M. Patrick Galenon administrateur de la CPS et secrétaire général de la CSTP/FO, le principal syndicat des salariés en Polynésie, a déclaré dans Tahiti info du 13/11/2017 : « …. Il y a aussi le scandale de l’APURAD, l’association qui s’occupe des dialysés. L’association fait 280 millions de francs de bénéfices, et a 500 millions de francs sur son fonds de réserve, avec l’argent de la CPS ! Il est temps de regarder les comptes de cette association… « .
Le tribunal administratif a annulé en avril 2017 tous les arrêtés d’autorisation de centres de dialyse pour l’inapplication de la Carte Sanitaire. Le nouveau Schéma d’Organisation Sanitaire (SOS) 2016- 2021 (Délibération n°2016-12 APF du 16 février 2016), a posé comme un de ses principes fondateurs « la priorité du renforcement de l’équité territoriale » (en l’espèce, traiter les dialysés en se rapprochant le plus possible de leur domicile) tout en imposant une procédure d’appel à projets dans son axe 3 .1.
La nouvelle procédure en cours ( voir l’arrêté n° 377 PR du 24/5/2017) a donc ouvert à la concurrence le secteur de la dialyse sans cependant préciser les zones géographiques sous-dotées à combler. Elle fixe les besoins en nombre de postes de dialyse tout en pré-réservant curieusement des « postes actuels » de générateurs à un candidat existant non nommé. Attendons donc le résultat final de cet appel à projet …
Un bref rappel des faits
Sanction ou annulation, toujours est-il que tous les établissements existants de l’APURAD ont été jugés illégaux par le Tribunal administratif, non pas à cause de nos recours puisque nous n’avions même pas imaginé que l’APURAD fonctionnait sans autorisation en bonne et due forme. Ce fût sur l’initiative propre du juge administratif qui avait décelé cette irrégularité juridique durant le contentieux.
Ce sursis demandé par l’APURAD et accordé par le tribunal est parfaitement fondé puisque la pérennité de la continuité des soins s’imposait comme principe absolu à respecter. D’ailleurs, lors de la séance du 28/4/2017 au Tribunal administratif de Papeete, notre avocat ne s’y était pas opposé.
Donc dire que l’on « souhaitait l’annulation pure et simple des arrêtés faisant fi des malades » ne prêche que l’auteur auto-convaincu. Bien évidemment que mettre l’intérêt du patient au centre de nos préoccupations, doit être la priorité de tous. C’est la fameuse « tarte à la crème » classique mise en avant à chaque fois que l’on veut se démarquer de ses détracteurs : à soi le bon rôle de l’intérêt unique du patient et aux autres la cupidité irrespectueuse de la santé des patients.
À ce sujet, si cela peut calmer l’ardeur de l’APURAD à agiter cet épouvantail, nous renchérissons pour qu’elle ait autant de sursis que possible (plusieurs années s’il le faut) en attendant l’ouverture à la concurrence.
Autre précision, l’annulation de tous les arrêtés d’autorisation pour l’inapplication de la Carte Sanitaire est le résultat du recours d’un autre concurrent, POLYDIAL (la Clinique Cardella).
L’APURAD, représentée par le médecin fonctionnaire Chef de service de la néphrologie-hémodialyse au CHPF, nous a taxés d’amnésiques pour le rejet de nos demandes d’autorisation concernant nos UDM. Une telle brimade venant d’un médecin fonctionnaire qui traite quelqu’un d’amnésique, ne respecte pas la déontologie de la profession.
On devrait s’y méprendre car il « voit la paille dans l’œil du voisin mais ne voit pas la poutre dans le sien« . Oui « il fallait apporter la preuve de la présence d’un néphrologue » pour nos dossiers UDM. À ce sujet, voici l’extrait de l’article 19 de l’arrêté n° 194 CM du 4 février 2009 qui s’applique: » … pour qu’un médecin néphrologue, sans être habituellement présent au cours de la séance, puisse intervenir en cours de séance, dans des délais compatibles avec l’impératif de sécurité, sur appel d’un infirmier ou d’une infirmière . … « . À ce texte, les autorités sanitaires ont rajouté en dernière minute une autre couche pour une UDM : » … satisfaire aux conditions techniques de fonctionnement, plus particulièrement en termes de compétences médicales en mesure d’intervenir sur place dans des délais compatibles avec l’impératif de sécurité pour exercer selon la modalité « hémodialyse en unité de dialyse médicalisée ». »
Donc, avec nos néphrologues basés à proximité de nos UDM sur Tahiti et respectant les contraintes ci-dessus, nos dossiers ont été effectivement rejetés.
