les essais nucléaires, la France a pu se doter de l’arme de dissuasion nucléaire ;
- grâce à notre ZEE de 4,8 millions km², la France est la deuxième puissance maritime au monde ;
- grâce à notre situation géographique en plein milieu du Pacifique, la France dispose d’une position stratégique convoitée géopolitiquement par les grandes puissances militaires telles la Chine, la Russie et les États-Unis.
Sur ces questions d’indépendance, chacun se positionnera par rapport à ses convictions. Mais, puisqu’on dit souvent qu’on se bat tous dans la vie pour assurer un meilleur avenir à nos enfants, alors en tant que parent âgé de +65 ans, je préfère laisser nos futures générations, qui seront certainement mieux placés que moi, pour décider de leur propre avenir.

Si notre Fenua devait s’orienter vers l’indépendance, alors préparons bien notre indépendance économique, qui rappelons-le, est loin d’être le premier des soucis de l’État; géopolitique oblige : voir le cas du réseau occulte « Françafrique« ou la « Raison d’Etat« , mis en place dans l’intérêt de la France par Jacques Foccart, à l’initiative du Président Charles de Gaulle.
Éviter une indépendance mal préparée, ce sera déjà un grand souci en moins pour nos futures générations.
14- Revoici ma conclusion dans la présentation de ce blog
Je sais que je dois TOUT au Fenua qui a été pour mes grands-parents et leurs descendants une terre d’accueil, « a land of opportunity« . Avec ma femme, nos enfants et petits-enfants, nous sommes tous devenus des « demis » issus du métissage entre deux ou trois groupes (Polynésiens, Européens et Chinois). ..

Les premiers explorateurs « blancs » étaient émerveillés par un certain mythe de Tahiti. Moi, par contre je suis conscient d’être chanceux de pouvoir vivre paisiblement ici ce mythe qui est en fait une réalité, grâce à la mentalité du « Taata Tahiti » qui n’est pas raciste de nature comparé aux « Béké » de la Martinique.
Mais un sacré défi nous attend : préserver le Fenua des tensions sociales. Méditons donc sur le message de Michael SANDEL : que ceux qui ont réussi doivent aussi penser à ceux qui n’ont pas réussi et qui ont besoin d’être aidés« .
Sur ce, je terminerai par le fameux discours « I had a dream » prononcé le 28/08/1963 par Martin Luther King Jr., avec une attention particulière sur le passage suivant : « I have a dream that my four little children will one day live in a nation where they will not be judged by the color of their skin but by the content of their character. »
Peu importe donc nos différences d’opinions, bats-toi à ta manière pour le Fenua.
To’u Fenua !