En revanche, pour l’UDM de l’APURAD qui est opérationnelle depuis des années sur Raiatea, le dossier a été curieusement autorisé (voir l’arrêté n° 4766 MSR du 8/6/2015). Pourtant, il est de notoriété publique que ses néphrologues sont basés sur Papeete (information confirmée par un dialysé sur place) pour faire :
- de la télémédecine (télédialyse):
- tous les mardis pour les patients traités en UAD;
- tous les mercredis pour les patients traités en UDM;
- des consultations en présentiel qu’une seule fois par mois.

Bien que l’autorisation de cette UDM sur Raiatea fasse partie de tous les actes annulés pour l’inapplication de la Carte Sanitaire, l’APURAD continue depuis longtemps à opérer cet établissement en une UDM sans la présence permanente d’un néphrologue sur Raiatea, alors que le juge administratif vient de l’imposer dans son interprétation restrictive de l’article 19 de l’arrêté n° 194 CM du 4 février 2009.
Ce nouveau jugement tire donc une « balle perdue » dans le pied de l’UDM à Raiatea! Oui, la télédialyse est un formidable outil de travail qui malheureusement n’a pas été prévu par les textes (voir également l’article « Une télémédecine en mal de reconnaissance » dans TPM n° 360 du 28/7/2017, page 36 et les recommandations de la HAS Janvier 2010 sur la télémédecine en UDM). Mais encore faut-il que la même règle soit appliquée à tout le monde.
Dans notre offre, nous avions aussi proposé, avec notre partenaire, la télédialyse en UAD utilisant la technologie O3b pour apporter de la bande passante aux îles non-reliées à HONOTUA (voir le cas de la télédialyse Braun Avitum déployée au Centre d’hémodialyse de Manosque).
L’APURAD nous rabâche qu’elle est une association loi 1901 à but non lucratif alors que notre SARL propose ses services à but lucratif.
Tout d’abord, s’il a été décidé d’ouvrir à la concurrence le secteur de la dialyse, c’est que peut-être il y avait eu une volonté politique du gouvernement Fritch de casser le monopole de fait de l’APURAD.

Selon le « Registre des patients en dialyse » juin 2015 de la Fédération des Établissements Hospitaliers & Aide à la Personne (FEHAP) Privés Non Lucratif (PNL) – voir à la page 5, le secteur Privé-Lucratif (PL) grâce à son dynamisme a continué de progresser en part de marché de 2004 à 2013 : 50, 7 % pour le PL contre 30,3 % pour le PNL.
Donc si pour la Polynésie, le secteur Privé-Lucratif (PL) avec des leaders mondiaux de la dialyse peut traiter les dialysés polynésiens aussi bien, tout en économisant des milliards à la CPS, pourquoi pas ?
Ce genre de mépris, à l’égard du secteur lucratif, ressort souvent du secteur protégé pourvoyeur d’emplois à vie. Si tous ceux qui sont à la recherche d’un emploi devaient privilégier l’Administration, alors autant mieux prendre pour modèle l’économie cubaine. Il ne faut donc pas s’étonner qu’avec cette mentalité « d’horreur économique », nos dépenses publiques ont avoisiné plus de 70 % de notre PIB selon notre article dans TPM n°250 de mars 2012 (soit pour 2014, 3e au monde devant Cuba, voir le tableau « Government spending » de Wikipédia accédé le 20/9/2017).
L’APURAD s’enfonce dans l’argutie lorsqu’elle loue à tout-va son but non lucratif. En effet, que l’on soit « à but lucratif’‘ ou « à but non lucratif‘, cela ne coûte pas plus cher aux cotisants de la CPS. Les tarifs-CPS pour les différents types de traitement de dialyse (voir l’arrêté n°207 l CM du 24/12/2014 qui a pu être modifié depuis) s’appliquent unilatéralement à tous les producteurs de soins, quelle que soit leur forme sociale.
D’une manière générale dans ce débat de société où la forme sociale à « but non lucratif’‘ est comparée à celle à « but lucratif », il est utile de rappeler que « la main invisible d’Adam Smith » (ou la recherche de l’intérêt privé) est le moteur principal du dynamisme économique d’un pays (voir Fernand Braudel, La dynamique du capitalisme, 1985).

Heureusement que les leaders mondiaux de la dialyse (tel Gambro-Baxter, fabricant d’ailleurs retenu par l’APURAD) sont attirés par « l’appât du gain » pour que nous puissions bénéficier de leur matériel médical en constante amélioration. Le but lucratif qui « dope » ces leaders mondiaux augmente donc indirectement les chances de survie des dialysés, grâce au dynamisme du capitalisme.
D’ailleurs, le médecin-fonctionnaire fondateur de l’APURAD en théorie « désintéressé », s’est reconverti depuis sa retraite dans la médecine libérale qui normalement devrait lui assurer un meilleur revenu que celui du secteur public : voir Annuaire OPT 2020 abonnés professionnels page 45. Et c’est TANT MIEUX pour nos dialysés locaux puisque c’est effectivement le néphrologue qui a le plus d’expérience localement : vive l’excellence!
Idem pour le futur vaccin à ARNm contre la Covid-19 : si l’appât du gain de « Big Pharma » est répugnant, on est tout de même tous rassurés (s’il n’est pas démontré plus tard que l’Hydroxychloroquine & Azithromycine ou l’Ivermectine était une alternative existante et efficace pour moins cher) que des vaccins potentiels ont été opérationnels en un temps record, grâce à une concurrence mondiale acharnée entre ces labos tout-puissants et surtout grâce aussi à l’esprit d’entreprise qui a animé la stratégie du président Trump (Operation WARP SPEED) : c’est Jean-Jacques Zambrowski professeur à l’Université Paris-Descartes qui le confirme. D’ailleurs, son adversaire politique vainqueur Joe Biden l’a félicité le 20/12/2021 pour ce pari fou réussi. En outre, le 27 Janvier 2022, on pouvait lire dans Yahoo! Finance l’article de Max Zahn with Andy Serwer « Trump’s Operation Warp Speed ‘very helpful’ for COVID vaccine development« . Rendons donc à Caesar ce qui est Caesar!
Les acteurs à but non lucratif, tel notre prestigieux Institut Pasteur, ont été dépassés par cette compétition mondiale pour l’excellence dans la synergie entre :
- les énormes moyens de financement public du gouvernement américain;
- la recherche très avancée des laboratoires privés tel MODERNA qui a permis à son PDG français Stéphane BANCEL de devenir multimilliardaire ($4,3 milliards selon FORBES à mai 2021; soit environ 400 milliards Xpf), grâce à appât du gain, cette étincelle magique qui permet de créer plus de PIB;
- et la productivité exemplaire du tissus industriel américain.
N’en déplaise donc aux détracteurs du but lucratif, est réconfortant le fait de pouvoir sauver plus de dialysés grâce aux fabricants capitalistes qui se concurrencent pour nous fournir du matériel toujours plus performant : voir l’exemple du procédé de l’hémodiafiltration (HDF) maintenant utilisé de plus en plus en métropole (31 % des dialysés ; source REIN 2015) que nous proposons en vain pour ici. Avec un « Hazard Ratio (HR) = 0.77 », pour une mortalité normale toutes causes confondues de 100 avec l’hémodialyse conventionnelle, la mortalité est réduite à 77 avec l’HDF ; soit 23 % en moins pour la période de 2008-2011 retenue par REIN 2011. La baisse est plus importante (34 % avec un HR = 0.66) pour les mortalités d’origine cardiovasculaire . Plusieurs références scientifiques ont été données à la Direction de la santé dans notre lettre du 22-5-2017.
Basé sur notre estimation, l’APURAD afficherait 600 millions de Fcfp de Réserves (CAPITAUX PROPRES) pour 2016. À préciser pour les non-initiés en comptabilité que selon Wikipedia accédé le 24-9-2017 : » … les Réserves sont des montants situés au passif du bilan d’une entreprise correspondant au cumul des bénéfices des exercices antérieurs (résultats nets de la période, soit bénéfices nets moins pertes nettes) qui n’ont été :
- ni redistribués aux propriétaires de l’entreprise (dividendes, rachats d’actions)
- ni intégrés dans son capital »
Vu qu’elle n’a pas de Capital Social et que la distribution de ses bénéfices aux sociétaires lui est interdite par la loi 1901, l’APURAD, qui se targue sempiternellement de son but non lucratif et de sa transparence, devrait expliquer aux cotisants de la CPS si ses 600 millions proviennent effectivement de ses bénéfices accumulés annuellement en réserves.
A cet égard, l’APURAD grâce à son monopole de fait générait déjà 1,354 milliard/an de chiffre d’affaires en 2015 (source Note de synthèse du 6 octobre 2017 page 6/7) avec une marge bénéficiaire estimée entre 10 % à 13 % des recettes.
Selon le Communiqué de la CPS du 18-04-2013 publié sur son site web, l’APURAD avait déjà accumulé en 2013, 512 millions de Fcfp de Réserves (pour ne pas dire Bénéfices). Voici un extrait qui en dit long : » … Jusqu’en 2012, cette association de loi 1901, à but non lucratif, a constitué, de manière cumulée, sur les budgets de fonctionnement mis à sa disposition, 512 millions de francs de réserves utilisées pour l’équipement des centres et le renouvellement du matériel technique mais aussi pour le centre de dialyse à Raiatea. C’est ainsi que les locaux de l’hôpital de Raiatea, mis à disposition gratuitement par la Direction de la santé, ont été aménagés en 2012 par l’APURAD pour un investissement avoisinant les 165 millions de Fcfp, donc financé par les régimes de protection sociale … «
Donc pouvoir accumuler 600 millions de bénéfices jusqu’en 2016 exonérés d’impôts, ne nous choque pas vraiment puisque l’APURAD sous sa fonne sociale à but non lucratif est parfaitement dans ses droits pour réaliser des bénéfices « mis sous le boisseau » ou comptabilisés sous forme de Réserves (Capitaux Propres). Mais de là, à se démarquer vertueusement du but lucratif, est le « décalage indécent » de trop dans ce débat.
De plus, cette optimisation fiscale est malvenue car l’APURAD devrait plutôt avoir une conscience de civisme fiscal, pour reprendre le fameux slogan de la Direction des Impôts et des Contributions Publiques (DICP) et contribuer au redressement des finances publiques, comme le feront tous ses futurs concurrents.
À titre d’information, basé sur le calcul de l’impôt Société (IS), en supposant une valeur C = [(Actif net + Charges sociales) / Résultat avant IS] comprise dans l’inégalité suivante 0 < C < 1 ; voir l’article LP-115-1 de notre Code des Impôts, c’est 210 millions de Fcfp (35 % x 600 millions de F cfp de bénéfices non-distribués) qui auraient échappés légalement à la fiscalité locale puisque l ‘APURAD est exonérée d’impôts.
Au vice-président Teva Rohfritsch qui parle de libéraliser notre économie (voir TPMn° 361 du 11/8/2017), nous l’interpellons pour voir « comment on peut simplifier, clarifier la.fiscalité pour la mettre au service de la compétitivité des entreprises ou du moins qu’elle ne la pénalise pas« . Aucun texte n’exonère fiscalement l’association en fonction de sa seule forme juridique. « Par application du principe de neutralité de l’impôt, l’association doit supporter une fiscalité identique à celle des structures commerciales avec lesquelles elle se trouve en concurrence« .
Donc la DICP avec son pouvoir régalien devrait « requalifier » l’activité de l’APURAD en une activité imposable. L’exonération d’impôts est devenue une fonne de concurrence déloyale face aux autres entités commerciales qui payeront des impôts.
Comme indiqué en début, l’appel à projet fixé par le nouveau Schéma d’Organisation Sanitaire dans son axe 3.1 a ouvert à la concurrence le secteur de le dialyse. On peut donc en déduire que la dialyse est devenue une activité concurrentielle, tout au moins durant la procédure d’appel à projet en cours pour la sélection des dossiers de demande d’autorisation. Ce qui imposerait les mêmes règles de jeu que celles du secteur marchand
Dans le site web de la DICP accédé le 31/8/2017 et publié le 22/8/2017, on pouvait lire qu’une association est exonérée d’impôts commerciaux si : » … en cas de concurrence, son activité est exercée dans des conditions différentes de celles du secteur marchand ».
Or, selon le faisceau d’indices de la règle « des 4 P » applicable en France, l’APURAD ne justifie plus d’une utilité sociale suffisante dans le nouveau contexte de l’ouverture à la concurrence :
- Le « Produit » proposé par l’ APURAD (le traitement des dialysés) est identique à tous les candidats.
- Le « Prix » pratiqué par l’ APURAD (le tarif-CPS) est identique à tous les candidats.
- Les opérations de communication réalisées « Publicité » : à tous les candidats, pas de publicité autorisée dans le secteur médical.
- Le « Public » visé par l’ APURAD (les personnes en IRCT) est identique à tous les candidats. En revanche, l’APURAD qui vient de fêter ses 20 ans de monopole de fait se verrait réserver d’emblée les zones géographiques de chalandises (voir les « postes actuels » dans la nouvelle carte sanitaire de l’arrêté 0371 PR du 24/5/2017), avec la part résiduelle des dialysés à traiter, à attribuer aux nouveaux opérateurs potentiels.

Certes, selon le site web de la DICP » … L‘affectation des excédents : Les excédents réalisés, voire temporairement accumulés, doivent être destinés à faire face à des besoins ultérieurs ou à des projets directement liés à l’objet non lucratif de l’organisme« . Ce caractère n’est pas exclusif à l’ APURAD ; il s’applique également aux entreprises à but lucratif, pour moderniser leur UDM.
Donc, les conditions d’exercice de l’activité de l’APURAD ne sont pas différentes de celles d’entreprises commerciales qu’elle concurrence. Bien au contraire, vu sa « préséance« , elle bénéficie de mesures qui s’apparentent à des « avantages acquis » tels:
- la mise à disposition d’infrastructures publiques à des conditions avantageuses (voir les locaux de l’hôpital de Raiatea et de la Rotonde au CHPF) ;

- la reconduction systématique d’un minimum de quota d’activité (19 postes en UDM lui serait automatiquement attribués selon la nouvelle Carte sanitaire voir l’arrêté n° 377 PR du 24/5/2017) lui permettant ainsi de passer le seuil de viabilité, comparé au niveau d’activité plus bas imposé aux nouveaux candidats.
Selon le rapport de la Chambre Territoriale des Comptes (CTC séance du 23 mai 2014 Page 13/58) concernant la gestion du CHPF, on pouvait lire ceci : « La durée moyenne de séjour (DMS) dans l’établissement est de 5,05 jours et, les séances de dialyse représentent la moitié des séjours (25 239 séances en 2012), soit une augmentation de 18, 7 % par rapport à 2010« . Afin d’appréhender une progression pour 2014, nous avons arrondi à 26 000 séances facturées théoriquement à 220 000f (voir tarifs du CHPF Arrêté n°642 CM du 17-04-2014) pour donner un coût de 5,7 milliards de Fcfp aux cotisants de la CPS.
Donc ce qui importe, c’est de réduire le nombre « anormalement élevé » des 26 000 séances au CHPF « facturées théoriquement » 220 000 Fcfp/séance aux cotisants de la CPS, pour les traiter dans un établissement moins coûteux notamment dans une Unité de Dialyse Médicalisée (UDM) qui facturera 39 395 Fcfp/séance; soit 5,6 fois moins cher pour les cotisants de la CPS.
Certes il y a des patients dont l’état grave nécessite un coûteux traitement en centre au CHPF ; mais beaucoup peuvent être traités en UDM selon la Note de synthèse du 6 octobre 2015. Qu’un patient soit dialysé, en Centre au CHPF, ou en UDM, ou en UAD ou à domicile (excepté la Dialyse Péritonéale), la séance de dialyse est strictement la même : on utilise exactement le même type de matériel (un générateur) alimenté des mêmes types de produits consommables pour l’épuration extra-rénale du sang humain.
À ce jour, la synergie du duopole CHPF-APURAD aurait généré 600 millions de Capitaux propres pour l’APURAD et des milliards chaque année en Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) pour les 26 000 séances réalisées au CHPF.
Le ministre Howell dans le TPM n° 337 du 2 septembre 2016, page 7, a répondu à « demi-mot » sur le véritable coût de ces séances :
- 1 063 séances facturées à 224 millions de Fcfp; soit 201 724 Fcfp/séance !
- Le reste des 23 580 séances étant couvert par la DGF. Comme l’éminent économiste Thomas Sowell le rappelle souvent dans un « One-stage thinking » débat économique « And then what ?« . Oui et après … sur maintenant les 21,2 milliards de Fcfp de DGF 2017 du CHPF, combien de milliards ont été réellement alloués de manière arbitraire pour valoriser ces 23 580 séances restantes ?
Ce manque de transparence pour une meilleure concurrence que nous dénonçons depuis 2015 est confirmé dans la conclusion du fameux rapport annuel REIN 2015 (un pavé de 383 pages disponible sur Internet) « noté A par le Comité d’évaluation des Registres pour la période 2015-2019 », pour lequel le CHPF et l’APURAD contribuent depuis 2011 (voir aux pages 20 & 25). Il est mentionné à sa page 373 que « Les chiffres de la Polynésie française ne sont pas exploitables car il existe une sous-déclaration des cas du centre lourd (CHPF)« . Cette déclaration en dessous de sa vraie valeur est alarmante pour les cotisants de la CPS lorsqu’on sait qu’il y a au moins un différentiel de coût de traitement de 5,6 entre le CHPF et l’APURAD.
D’ailleurs, ce sérieux problème de transparence rejoint indirectement le constat de l’ONG Transparency International dans son dernier Baromètre mondial de la corruption – Pacifique 2021 concernant la Polynésie française dans lequel « 66% de personnes pensent que les fonctionnaires ne subissent pas ou rarement les conséquences de leurs actes de corruption ».

En conclusion, dans le cas où ces 600 millions de Réserves ( Capitaux Propres) proviennent effectivement d’une accumulation des bénéfices réalisés, alors l’ APURAD devrait les restituer à la CPS si elle veut être prise au pied de la lettre de son but non lucratif. Ce geste aura au moins le mérite de contribuer au renflouement des caisses de la PSG et à un véritable désintéressement au grand bénéfice des cotisants de la CPS.
Moralité : même le « but non lucratif » peut faire des bénéfices. Maintenant, est-ce que 600 millions de Fcfp de bénéfices est un niveau normal pour une association loi 1901?
Après tout, peu importe et vivement l’ouverture à la concurrence pour corriger cela. D’autres offres concurrentes, comme celles des cliniques privées (Paofai et Cardella ), ont aussi des atouts du secteur lucratif à faire valoir.
Postface :
Selon le Conseil d’Administration-RGS de la CPS du 8-9 novembre 2018 pages 78-79-80 (délibérations n° 32-2018/CA & n° 33-2018/CA), le Directeur-adjoint CPS, a déclaré :
- un taux de progression du nombre de nouveaux dialysés 8 à 10% par an. Tahiti Nephro 1 & 2 avait retenu une hausse hypothétique de 7%/an; donc les véritables besoins ont bien été sous-évalués : voir notre autre article Dialyse : une sous-estimation dénoncée des besoins;
- « une baisse de places pour l’APURAD, une création d’un centre UDM pour ISIS (qui a été retenu à la place de TN1 & TN2) et des places décentralisées sur Taravao et dans les îles pour ISIS, représente par rapport au fonctionnement actuel, un surcoût à absorber pour l’Assurance Maladie d’environ 300 millions Xpf.
- On anticipe une augmentation d’ISIS pour un impact de 400 millions Xpf ; donc c’est le CA potentiel de Tahiti Nephro 1 & 2
Au PV du Conseil d’Administration-RGS du 11-09-2020 page 17 voici l’interpellation d’un membre du Conseil d’Administration : « Aujourd’hui, l’APURAD se fait de l’argent (estimé à 1 milliard Xpf de Réserves cumulées avec l’APAIR, l’autre association loi 1901 pour l’insuffisance respiratoire) et on n’arrive même pas à le récupérer. Comment on peut dire qu’une association de loi 1901 se fait de l’argent et on ne peut pas le récupérer aujourd’hui ? Quand ils sont en difficulté, ils demandent une avance à la CPS et on est obligé de leur donner cette avance alors qu’ils ont de la trésorerie. Comment on peut accepter un système pareil ? Il a l’impression que l’on est en train de revivre la même chose. »
Réponse du Directeur de la CPS page 19 : « Revenant sur la situation de l’APURAD, M… a raison. La CPS était en droit de récupérer les réserves, on était prêt à le faire. On ne l’a pas fait parce que si la CPS avait récupéré toutes les réserves, l’APURAD s’arrêtait de fonctionner. Cela veut dire que tous les patients dialysés se seraient dirigés vers le CHPF et il aurait été difficile pour lui de s’organiser pour les accueillir. La dépense n’aurait pas été diminuée pour autant. »
Commentaires d’un autre administrateur page 20 « Quand il entend le Directeur de la CPS dire que finalement, le niveau de trésorerie a permis à l’APURAD de maintenir son activité, il ose espérer que la CPS n’est pas là à constituer un niveau de trésorerie suffisant pour garantir la pérennité de l’activité. Là, il pense que l’on n’est pas dans notre rôle ».
Par ailleurs, Polynésie 1ère a publié le 15 avril 2021 un article intitulé « Le déficit de l’Apair-Apurad menace l’hémodialyse à domicile » qui confirme ce que nous avons toujours soutenu : les associations APURAD-APAIR, malgré leur monopole historique qui leur a permis d’accumuler 1 milliard xpf de bénéfices (vertueusement comptabilisés en RESERVES), ne sont pas adaptées à la concurrence.

Avec notre partenaire B Braun Avitum (un des leaders mondiaux de la dialyse), lors du premier appel à projet en 2015 nous avions déjà proposé à la Direction de la santé, l’hémodialyse à domicile avec le matériel américain Nextage (voir l’annexe ref 15b de notre dossier de 2015). On se réjouit donc de voir réapparaître six ans après dans la vidéo de cet article, ce matériel Nexstage utilisé par l’APURAD. Quel dommage pour l’avancée médicale de nos dialysés polynésiens qui auraient pu en profiter déjà depuis 2015!
Quant à conclure indirectement que la CPS (donc nous les cotisants) menacerait la pérennité de la « dialyse à domicile » (qui est justement moins coûteuse, puisque le patient assure avec une certaine autonomie, son traitement chez lui), on voit encore la « griffe » de l’acteur « à but non-lucratif » qui utilise les patients comme bouclier pour justifier sa survie économique. Face à cette posture devenue une « tarte à la crème« , il est grand temps que le « secteur à but lucratif » vienne à la rescousse de la CPS pour « titiller » ces canards boiteux (« lame duck ») du « secteur à but non-lucratif » de notre système de santé qui perdurent à l’abri de la concurrence et qui nous coûtent finalement plus cher.
En dernier, dans Tahiti-Infos du 15 et 18 novembre 2021, m’ont interpellé trois articles dont les titres évocateurs ne surprennent plus personne :
- article du 15/11/2021 titré « Corruption : Le ras-le-bol des Polynésiens« ;
- article du 15/11/2021 titré « Corruption : Le privé moins mal perçu que le public au fenua« ;
- article du 18/11/2021 titré « Un gouvernement vu peu transparent et déconnecté de la population« .